Voyant beaucoup de pharisiens et de sadducéens
se présenter à son baptême,
il leur dit :
« Engeance de vipères !
Qui vous a appris à fuir la colère qui vient ?
Produisez donc un fruit digne de la conversion.
N’allez pas dire en vous-mêmes :
‘Nous avons Abraham pour père’ ;
car, je vous le dis :
des pierres que voici,
Dieu peut faire surgir des enfants à Abraham.
Déjà la cognée se trouve à la racine des arbres :
tout arbre qui ne produit pas de bons fruits
va être coupé et jeté au feu.
Matthieu 3, 7-10
Textes liturgiques©AELF
Récemment, je me suis vue qualifier sur les réseaux sociaux par une lectrice de “prophète de malheur” parce que je ne cesse d’annoncer le retour prochain du Christ en Gloire et la faillite de l’Eglise catholique sur cette annonce.
Que dire alors de Jean-Baptiste dans cet extrait de l’Evangile d’aujourd’hui, deuxième dimanche de l’Avent ? A-t-il été tendre pour les pharisiens qui conduiraient le Christ au jugement et à la condamnation et les sadducéens qui refusaient de croire à la résurrection ?
Prenons garde, dans notre suffisance chrétienne, à ne pas considérer que toutes les invectives des prophètes puis de Jésus lui-même ne sont destinées qu’aux Juifs qui ont fait lapider les Prophètes de l’Ancien Testament puis n’ont pas reconnu le Messie lui-même, tandis que nous chrétiens, nous serions toujours dans la grâce de Dieu parce que nous “aimons Jésus”.
Encore faudrait-il s’entendre sur ce que signifie “aimer Jésus”. S’il ne s’agit que de diffuser de lui des images doucereuses sur les réseaux sociaux, d’exalter sa grande miséricorde en occultant sa justice qui transpire de toutes les lectures d’aujourd’hui, et de nier qu’il reviendra dans la gloire pour JUGER les vivants et les morts (Credo), je ne suis pas sûre que nous lui rendions le témoignage qu’il attend de nous.
L’Evangile n’est pas un bonbon au miel, et Jean Baptiste comme Isaïe nous le rappellent :
Déjà la cognée se trouve à la racine des arbres :
tout arbre qui ne produit pas de bons fruits
va être coupé et jeté au feu.
Du bâton de sa parole, il frappera le pays ;
du souffle de ses lèvres, il fera mourir le méchant.
La justice est la ceinture de ses hanches ;
la fidélité est la ceinture de ses reins.
Isaïe 11, 4-5
L’Evangile du Christ Jésus est radical appel à la conversion du cœur, au souci de la justice envers les plus faibles et les opprimé(e)s, et nous avons déjà eu 2000 ans pour le mettre en pratique. Pour quel résultat ?
Alors c’est une chose de s’agenouiller devant un ostensoir, et une autre de désirer ardemment le retour effectif du Messie de Dieu pour rétablir toute justice dans l’humanité si diversement lotie de nos jours.
C’est une chose de mettre un petit Jésus de plâtre dans une jolie crèche, et une autre d’attendre en esprit et en vérité que revienne Celui qui n’a pas cessé de prêcher le venue de son Royaume “qui n’est pas de ce monde”.
“Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu.
Il tient dans sa main la pelle à vanner,
il va nettoyer son aire à battre le blé,
et il amassera son grain dans le grenier ;
quant à la paille,
il la brûlera au feu qui ne s’éteint pas. »
Matthieu 3, 11-12