J’en ai rêvé cette nuit : je me trouvais avec mes anciennes collègues, j’avais des choses importantes à leur dire et ma voix se tarissait en un souffle sans aucun son.
Ce rêve aurait-il fait écho aux débats plutôt stériles de ces derniers jours sur les réseaux sociaux ?
Il y a vingt ans, quand le Seigneur s’est manifesté de manière indubitable et bouleversante dans ma prière, j’ai eu la naïveté de croire que mon expérience serait une chance pour l’Eglise et pour le monde. Voilà qu’Il venait me révéler tant de secrets intimes sur sa délicieuse personne, qu’Il était là, tout proche, pour répondre à mes mille et une questions spirituelles et existentielles, qu’Il se manifestait encore et encore pour que jamais plus je ne puisse douter de son Etre débordant de vie, de la relation filiale éternelle entre le Père et le Fils, et de la place si douce de ma pauvre personne contre leurs deux cœurs si pleins d’amour ! J’avais envie de crier au monde entier que Dieu Est, que le Christ Jésus est bien le Fils de la promesse, que l’Esprit envahissait toute mon âme pour que j’en témoigne jusqu’à la limite de mes forces. Mais au vu de la réaction du curé de ma paroisse, de mon mari et d’une amie athée à mes premières confidences, j’ai compris assez vite que mon expérience n’était pas la bienvenue, et même tout au contraire. Remise en question de ses prérogatives d’intermédiaire obligé entre Dieu et moi pour le curé, jalousie non dénuée de violence de mon mari, refus d’entendre qu’il puisse exister une vérité immuable et un Dieu qui me comble pour mon amie athée, la descente aux enfers de l’incompréhension généralisée s’est vite amorcée, et ces trois-là ont été les premiers à désirer pour moi internement et camisole chimique qui leur économiseraient une remise en question de leurs propres certitudes.
Ce processus a été long, dévastateur, infiniment douloureux, et pas que pour moi d’ailleurs. Cependant, jamais plus ma foi n’allait faiblir. Jamais plus je ne pourrais renier le Dieu Trinité.
En 2004, au creuset de la souffrance dont j’allais sortir petit à petit, j’ai enfin eu un abonnement internet, et j’ai commencé à participer à des forums chrétiens qui se multipliaient ces années-là. Quel ne fut pas mon étonnement de constater que malgré ma foi à déplacer les montagnes et ma discrétion absolue sur mon vécu mystique, je suscitais la haine de la plupart des catholiques, surtout les plus traditionalistes, qui étaient hermétiques à ma vision de foi transcendant les frontières des églises et même des religions ! Que n’ai-je pas enduré d’accusations d’être du diable ! Et que de moqueries quand j’affrontais seule les misogynes en nombre et les dévots des faux prophètes et des fausses mystiques qui étaient toujours bien plus nombreux que les quêteurs de vérité !
Je me souviens d’avoir rédigé un jour un post intitulé “La religion catholique verrouillée”. Il fut refusé deux fois par la modération du forum “Croire.com” puis accepté après maints remaniements de ma part. J’y regrettais que la doctrine ficelée de bout en bout et estampillée infaillible rende l’Eglise catholique imperméable aux libertés de l’Esprit Saint – je précise que c’était bien avant l’élection du Pape François. J’éprouvais ces années-là régulièrement le rejet de clercs dont j’aurais espéré un accompagnement spirituel. Toujours cette sensation de brûler du feu intérieur de l’Esprit de vérité, et de me heurter à l’immobilisme de cette Eglise qui ne redoute rien tant que de se remettre en question, et surtout par l’apport d’une femme ! Ce post eut cependant l’heur de plaire à un prêtre très âgé, qui le publia sur son blog, initiant entre nous deux une belle amitié épistolaire qui dure encore.
Vingt ans ont passé, et si j’ai le plus grand respect pour le Pape François, je me suis résolue à ne plus me faire d’illusions sur la réceptivité des clercs aux enseignements personnels que je continue à recevoir du Christ Jésus, mon seul Maître. J’ai bien compris que dans son fonctionnement auto-référencé et arcbouté sur sa doctrine, cette Eglise de mon baptême ne se comporte pas mieux vis-à-vis des surprises de l’Esprit Saint que les gardiens de la religion juive du temps de Jésus vis-à-vis du messie en son premier avènement. J’ai toujours cette parole de Caïphe à l’esprit :
« Il vaut mieux qu’un seul homme meure pour le peuple. » Jean 18, 14
Oui, il valait mieux aux yeux des dignitaires juifs d’il y a 2000 ans que Jésus meure, plutôt que d’avoir à remettre leurs prérogatives en question. Et il vaut mieux pour les représentants de l’Eglise catholique qu’une de ses filles par le baptême soit réduite au silence par la disqualification de la psychiatrie, plutôt que d’avoir à remettre la sacro-sainte doctrine en question.
Seulement voilà. Dieu ne dit jamais son dernier mot.
Il a ressuscité Jésus.
Et quant à moi, si ma voix est et demeure inaudible en Eglise, Dieu m’a donné de pouvoir écrire, et que je sois bâillonnée ou pas, je laisserai mon clavier crier au monde ma foi libre de tout carcan.