Ce fut un hiver sans neige, sans blanc, sans crissement sous les bottes fourrées, sans cette sensation de grand froid propre à régénérer les organismes fatigués par de trop longs mois privés de grands flots de lumière.
Ce fut une période ecclésiale sombre, ponctuée de révélations d’abus de toutes sortes, sexuels, spirituels ou pire encore, associant les deux.
Ce fut une veille de Carême traumatisante pour les catholiques par la chute brutale de son piédestal de quelqu’un qui passait déjà pour un grand saint du XXIe siècle.
Ce Mercredi des Cendres, on le désirait comme jamais pour entrer en pénitence de tant de crimes couverts en Eglise pour les pires des raisons. Pour crier vers Dieu de mettre un terme à toutes ces souffrances insupportables pour les victimes d’abus, insoutenables pour les baptisés sincèrement attachés à la sainteté du Christ. Pour revenir à Lui, à sa Parole, à ses commandements pourtant si limpides et que d’aucuns ont outrepassé avec une incroyable désinvolture. Pour retourner en soi, à la source où se croisent la conscience du bien et du mal et la foi. Pour faire mémoire des tentations du Christ au désert et lutter chacun contre les siennes propres, dans l’effort du jeûne, de la prière et de l’aumône. Un Carême plus que jamais nécessaire et bienvenu.
Je m’étais reposée un instant, et quand j’ai rouvert les yeux, la neige tombait à gros flocons. La première, et qui restera peut-être la seule de cette saison. En un instant, le jardin a blanchi. Lumière soudain du blanc à travers le gris du ciel.
Blanc du recommencement en ce jour de l’imposition des cendres grises sur nos fronts.
J’ai pensé très fort au Psaume 50 :
Purifie-moi avec l’hysope, et je serai pur ; lave-moi et je serai blanc, plus que la neige.
Psaume 50, 9