Evangile : Jean 14, 23-29
Homélie de frère Antoine
« C’est la paix que je vous laisse, c’est ma paix que je vous donne ».
Frères et sœurs, sommes-nous dans la paix ? Si nous le sommes, rendons grâce à Dieu. Si nous ne le sommes pas, rappelons-nous la parole de Jésus : « Venez à moi vous qui peinez sous le fardeau et je vous procurerai le repos ». Nous sommes toujours dans le temps pascal qui ne nous rappelle pas seulement la mort et la résurrection de Jésus mais ses promesses de ne pas abandonner ses disciples, non seulement ceux de son temps mais ceux d’aujourd’hui. C’est bien à nous que s’adressent les paroles que nous venons d’entendre : « Je vous donne la paix »
Mais qu’est-ce que cette paix que Jésus nous donne et qui n’est pas « à la manière du monde » ? On sait que les Juifs, dans la Bible, mais encore aujourd’hui, se saluent en se souhaitant la paix (shalom), les Grecs se souhaitent la joie et les Romains ou les latins que nous sommes préfèrent se souhaiter la santé. La paix biblique n’est pas seulement le contraire de la guerre, la tranquillité, mais une plénitude de vie, elle est le don messianique par excellence. Et chez Saint Jean, la paix est toujours liée à la personne du Christ, à sa présence « Je vous donne ma paix ». La paix est un don de Dieu, de l’Esprit de Jésus et pas seulement une simple disposition bienveillante qui vient de nous à la manière du monde. Les Arabes aussi saluent en souhaitant la paix (salam). Mais cette paix tant souhaitée par tous se heurte au péché du monde, aux intérêts particuliers. Il y a de fausses paix qui méprisent la vérité ou la justice. Ainsi entre Israël et la Palestine parmi d’autres nombreux exemples actuels. Il y a la paix tranquillité égoïste « Fiche-moi la paix », la paix résignation : « Laisse tomber ». La paix a toujours un prix et elle est toujours fragile. Dans sa lettre aux Galates, Saint Paul énumère la paix comme don de l’Esprit au même titre que l’amour, la joie, la bonté, la foi non comme des fruits séparés mais comme « le » fruit de l’Esprit, au singulier. Ainsi nous-mêmes sommes « le » Corps du Christ tout en étant multiples et différents.
Nous sommes des missionnaires de la paix du Christ. Récemment, le pape François a donné le sacrement de Confirmation à 44 personnes du monde entier (âgées de 11 à 55 ans). Il leur a dit entre autre : « Dieu ne nous appelle pas pour de petites bricoles. Il vient faire toutes choses nouvelles, il vient nous transformer vraiment et à travers nous, il veut transformer le monde dans lequel nous vivons ». Les paroles du Christ que nous méditons, tirées de l’évangile d’aujourd’hui, sont répétées chaque fois que nous célébrons la messe, avant la communion et elles s’accompagnent du « baiser de paix ». La formule officielle est : « Donnez-vous la paix » sous- entendu : la paix du Christ dont on vient de parler. Ce n’est pas pareil que : « Donnez-vous un signe de paix », comme un signe qui viendrait de notre bonne volonté à chacun de nous. Et si je me suis disputé avec mon frère ? S’il m’accuse d’être hypocrite et refuse ce geste de paix ? Pire : si les chrétiens ne peuvent plus assister à la même messe et ne peuvent communier à la même eucharistie ? Dans Saint Luc (10, 6), les disciples, envoyés en mission ont la consigne de donner le salut de paix au maître de maison à qui ils demandent l’hospitalité. Si celui-ci est un homme de paix, « un fils de la paix » la paix ira sur lui comme une bénédiction. Sinon la paix revient sur ceux qui voulaient la donner. Cela signifie au moins deux choses : cette bénédiction ne se perd pas et elle n’est pas automatique, magique, elle est affaire de liberté. Le disciple n’est pas responsable du résultat de sa démarche. Il est responsable des semailles pas du rendement.
À la fin de chaque messe, nous sommes envoyés en mission : « Allez dans la paix du Christ » Nous ne sommes pas envoyés pour des « bricoles » mais pour qu’à travers nous la paix apportée par Jésus nous transforme nous-mêmes, transforme la communauté, la famille, la nation, le monde dans lequel nous vivons.