Qu’ils sont grands, tes bienfaits !
Tu les réserves à ceux qui te craignent.
Tu combles, à la face du monde,
ceux qui ont en toi leur refuge.
Tu les caches au plus secret de ta face,
loin des intrigues des hommes.
Tu leur réserves un lieu sûr,
loin des langues méchantes.
Aimez le Seigneur, vous, ses fidèles :
le Seigneur veille sur les siens ;
mais il rétribue avec rigueur
qui se montre arrogant.
Ps 30 (31), 20, 21, 24
Textes liturgiques©AELF
Ce psaume, comme beaucoup d’autres, est bien réconfortant quand on souffre pour le Seigneur et la Vérité.
Pendant de longues années, j’ai affronté les intrigues et les langues méchantes dans le milieu du travail ou ailleurs. Quelle paix dans ma quasi retraite, dans le lieu sûr où j’ai été appelée à vivre il y a vingt-cinq ans maintenant avec une telle empreinte de la Providence que je n’ai jamais douté que Dieu me veuille là et pas ailleurs ! J’expliquais dernièrement à un interlocuteur prêtre qu’en tant que femme, je ne me sentais pas appelée, même pour le témoignage chrétien, à aller par les chemins pour évangéliser. Je ne perçois pas là mon charisme de femme. Une maison, presque un cocon à soigner et rendre agréable pour qui y vit et y vient, et l’expression suspendue à un clavier en matière de témoignage de foi, voilà qui suffit à satisfaire le Père et le Fils dans ma propre vocation. Et je crois qu’en Eglise, surtout de nos jours, on a parfois tort de prétendre que les vocations chrétiennes sont à dissocier du genre. Disant cela, je risque de me faire quelques ennemi(e)s. Ce qui m’apparaît personnellement clairement, c’est que ma vocation n’est pas l’itinérance pour le témoignage chrétien ni même un quelconque mandat en Eglise. Par contre, n’étant entrée dans aucun Ordre, je revendique très fortement le droit de n’être mise sous la tutelle d’absolument aucun homme, fût-il prêtre, évêque ou même pape. Libre je suis et je resterai. Un peu à la manière d’une béguine flamande en son temps… Et ainsi, il ne me déplaît pas d’être cachée au plus secret de la face du Seigneur. Solitaire mais infiniment libre.
Solitaire, je le suis aussi face à la horde des innombrables faux prophètes et faux voyants soit-disant chrétiens en tout genre. Les croisant inévitablement sur le net en raison de la propagande dont ils/elles bénéficient, je me donne un peu de temps pour en lire des bribes. Consternation. Tant devant leurs assertions hallucinées qu’en raison des foules aveuglées qui les suivent.
J’ai remarqué quelques traits caractéristiques qui se retrouvent chez à peu près tous :
– Ils se montent en réseaux et s’authentifient les uns les autres, leur point commun étant souvent le ralliement aux “apparitions” les plus douteuses de la Vierge Marie, Medjugorje en tête. Convaincus de la première heure ou convertis à la Gospa en chemin, ces faux prophètes pensent être avant-gardistes en se ralliant à l’apparition fantôme bosniaque, et ce d’autant plus que l’Eglise cède aux sirènes du succès de ce site. Les imposteurs tentent donc de se revêtir d’une petite aura de légitimité en se ralliant à une “apparition” qu’ils espèrent reconnue un jour par Rome pour passer plus sûrement pour saints et inspirés. Medjugorje devient le dénominateur commun de presque tous les faux prophètes et fausses mystiques.
– Toujours dans le souci d’augmenter leur popularité et leur influence au cœur et en dehors de l’Eglise, faux prophètes et fausses mystiques vont redoubler d’efforts pour s’attirer ses bonnes grâces. Ils se montrent souvent catholiques comme on peut être “plus royaliste que le roi”. Baptisés de bonne heure ou convertis sur le tard, ils vont rivaliser d’ardeur pour coller au plus près du catéchisme de l’Eglise catholique romaine. Situation familiale proprette, piété scrupuleuse jusqu’à la communion exclusivement sur la langue et cris d’orfraie quand les mesures sanitaires l’interdisent, protestations outrées quand autrui ose remettre en question un point de doctrine aussi discutable qu’un hymen intact pendant et après un accouchement par voie basse, idéalisation du prêtre ou de l’évêque, le must étant une préface de celui de son diocèse quand on publie ses logorrhées mystiques, ce qui rend intouchable ensuite une prophétesse en vêtements blancs.
– Beaucoup de ces faux prophètes prédisent “un grand avertissement”, “de grandes tribulations”, la survenue imminente de l’Antichrist du côté duquel, ô grands dieux, ils ne sont pas quant à eux – voire – et si vous les lisez bien, après tout cela, un monde régénéré, de paix durable, qui serait ici bas ! Petite figure de style, pirouette linguistique, et la “terre nouvelle sous les cieux nouveaux” devient notre propre planète que ces “apôtres des derniers temps” auront sauvée in extremis. Au besoin surgit même ici ou là le Grand Monarque dans notre impie pays de France.
On est plus près d’un film apocalyptique américain que de la vérité des Ecritures…
– La plupart, aussi, donnent des conférences, publient des livres ou des CD et DVD, bref, ils ont des choses à… vendre.
– Enfin, et cela me concerne personnellement, dès que le hasard ou la hargne nous font nous croiser, ceux-là vomissent sur moi leur bile mâtinée de “Ma chère, je prie pour vous, convertissez-vous au bon Jésus et au cœur immaculé mêlé au sien de sa Mère” tout en me vouant au diable parce que je suis capable de démasquer leurs inepties hypocrites. A leurs yeux, d’ailleurs, je suis une créature de Satan.
Devant cette marée de faux témoins du Christ, il ne me reste que la foi chevillée au cœur et fondée sur le roc de l’Evangile. Et la certitude que, oui, Dieu veille sur les siens et finit par les justifier à sa manière et en son temps, qui n’est pas le nôtre.
Puissent les lecteurs qui s’arrêteront sur ce blog ne pas sombrer dans l’adhésion aux délires verbeux des imposteurs de la mystique !