Frères,
vous qui avez été appelés par Dieu, regardez bien : parmi vous, il n’y a pas beaucoup de sages aux yeux des hommes, ni de gens puissants ou de haute naissance.
Au contraire, ce qu’il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour couvrir de confusion les sages ; ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour couvrir de confusion ce qui est fort ; ce qui est d’origine modeste, méprisé dans le monde, ce qui n’est rien, voilà ce que Dieu a choisi pour détruire ce qui est quelque chose, afin que personne ne puisse s’enorgueillir devant Dieu.
C’est grâce à Dieu, en effet, que vous êtes, dans le Christ Jésus, qui a été envoyé par lui pour être notre sagesse, pour être notre justice, notre sanctification, notre rédemption.
Ainsi, comme il est écrit : Celui qui veut s’enorgueillir, qu’il mette son orgueil dans le Seigneur.
1 Corinthiens 1, 26 – 31
J’ai envie de déborder de gratitude à l’égard de saint Paul pour ce texte. Comme l’Eglise l’a souvent oublié au cours des siècles ! Et le nôtre n’est pas exempt de ce travers. Je ne parviens toujours pas à m’expliquer comment les catholiques les plus visibles et écoutés soient encore les plus titrés et fortunés.
Je donne un seul exemple qui m’a blessée : il y a un an, j’ai envoyé mon manuscrit à deux maisons d’édition qui se consacrent plus spécialement aux ouvrages religieux. La première m’a répondu très vite par la négative en argumentant qu’ils éditaient du religieux et que mon manuscrit n’entrait pas dans ce cadre. Soit. De la deuxième, je n’ai jamais eu aucune réponse, cela fait un an maintenant, malgré des mails et une lettre de relance, je n’ai même pas été considérée comme digne de recevoir un refus, et mon manuscrit a dû passer à la broyeuse. Mais les choix de cet éditeur sont devenus, comme partout, des choix commerciaux. Avant tout, il faut vendre…
De ces déconvenues, j’ai su tirer du bien puisque ce site entièrement gratuit me procure une joie infinie et de très belles rencontres spirituelles.
Pour autant, je peine encore à être prise au sérieux quand j’ai un avis à donner sur le plan spirituel. J’ai des origines rurales et ouvrières et deux séjours en hôpital psychiatrique à mon pedigree, et une certaine Eglise n’aime pas ça. Même de nos jours, même en méditant pieusement cet extrait de saint Paul.
Et pourtant, dans le Christ, mon parcours est mon bonheur, ma joie d’avoir communié à sa Croix, ma chance d’avoir côtoyé les plus humbles parmi les humbles, ceux que l’on ne mentionne même pas dans les homélies et qui emplissent les hôpitaux psychiatriques et sont des clients fidèles des pharmacies en psychotropes de toutes sortes. J’ai noué parmi eux des amitiés des plus sincères.
Seigneur Jésus, se pourrait-il que ton Eglise soit aujourd’hui largement tournée vers les délinquants de toutes sortes qui font le mal, et indifférente à ceux dont la vie n’est qu’une souffrance subie et souvent due à des tiers ? Se pourrait-il que ton Eglise ait résolument décidé de n’écouter que les sages et les intelligents aux yeux des hommes pour avancer, et de mépriser ce qu’il y a de fou dans le monde ?
https://www.histoiredunefoi.fr/poemes/52-internes
Source image : http://archives-lepost.huffingtonpost.fr/article/2008/10/11/1286136_hopital-psy-ou-clinique-psy-qu-est-ce-qu-il-s-y-passe.html
6 commentaires
Bonsoir Véronique. Je lis ce soir ce texte de Saint Paul Sur le choix du Christ … Dieu n’a pas choisi la grandeur, ni le pouvoir. Je vous lis : Je ne parviens toujours pas à m’expliquer comment les catholiques les plus visibles et écoutés soient encore les plus titrés et fortunés. Je me retrouve dans ce que vous exprimez. Et en ce moment je suis en plein combat entre quitter notre Église ou pas, car elle me semble discordante avec l’évangile. Cependant, je me dis que je ne vais pas à la messe pour les membres de l’Église, mais pour Jésus. C’est un rude combat. Prions et soyons heureux, car Dieu a choisi la petitesse et la fragilité.
Oui Ana, je vous rejoins. Moi aussi j’ai fait le choix de continuer à pratiquer ma foi dans l’Eglise catholique de mon baptême. Mais non sans espérer des réformes vraiment profondes. Quelque chose doit changer, vraiment, pour que notre Eglise gagne en crédibilité évangélique. Et c’est urgent.
Mon article date du 1er septembre 2012. Depuis, le pape François nous a été donné, et je crois que l’orientation générale de l’Eglise en a déjà été bien bouleversée ! Son attention constante aux plus petits change peu à peu le regard des chrétiens “anesthésiés” dont il parlait hier encore dans son homélie à sainte Marthe.
http://www.news.va/fr/news/messe-du-pape-a-sainte-marthe-au-dela-des-formalis
Il y a lieu de rendre grâce pour cette revitalisation du message de l’Evangile. J’espère encore que les “pauvres en santé psychique” soient progressivement aussi bien sortis de l’oubli gêné et pris en considération que les pauvres économiques !
L’Evangile d’aujourd’hui avec l’aveugle -né est bien illustré par ce passage de Paul : ce qui est d’origine modeste, méprisé dans le monde, ce qui n’est rien, voilà ce que Dieu a choisi pour détruire ce qui est quelque chose…Nos idées toutes faites, nos jugements… l’ancien aveugle – nouveau voyant interpelle ceux qui l’interpellent en le malmenant, certains de leur supériorité..”Voilà bien ce qui est étonnant…Vous ne savez pas d’où il est, et pourtant, il m’a ouvert les yeux..”…Sauve nous de l’orgueil et de tout pharisianisme Seigneur…..
Chère Véronique,
Je trouve, comme vous, que c’est là l”un des plus beaux textes de saint Paul. Je l’ai mis en exergue dans mon livre “Ajouter foi à la folie”, et dans plusieurs articles, car je le crois toujours très actuel. Il ne faut pas s’étonner que l’Eglise institutionnelle ait des difficultés pour mettre en valeur ces paroles : elles bouleversent les valeurs établies et le confort relatif (et parfois nécessaire) de beaucoup de personnes religieuses.
Cependant, elles concernent en profondeur tout être humain. “Ce qu’il y a de fou dans le monde” et “ce qu’il y a de faible”, rejoignent aussi ce qu’il y a de” fou” et ce qu’il y a de” faible” en chacun d’entre nous. Et c’est cela que Dieu a choisi ! C’est cette part déraisonnable et fragile qui favorise la rencontre.
Vous le dites admirablement : “dans le Christ, mon parcours est mon bonheur, ma joie d’avoir communié à sa croix, ma chance d’avoir côtoyé les plus humbles parmi les humbles”… Le Christ n’a pas voulu l’épreuve, Dieu ne veut pas la souffrance, mais il fait de l’épreuve un lieu de rendez-vous. Vous avez reçu la grâce de sentir cela. Et d’en témoigner.
Pour ce qui est des éditeurs chrétiens, ne vous désolez pas. Ils sont comme les autres, attentifs à ce qui peut se vendre (suffisamment pour rentabiliser leur entreprise) et se trompent parfois, et prennent leur temps. J’ai attendu plus d’un an au Cerf, puis j’ai décidé de leur reprendre mon manuscrit avant d’envoyer une deuxième version remaniée – qu’ils ont acceptée après une nouvelle année d’attente (je n’attendais plus guère, d’ailleurs).
Votre site est un “outil” formidable. Il y a aussi des possibilités d’articles dans des revues. Nous en reparlerons peut-être. Surtout ne perdez pas courage. Votre expérience et votre témoignage sont très précieux. Avec mon amitié, Monique Durand Wood
Quand comprendras-tu, Véronique, que les paroles de Saint Paul sont très dérangeantes pour les bons catholiques, bien assis dans le confort de notre prétendue Foi, que nous sommes tous ? Alors, on préfère les évacuer, les oublier, faire comme si elles n’ avaient jamais été dites. On préfère rester en bonne compagnie, entre gens sensés, qui savons faire le tri. dans tout le fatras de ce qu’ on nous raconte dans les livres saints.
Même, dans tout ce que Jésus a dit dans l’ Evangile, il faut savoir faire le tri, savoir interpréter ses paroles…
– Le lavement des pieds, le Jeudi saint, c’est bien, c’ et une belle image; Sans doute, Jésus l’ a fait, mais il faut savoir ce qu ‘il a voulu nous faire comprendre : laver les pieds d ‘un SDF, qui vit dans la rue ? D’ abord, çà sent mauvais. Et puis, on a autre chose de plus important à faire…
– Que les publicains et les prostituées seront, avant nous, dan le Royaume des cieux ! Il faut s’ entendre sur les mots ! Il s’agit des publicains et des prostituées qui se sont convertis, qui sont devenus des gens convenables, aseptisés.; Marie de Magdala ou la “femme” qui est venue verser du parfum d’ une valeur de 300 pièces d’ argent sur les pieds de Jésus et qui, ensuite, les a essuyés avec ses cheveux. D’ accord, mais l’ une comme l’ autre n’étaient plus des pécheresses, elles étaient devenues des personnes convenables; Et puis, comme le dit très justement Judas, il aurait tellement été préférable que ce parfum d’ une telle valeur soit vendu et que l’ argent de la vente soit distribué aux pauvres ! Cela aurait été bien plus raisonnable…
– Et tous les gens que le marié va faire chercher à tous les coins de rues, les “n’ importe qui”, pas très fréquentables, pour les faire venir au repas de noce, à la place des “invités” qui n’ en sont pas dignes !
– Et vous voyez, encore aujourd’hui,des gens, conscients de ce qu ‘ils sont, de ce qu ‘ils valent, aller s’ asseoir à la dernière place, quand ils sont invités à un banquet ? Même dans l’ Eglise, chacun a son carton d’ invitation et veut être installer à la place qui lui a été réservée et qu ‘il mérite..
Avez-vous vu, à Saint-Pierre de Rome, à Notre Dame de Paris, à l’ occasion d’ une grande manifestation religieuse, les tordus, les bancals,ceux dont s’ occupe ” Aux Captifs, la libération”, être placés aux premiers rangs ? Il y a un jour spécial, dans l’ année, qui leur est réservé. En dehors de cela, il ne faut surtout pas les exhiber !
– Et le bon samaritain ? Là encore, il faut expurger les paroles de Jésus !
– Quant à l’ épisode du jeune homme riche, là encore, il faut savoir interpréter… Jesus ne demande pas de tout donner, mais d’ avoir une âme de pauvre.. Ce n’ est pas du tout la même chose ! D’ ailleurs les pauvres, ils ne font que jalouser les riche; C’ est bien connu..
– Et Saint François d’ Assiste, que tout le monde admire tant, combien se souviennent qu ‘il s’ est mis tout nu au milieu de la rue pour rendre tous ses biens, tous ses beaux vêtements, à son père, et suivre Jésus”, tout nu”, après avoir tout donné !
– Sur l’ ancien forum, j’ ai voulu attirer l’ attention sur cette statistique : ” Une personne meurt de faim dans le monde toutes les six secondes “. On m’ a répondu : Qu(est-ce qu ‘on y peut faire, cela ne nous concerne pas, c’ est l’ affaire des Gouvernements ! oui, bien : ceux qui donnent, au fond, ils ne font pas grand’ chose, puisqu’ avec la réduction fiscale, il en récupèrent les 2/3 ou les 3/4 en économies d’ impôts. Alors, inutile de leur dresser un autel ! Ou encore : Où va cet argent que l ‘on donne ? Jz reste très sceptique Je préfère m’ abstenir !
Quelqu’ un de lucide m’ a dit : ne vous étonnez pas. Au fond, nous sommes tous le “Jeune homme riche”, nous nous détournons et repartons, tête baissée. Jésus ne peut pas nous demander cela !
– As-tu vu, Véronique, après la lecture d’ un évangile sur l’ argent, un prêtre faire son homélie sur cet évangile. Il préfère commenter l’ une des deux premières lectures. Il ne faut, quand même pas, effaroucher les bons catholiques qui donnent au denier du culte ( ou au denier de l’ Eglise, comme on dit aujourd’hui ).
Vois-tu, Véronique, même deux mille ans après, on n’ a encore rien compris ! ou rien voulu comprendre.!
Reste comme tu es, bien naïve, garde tes illusions; Ne les perd surtout pas. C’ est toi qui a raison.
Mais la “Nouvelle évangélisation” aura beaucoup à faire ! .
André.
c’ est-à-dire après avoir tout abandonné