“Frères, je tiens à ce que vous le sachiez,
l’Évangile que j’ai proclamé
n’est pas une invention humaine.
Ce n’est pas non plus d’un homme
que je l’ai reçu ou appris,
mais par révélation de Jésus Christ. […]
En vous écrivant cela,
– je le déclare devant Dieu –
je ne mens pas.”
Galates 1, 11-12. 20
Textes liturgiques ©AELF
Nous fêtons aujourd’hui saint Pierre et saint Paul. Que serait notre foi sans eux deux ? Jamais l’Evangile ne serait parvenu jusqu’à nous, vingt siècles après l’incarnation du Christ Jésus, sans les Ecritures et le zèle de l’Eglise. Je rends grâce aujourd’hui pour tous ces prêtres qui m’ont donné le goût de la foi, de la célébration en Eglise, de l’Eucharistie et des Ecritures. Je rends grâce au Seigneur pour mes parents qui m’ont présentée au baptême, pour mon oncle qui m’a lui-même baptisée, pour ma marraine et mon parrain qui se sont engagés à accompagner ma croissance spirituelle. Je rends grâce à Dieu et au père de mes enfants pour m’avoir donné un fils qui porte le prénom de Pierre et sans qui ce site internet n’aurait jamais vu le jour.
Pierre et Paul sont des compagnons quotidiens de ma foi, l’un est garant de ma fidélité à l’Eglise de mon baptême quelles que soient les tempêtes qu’elle traverse, l’autre me donne à méditer encore et encore sur ce qu’il a lui-même reçu du Seigneur. Deux piliers de ma foi, oui, ils le sont.
Parfois, cependant, j’aimerais que Pierre se serve de son trousseau de clés pour déverrouiller un peu la gangue de la doctrine catholique. J’aimerais que l’on se souvienne de Paul comme de quelqu’un qui n’a pas côtoyé le Seigneur Jésus, mais qui a reçu de lui force et légitimité pour annoncer l’Evangile par révélation mystique et communion à ses souffrances. Pierre et Paul ont porté chacun le poids de la croix des premiers chrétiens, et c’est ce qui les a rendus crédibles aux yeux des hommes et femmes de leur temps. Vraiment, ces deux-là étaient envoyés par le Seigneur, puisqu’ils communiaient, dans les persécutions, aux souffrances de sa Passion.
Pierre aurait pu rejeter Paul comme illégitime, et Paul aurait pu ne pas aller vers Pierre qui avait été désigné lui-même par Jésus pour paître son troupeau. Mais les deux témoins se sont rencontrés, pour notre chance et notre bien spirituel.
Je trouve que dans sa succession, Pierre s’est durci. Il a empilé les doctrines, et de nos jours, quelqu’un qui soit un témoin du Christ Jésus par révélation mystique, comme l’Apôtre Paul, n’a pratiquement aucune chance d’être cru et pris en considération par l’Eglise catholique, qui considère que Dieu a tout dit en son Fils Jésus Christ et qu ‘ “il n’y aura pas d’autre parole que celle-là.” (Chapitre 65 du CEC). Or, c’est fermer la porte, en quelque sorte, à l’Esprit Saint, qui est la troisième Personne de la Trinité et qui peut avoir des choses à dire à l’Eglise et au monde par une voix – voie – contemporaine, allant plus loin que la Parole du Christ Jésus tout en se fondant sur elle.
Pierre, en son temps, aurait pu rejeter Paul qui recevait des instructions du Seigneur ressuscité environ vingt ans après son incarnation dans la chair. Pierre aurait pu décréter lui aussi que Jésus lui avait tout dit en son temps au milieu des hommes. Mais il a eu confiance en Paul, notamment quand il affirmait être envoyé vers les païens. Pierre a bien voulu croire Paul qui recevait un complément d’Evangile par le Seigneur ressuscité et vivant.
Et de nos jours, que se passe-t-il ?
L’Eglise de Pierre s’est arc-boutée sur les doctrines et les dogmes qu’elle a produits au fil des siècles, en excluant au préalable de leur élaboration toutes les voix féminines qui auraient pu apporter leur éclairage dans leur chair et dans l’Esprit. L’Eglise de Pierre continue à exclure les femmes de ses instances décisionnelles, et n’accepte de prendre en considération que les inspirations spirituelles qui sont en osmose avec la doctrine. Elle se replie ainsi sur elle-même, sur son droit canon, sur son catéchisme, qui finissent par occuper l’espace ecclésial davantage que l’Ecriture elle-même, et davantage que l’Esprit à l’œuvre dans l’aujourd’hui des chrétiens – et des autres.
Pierre a verrouillé la porte de l’Eglise, pour que surtout n’y entre pas l’Esprit parlant par une femme du XXIème siècle qui, comme Paul, n’invente pourtant rien à la manière humaine et ne ment pas.