Depuis des années, elle était comme en sursis, pathologies multiples, nombreux séjours à l’hôpital, piles de boîtes de médicaments à prendre tous les jours…
Sa mobilité étant de plus en plus réduite, son mari – mon ex beau-père – et elle ont décidé de faire des aménagements dans leur maison. Tout a été réalisé au mieux. Mais voilà, elle n’a pu en profiter que quelques jours… Une canicule de trop…
On apprend la nouvelle. C’est dur, comme toujours. On est habitué à entendre son rire, pas son silence. Pour mes enfants, elle a toujours été comme une troisième grand-mère.
Alors c’est d’abord la petite cellule qui se rassemble : je demande à aller aux obsèques avec mes enfants, avec leur papa. On fait la route tous les cinq, comme avant, comme quand on allait ensemble visiter la famille. Huit ans qu’on n’a pas eu une occasion de partager ensemble quelques heures de voiture… Les aléas d’un couple sont ce qu’ils sont, la cellule familiale demeure. Occasion d’évoquer des tas de souvenirs communs.
On arrive. Je le trouve à peine un peu plus vieilli. Il pleure bien sûr en nous serrant dans ses bras les uns après les autres. Il avait trouvé un certain équilibre dans ce remariage, depuis presque 30 ans. Mes beaux-frères, mes belles-soeurs, certains avec qui j’ai gardé des relations, d’autres que je n’avais plus vus depuis tout ce temps. Les nuages sont loin. C’est bon de se revoir, pour l’accompagner, elle, à sa dernière demeure.
Une messe de funérailles très belle, un curé vraiment très délicat dans tout ce qu’il dit, pour une configuration familiale pourtant pas facile. Elle avait trois enfants, dont deux qui ne voulaient plus la voir depuis plusieurs décennies.
On ne se rendra compte qu’au cimetière que pourtant, son fils est là. On fait connaissance avec lui et sa femme. Ils sont charmants, comment comprendre l’incompréhensible ? Une enfance trop douloureuse, trop de misère, de séparations déchirantes, des traces indélébiles… On le devine d’après ce qu’elle nous en racontait, mais lui, pudique, n’en parle pas aujourd’hui. Ses soeurs, elles, ne sont pas venues. J’ai mal pour elle. Aujourd’hui, au moins, elle aurait aimé pouvoir les rassembler autour de son souvenir, quel qu’il soit dans leur coeur.
On se rassemble pour un goûter et l’émotion cède la place à la convivialité. Et je me sens encore de cette famille. Il y a des liens qui sont plus forts qu’une liasse de papiers avec le tampon du tribunal.
Voilà, aujourd’hui, elle nous aura rassemblés, il n’y avait pas son rire, mais sa photo, là, sur le buffet, entre des statues pieuses, qui nous souriait.
Prends ton envol, Madeleine…
1 commentaire
Véronique, je prends part à votre peine de perdre un être qu’on aime bien.
Quel que soient les aléas de la vie, la mort d’un être cher, que tout le monde respecte, est toujours un ferment d’unité, qui rapprochent ceux qui ne se voyaient plus, qui fait tomber toutes les rancoeurs, toutes les barrières.
Après l’enterrement de ma femme au cimetière, j’ai réuni dans notre appartement toute la famille présente, et tous les “amis” qui avaient tenu à l’accompagner à la messe de sépulture et au cimetière : sa kiné, notre aide-ménagère, une infirmière, le droguiste du quartier qui fait tous nos petits travaux, un ami qui gère mes problèmes d’ordinateur, des amis de trente ans de notre escalier, et nous avons fait un goûter très convivial, où l’émotion a laissé la place à l’ amitié.
Elle était au milieu de nous et nous réunissait tous…
Chacun a eu l’occasion, par la suite, de me dire combien cette rencontre avait été chaude au coeur de tous.
C’est ce que vous avez vécu, vous aussi. Rendons-en grâce au Seigneur.
Amitiés.
André..