En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il soit tué, et que, le troisième jour, il ressuscite. »
Il leur disait à tous : « Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive.
Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi la sauvera.»
Quel avantage un homme aura-t-il à gagner le monde entier, s’il se perd ou se ruine lui-même ? »
Luc 9, 22-25
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible – © AELF, Paris
Précieuses paroles de Jésus, données à ses disciples qui ne les ont pas comprises avant la mort et la résurrection de leur Maître.
Il en va souvent ainsi des paroles mêmes de Dieu. Le Père, qui a enseigné son Fils, l’a fait marcher sur ses chemins qui ne sont pas les chemins de hommes, lui a partagé ses pensées qui sont infiniment plus hautes que les pensées humaines (Cf. Isaïe 55, 8-9). Si le Fils, lui, a bien compris sur quelle voie de renoncement à sa propre vie il devait marcher pour le salut de ses frères et sœurs en humanité, il a beau l’annoncer par trois fois à ses disciples, ceux-ci n’y comprennent rien, Pierre cherchera même à le dissuader de faire la volonté du Père !
(Matthieu 16, 22-23)
Et ainsi, tous les prophètes authentiques depuis la Première Alliance et jusqu’à aujourd’hui se heurtent-ils à l’opposition du monde au projet de Dieu sur ses enfants et sur l’humanité tout entière. Notre Dieu est un Dieu qui se propose et qui jamais ne s’impose. Mais trouve-t-il une âme qui accepte de se nourrir de sa Parole et de marcher dans ses voies plutôt que dans toute voie humaine, il se la réserve en la passant d’abord au creuset des pires épreuves spirituelles, auxquelles même son propre Fils n’a pas échappé pendant ses quarante jours au désert et son face à face avec le Tentateur.
Quand Dieu juge cette âme digne de sa confiance – et il la choisit en général cachée et sans éclat, pour qu’elle ne puisse définitivement s’enorgueillir que de Lui-même – il lui fait peu à peu la confidence de son projet pour elle-même et pour ses frères et sœurs en humanité.
Non, Dieu n’est pas silencieux. Ce n’est que le monde qui reste sourd à ses appels et à ses prophètes. Ce n’est que l’humanité préférant ses propres voies aux voies de la Trinité Sainte qui fait mine de ne pas avoir reçu ses commandements et ses avertissements répétés, comme les disciples du Seigneur Jésus préféraient ne pas le croire quant à sa Passion inéluctable et toute proche.
Eh bien, voici que la première création de notre Dieu est entrée dans sa propre Passion. On aura beau s’évertuer à corriger la dérive écologique, on ne pourra plus sauver ce que l’homme a déréglé voire détruit. On aura beau faire monter vers Dieu de pieuses prières pour la paix, ce n’est plus sur cette présente création qu’Il va nous l’accorder. On aura beau restaurer des cathédrales et montrer les meilleures volontés de réformer l’Eglise, on ne pourra pas leur ajouter une mesure de vie au-delà des temps et des moments fixés par le Père.
“Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi la sauvera.”
Celles et ceux qui accepteront de quitter toutes leurs possessions terrestres pour la terre nouvelle sous les cieux nouveaux, cette Eternité bienheureuse promise à travers toutes les Ecritures et qui n’est pas que l’au-delà de la mort, mais aussi et surtout l’au-delà de cette création dévoyée, celles-là et ceux-là seront sauvés.
Mettons donc à profit ce temps du Carême pour discerner enfin, ici et ailleurs, la volonté ultime de Dieu sur nous et les mystères pas si cachés qu’on le prétend du Salut et de la parousie.