Seigneur, écoute la justice !
Entends ma plainte, accueille ma prière :
mes lèvres ne mentent pas.
Tu sondes mon cœur, tu me visites la nuit,
tu m’éprouves, sans rien trouver ;
mes pensées n’ont pas franchi mes lèvres.
J’ai gardé le chemin prescrit ;
j’ai tenu mes pas sur tes traces :
jamais mon pied n’a trébuché.
Montre les merveilles de ta grâce,
toi qui libères de l’agresseur
ceux qui se réfugient sous ta droite.
Ps 16 (17), 1, 3, 4b-5, 7
Textes liturgiques©AELF
Orgueilleux et pharisien, le psalmiste ?
S’il s’agit de David, nous le savons, il chutera, et le psaume 50 (51) sera d’une tout autre teneur : regrets et contrition.
Mais attardons-nous tout de même sur ces lignes : ne sonnent-elles pas bizarrement dans l’esprit des chrétiens d’aujourd’hui ?
Il est devenu de bon ton de battre sa coulpe à tout moment quand on est un baptisé converti de fraîche date, ou non, mais au minimum convaincu et disciple du Seigneur. La parabole du pharisien et du publicain est passée par là (Luc 18, 9-14). Tout un chacun craint aujourd’hui de se dire juste, vertueux, évitant avec soin et conscience le péché. Et quand on a l’outrecuidance de s’affirmer dans la grâce du Seigneur et fidèle à ses commandements, que n’endure-t-on pas comme accusations d’être orgueilleux et aveugle à sa propre faute !
Je voudrais pour ma part prendre la défense de celles et ceux qui s’appliquent, après une conversion ou au long d’une vie, à ne pas offenser Dieu – et le Livre de Job dont nous débutons aujourd’hui la lecture en est un exemple – et à ne pas nuire au prochain.
Alors certes, nous péchons tous en pensée et par omission, mais s’il y a des degrés dans le péché, admettons tout de même que nous connaissons tous de ces personnes qui parviennent à poursuivre un chemin de sainteté dans leur quotidien, en demeurant à l’écoute, charitables et aimables, ayant le souci de ne jamais nuire à autrui, et plaçant les commandements de l’Evangile au-dessus de toute autre valeur. Songeons un instant à cette grand-mère pieuse et fidèle qui ne médisait jamais, à cette voisine dévouée qui soigne jour après jour malades ou personnes âgées avec tact et abnégation et nous rend encore mille services au quotidien, à cette maman abattant un nombre considérable de tâches professionnelles et domestiques à la journée sans jamais se plaindre, à cette tante bénévole dévouée au service de l’Eglise sans pour autant rien revendiquer pour elle-même, à cette religieuse apostolique vivant au milieu des plus pauvres en les servant et sans omettre de glorifier son Dieu, à ce moine ou cette moniale dépouillés de tout et qui intercèdent au long d’une vie rude pour celles et ceux qui sont jetés au milieu du monde…
Oui, ouvrons un tant soit peu nos yeux et notre cœur, et nous remarquerons ces saints du quotidien dont il est injuste de réclamer une contrition continuelle qui finit par ronger l’âme de scrupules infondés.
Alors certes, il n’est pas bon de s’enorgueillir de ses vertus, mais il n’est pas meilleur non plus de s’humilier en permanence devant Dieu et devant les hommes quand on n’a pas de raisons valables de le faire.
Source image : Soeur Emmanuelle et soeur Sara parmi les chiffonniers du Caire, Janvier 1980
https://www.la-croix.com/Religion/Catholicisme/Le-Yallah-soeur-Emmanuelle-retentit-encore-2018-10-20-1200977344