Je me bats ces jours-ci sur les réseaux sociaux contre des “penseurs” chrétiens qui se plaisent à mettre en doute avec énergie le fait que Jésus soit né de Marie visitée par la grâce du Père, sans l’intervention d’un homme mâle dans l’histoire de cette conception d’un enfant. Soit ils attribuent la paternité de Jésus à Joseph, sans accepter d’avouer que cela les met en porte-à-faux avec les Ecritures, soit ils imaginent Marie “fille facile”, et ce pendant le temps de ses fiançailles avec Joseph, ce qui est tout de même une belle insulte à la mère de Notre Sauveur, soit ils prétendent sans sourciller qu’elle aurait été violée, sans être dérangés par le fait que Dieu cautionnerait ainsi l’ignominie du viol en faisant du fruit de ce crime majeur son propre Fils destiné à être notre rédempteur. C’est vraiment se méprendre sur la prévenance de Dieu à l’égard de la jeune Marie, comme si le fait de voir par la suite son fils haï par tous les dignitaires religieux de son temps jusqu’au supplice sur la croix, n’allait pas suffire à transpercer son âme et son cœur du glaive de la douleur.
Je constate que ce sont bien plus souvent des hommes que des femmes qui défendent de telles thèses contredisant profondément les Ecritures. Comme s’il leur était absolument insupportable d’être exclus du mystère de la naissance du Fils de Dieu, comme s’ils ne pouvaient tolérer que le corps ne serait-ce que d’une femme, Marie, leur ait échappé pour concevoir son enfant premier-né. Et quand je défends le point de vue des Ecritures et l’orthodoxie de la foi chrétienne, je suis taxée de féministe-qui-rêve-de-concevoir-sans-homme, ou encore de folle “à qui il manque une case”.
Ce que ces messieurs rejettent en fait, c’est la liberté souveraine de Dieu et sa maîtrise de sa propre création. Ils voient Dieu de préférence comme le Très-Bas sans pouvoir ni prérogatives. Dieu est pour eux celui qui ne saurait faire ce que l’homme apprenti sorcier est déjà capable de réaliser en ce XXIe siècle, comme je le disais dans mon billet précédent – fécondation in vitro, gestation pour autrui, clonage déjà à portée d’éprouvettes… Ils veulent bien que leurs semblables soient capables de réaliser de telles manipulations biologiques ou génétiques, et qu’ils s’en glorifient, mais que Dieu qui est à l’origine de tout ait pu prendre, il y a 2000 ans, l’initiative de choisir une jeune fille attentive à sa Parole, libre de toute influence masculine et désireuse de faire Sa volonté pour être fécondée par grâce et donner naissance à la deuxième personne de la Trinité, le Fils pur de tout péché, ô scandale, ces messieurs voulant se mêler de tout, même du projet divin, ne peuvent le supporter !
C’est pourtant à l’évidence pour éviter à Jésus la lourde hérédité du péché masculin que le Père a choisi de le faire naître sans autre géniteur que Lui et la jeune Marie réceptive à son dessein. La chaîne de transmission du péché des origines, depuis la lâcheté d’Adam jusqu’au doute spontané de Joseph sur la vertu de Marie en passant par le crime de sang de Caïn et la ruse de Jacob pour capter la bénédiction de son père, était ainsi rompue. Jésus est d’une lignée par un père adoptif, mais ni par le sang, ni par les gènes. N’en déplaise aux hommes qui voudraient avoir mis leur grain de sel – pour ne pas dire autre chose – partout, et qui se rêvent semblables en tous points au Christ Jésus, lui qui est pourtant tellement éloigné de leur orgueil et de leur volonté de domination.
Image : Exposition Femmes de la Bible Laurence Torno 2019