En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements.
Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous :
l’Esprit de vérité, lui que le monde ne peut recevoir, car il ne le voit pas et ne le connaît pas ; vous, vous le connaissez, car il demeure auprès de vous, et il sera en vous.
Je ne vous laisserai pas orphelins, je reviens vers vous.
D’ici peu de temps, le monde ne me verra plus, mais vous, vous me verrez vivant, et vous vivrez aussi.
En ce jour-là, vous reconnaîtrez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi, et moi en vous.
Celui qui reçoit mes commandements et les garde, c’est celui-là qui m’aime ; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; moi aussi, je l’aimerai, et je me manifesterai à lui. »
Jean 14, 15-21
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible – © AELF, Paris
L’Esprit de Vérité ! Quelle notion floue et sujette à bien des crispations de nos jours !
En cours de philo, en terminale, je m’étais passionnée pour le chapitre sur la vérité et ses différents degrés. Vérité absolue, vérité relative, ces notions m’avaient profondément interrogée. Jusqu’à en perdre, à cet âge de transformations de toutes sortes, ma foi chrétienne. Ce qui constituait peut-être une victoire personnelle pour ma prof de philo, jouant un peu dangereusement avec ces élèves de terminale littéraire attachantes que nous étions – j’étais dans un lycée mixte, mais le hasard avait voulu que dans cette classe, nous ne soyons que des filles – sur la corde affective : tutoiement réciproque, invitations chez elle…
Lors d’un des premiers cours, sur Socrate, que j’avais beaucoup aimé, j’avais écrit “Socrate me fait penser à Jésus Christ” dans mon cahier de brouillon, et passant dans les rangs avec son stylo rouge, elle avait résolument barré d’une croix le mot “Christ” dans ma phrase, en arguant : “En philo, on dit Jésus”. Je crois bien que l’origine de mes quinze années d’agosticisme ensuite n’est pas du tout étrangère à ce Christ barré d’une violente croix relativiste et laïque. Le reste de l’année de philo allait tout faire abonder dans le sens de mon doute, cette prof un peu magnétique ne jurant que par Freud, Sartre et Nietzsche. Nous l’aurions suivie à l’époque jusque dans le feu…
Je ne regrette pas pour autant ce passage par l’essorage du doute et de la remise en question de toutes mes valeurs. Ces quinze très longues années d’agnosticisme me donnent pluôt aujourd’hui une légitimité à croire dur comme fer en Jésus CHRIST et en sa Parole incomparable consignée dans les quatre Evangiles canoniques (j’ai raconté ce parcours riche mais chaotique dans “Histoire d’une foi” https://www.histoiredunefoi.fr/livres/histoire-d-une-foi-veronique-belen) J’ai éprouvé de perdre la foi, dans les larmes de nostalgie et le déséquilibre absolu de ma personnalité ; j’ai éprouvé de retouver la foi, dans les larmes d’allégresse et la reconstruction enfin cohérente de ma personne.
Aussi, aujourd’hui, je suis devenue ferme devant l’accusation répétée de ne pas être en mesure d’entrevoir la vérité mieux que le commun des mortels. Non, toute vérité n’est pas relative, les paroles de Celui qui a dit “Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie” (Jean 14, 6) ne sont pas à remettre en question. J’ai éprouvé chacun des termes de cette affirmation christique jusqu’à en avoir l’âme broyée par le monde, puis profondément régénérée dans le feu purificateur de l’Esprit Saint.
Oui, le monde ne peut recevoir la Vérité surtout car il ne VEUT pas la recevoir. La Parole du Christ Jésus est exigeante, clivante, irrecevable par les sceptiques qui préférent la facilité de la marche du monde à l’exigence radicale de la marche vers l’Eternité. Elle est irrecevable par ceux qui ont le culte de l’homme fort, qui sont séduits par la séduction, qui préfèrent au murmure du vrai et du bien le tapage médiatique des orateurs et des manipulateurs de foules. La Parole du Seigneur Jésus est distordue aussi jusqu’au cœur des églises, quand on fait de lui soit un dispensateur de morale et de préceptes catéchétiques, soit une idole de pop louange, soit un mièvre distributeur de miséricorde à bas coût qui fermerait simplement ses tendres yeux sur toutes les abjections dont les hommes sont capables.
Point de tri à opérer dans la Parole du Fils par le Père : l’absolue compassion pour les âmes en souffrance s’y mêle à une exigence inouïe de retour sur nous-mêmes, de contrition, de conversion vraie à la vérité de l’Evangile. Et partant de là, de mission d’évangélisation, par l’être davantage que par le discours.
Foi, espérance et charité, les colonnes de la vie chrétienne. En banissant de nos vies toute hypocrisie et tout ritualisme de surface.
Neuf fois sur dix, les personnes qui se gaussent ou s’offusquent d’une foi chrétienne inébranlable évoquent les fautes des églises, les crimes historiques des religions ou l’apparent silence voire l’invisiblité et la prétendue inaction de Dieu. Bien plus difficile est pour eux la tentative de déraciner du cœur d’un authentique chrétien l’amour pour la personne du Seigneur Jésus et pour sa Parole donnée dans les Evangiles. Bien plus malaisée est pour les adversaires du Christ la manœuvre qui consiste à éteindre en ses disciples l’Esprit de Vérité.
Image : Vitrail de la Pentecôte à Taizé