Indépendamment de toute considération sur la personnalité de Benoît XVI, j’exprime mon affliction devant les images diffusées hier sur plusieurs chaînes de télévision à l’occasion de ses obsèques.
Comme le relate le site Vatican.news, 125 cardinaux, 400 évêques et environ 4000 prêtres étaient présents à cette célébration sur la place Saint Pierre de Rome, ce qui fait vraiment beaucoup de clercs !
On pourra trouver que cela est normal pour un tel événement, soit, ce qui l’est moins, c’est que les clercs s’attribuent systématiquement les meilleures places à toutes les célébrations d’envergure. Etait-il vraiment nécessaire qu’ils soient tous en ornements liturgiques, placés aux abords de l’autel autour du défunt et près du pape François présidant cette messe de funérailles ?
Le fait est que les officiels et les proches du défunt se partageaient un carré du périmètre, majoritairement des hommes, en noir, que tous les clercs exclusivement masculins faisaient foule, les orientaux en ornements rutilants et les romains en marée de chasubles rouges, mitres et calottes assorties, et que très loin, derrière les barrières, on pouvait enfin apercevoir des religieuses et des laïcs venus là mais tenus à distance.
Un jeune prêtre m’a qualifiée de médisante comme je soulevais hier sur les réseaux sociaux la question de cette discrimination flagrante. Il prétendait la cérémonie véritablement ouverte aux femmes puisque cinq d’entre elles avaient lu des lectures ou intentions de prières au micro. Soit. Cinq femmes actives pour 4525 clercs crevant l’écran. Chacun appréciera.
Que l’on ne vienne pas me soupçonner de militance pour le sacerdoce féminin, le problème n’est pas là selon moi, du moins pas d’après mon point de vue personnel. Il réside dans le fait que les clercs s’arrogent systématiquement les meilleures places quand il s’agit de voir et d’être vu. Qu’ils ne trouvent pas même anormal que des religieuses, des consacrées elles aussi, soient reléguées derrière des barrières pour un tel événement, elles qui servent l’Eglise à longueur d’année et de vie. Qu’il leur semble légitime, normal et immuable qu’on ne puisse voir qu’eux dans les marées humaines drainées sur la place Saint Pierre ou dans la Basilique vaticane quelles que soient les grandes circonstances religieuses.
Ce que je désire souligner, c’est que l’image renvoyée par les médias au sujet de l’Eglise catholique dans ce qu’elle montre ostensiblement d’elle-même est de ce fait déplorable. On observe là l’un des derniers bastions mondiaux d’une chasse gardée masculine, reflet d’un entre-soi délétère qui n’a que trop duré.
J’illustrerai mon propos par les photos prises hier sur mon petit écran. Elles parlent d’elles-mêmes.
(Source : Direct France 2 le 05 janvier 2023)