Un jour, Jésus se trouvait sur le bord du lac de Génésareth ; la foule se pressait autour de lui pour écouter la parole de Dieu. Il vit deux barques amarrées au bord du lac ; les pêcheurs en étaient descendus et lavaient leurs filets. Jésus monta dans une des barques, qui appartenait à Simon, et lui demanda de s’éloigner un peu du rivage. Puis il s’assit et, de la barque, il enseignait la foule.
Quand il eut fini de parler, il dit à Simon : « Avance au large, et jetez les filets pour prendre du poisson. »
Simon lui répondit : « Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre ; mais, sur ton ordre, je vais jeter les filets. »
Ils le firent, et ils prirent une telle quantité de poissons que leurs filets se déchiraient. Ils firent signe à leurs compagnons de l’autre barque de venir les aider. Ceux-ci vinrent, et ils remplirent les deux barques, à tel point qu’elles enfonçaient.
À cette vue, Simon-Pierre tomba aux pieds de Jésus, en disant : « Seigneur, éloigne-toi de moi, car je suis un homme pécheur. »
L’effroi, en effet, l’avait saisi, lui et ceux qui étaient avec lui, devant la quantité de poissons qu’ils avaient prise ; et de même Jacques et Jean, fils de Zébédée, ses compagnons.
Jésus dit à Simon : « Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras. » Alors ils ramenèrent les barques au rivage et, laissant tout, ils le suivirent.
Luc 5, 1-11
“Avance au large !”, c’est la devise épiscopale de l’archevêque de mon diocèse, Mgr Jean-Pierre Grallet.
Hier, je me suis particulièrement réjouie de découvrir dans un article de La Croix qu’il était très favorable au désir exprimé par le pape François d’aller vers un dépouillement de l’Eglise.
“Une Eglise pauvre pour les pauvres”, exprimait François dans les premiers jours de son pontificat.
Et je ne suis pas étonnée que notre archevêque, franciscain, relaie cette vision de l’Eglise.
Je pense à tous ces prêtres et évêques qui peinent depuis des décennies avec le sentiment de prendre si peu de poisson dans les filets de l’évangélisation. Un tel évangile doit les laisser pensifs depuis longtemps. Pourquoi cette indifférence des chrétiens et des non-croyants à la puissance de la parole du Christ ?
Une piste est peut-être effectivement dans le contre-témoignage donné au fil des siècles par une certaine Eglise trop compromise avec les pouvoirs et ne dédaignant pas les fastes.
Sans remettre en cause tout ce que le bienheureux Jean-Paul II a fait de bon pendant son pontificat, je dois dire que j’ai été extrêmement choquée au jubilé de l’an 2000 par sa chatoyante chasuble. Revenue vers l’Eglise dans ces années-là, je ne parvenais pas à adhérer aux démonstrations somptuaires et aux rassemblements de foules frôlant l’hystérie collective, avec tous ces panneaux “We love you !” qui me semblaient tout à fait excessifs.
Quand je m’en ouvrais à des hommes d’Eglise, j’étais très mal considérée.
Eh bien, ouvrons-nous aujourd’hui à un autre langage de la part du pape François et de tous ceux qui lui doivent obéissance.
Et qui sait, une Eglise pauvre pour les pauvres remplira peut-être bien mieux ses filets en avançant au large…
Article d’hier dans La Croix : http://www.la-croix.com/Religion/Actualite/A-Assise-le-pape-Francois-va-inciter-l-Eglise-au-depouillement-2013-09-04-1007205
Image : La pêche miraculeuse Raphaël, XVIe siècle
7 commentaires
Nous avons toujours suivi ce nos parents nous ont enseignés et je suis contente d’appaarteh à une communauté vivante dans nos îles du pacifique. Nie à vous.mMarie Jo L.
Je vous partage le billet d’hier sur cet évangile sur le site de l’abbaye de Tamié. Le frère rédacteur le voit sous un tout autre angle que nous, que je trouve fort intéressant :
“Sous une allure assez simple, ce texte nous met devant ce qu’il y a de plus énigmatique chez Jésus. Il est cerné de près par une foule qui « écoute la parole de Dieu », la formule est étonnante, car, quelle est-elle cette Parole de Dieu ? De toute façon, Luc ne nous dit pas que Jésus est en train de parler. La seule chose que l’on comprend : c’est le côté insupportable de la situation : ça manque d’espace.
Et on est encore plus surpris de voir que Jésus se tourne vers ceux qui font tout autre chose : leur travail de pêcheurs.
Et Jésus se met à parler mais c’est en ayant pris de la distance : Luc ne nous dit pas un mot du contenu de son enseignement, on aimerait bien savoir quand même. On ne saura pas. Ce n’est donc pas nécessaire : là n’est pas l’essentiel, donc. En revanche on nous décrit le contexte : Jésus assis là où la foule ne peut pas aller pour avoir l’espace nécessaire.
Puis on a de nouveau des indications précises sur les paroles de Jésus mais là encore, ce sont celles qu’il adresse à Pierre pour l’inviter à faire ce qu’il a toujours fait. En vain. Mais Pierre est appelé à aller au plus profond. Et c’est là, dans la profondeur qu’il trouve ce qu’il cherchait en vain.
Tout serait donc là, à portée des hommes, il suffirait d’élargir l’espace pour trouver…
Or, à peine cette pêche fantastique amenée à terre, on laisse tout en plan et on part, abandonnant la pêche, ce qui n’a rien de banal. Quand les mediums font des prodiges, l’important c’est ce que produit leur science mais là, ce n’est pas le cas. On n’est pas dans la magie mais face à un signe, un autre langage.
Bref, Jésus a beau s’inscrire dans la tradition de son peuple, avec lui tout est déménagé : c’est dans les synagogues qu’on trouve les démons et personne ne le voit, c’est au bord du lac qu’on écoute la Parole de Dieu, ce sont ceux qui s’occupent à côté qui deviennent disciples. Est-ce qu’avec Jésus on aurait enfin du neuf sur cette terre qui a déjà vu défiler bien des gens ? Affaire à suivre, donc il faut le suivre nous aussi.”
Source : http://www.abbaye-tamie.com/la_communaute/la_liturgie/homelies_tamie/billet-du-jour-11/vue
L’ image est belle, mais aussi totalement vraie.
Pour marcher, il faut toujours avoir un pied et l’ air et l’ autre sur terre.
Sinon, ou on tombe ou on fait du sur-place..
Bonjour Véronique, bonjour André, je remarque que beaucoup de jeunes prêtres soignent aujourd’hui la liturgie pour allier le “sobre” et le “beau”..pour que les célébrations ne soient ni des spectacles ou le message évangelique est inaudible pour certains scandalisés par les fastes, ni des célébrations sans relief ou chaque rituel est banalisé et a du mal à porter la prière de l’assemblée..Il y a probablement des mouvements de balancier dans une Église toujours en déséquilibre, mais une amie me disait que c’est par une succession de déséquilibre que l’homme marche..Claire
C’est une belle image, Claire. Personnellement, je n’ai pas à me plaindre, dans ma petite communauté de paroisses toute rurale, nous avons toujours eu la chance d’avoir des prêtres très priants. Le nouveau prend ses fonctions dans une semaine, que la grâce du Seigneur le porte !
Mais oui, Véronique, c’ est éviden!
Quand j’ avais 18-20 ans, à l’ âge de toutes les révoltes, dans les années 45-50, juste après la fin de la guerre,
j’ étais scandalisé par le faste et la richesse des vêtements sacerdotaux et de tous les ornements et objets du culte : or et métaux préciaux, diamants et pierres précieuses, tissus et soies d’ une grande richesse, fils d’ or etc…
Et chaque fois, il m’ était rappelé la parole de Jésus à Judas à propos du parfum d’ un grand prix versé sur ses cheveux et ses pieds. Je m’ en suis accommodé vaille que vaille, et le concile n’ a pas changé grand’ chose à la situation. On s’ orienta vers plus de pureté dans le style et les lignes, mais pas moins de richesse dans les matériaux.
Il est vrai que Jean Paul II, comédien dans l’ âme, acceptait bien volontiers tout ce qui pouvait glorifier sa personne. ( Dans son cas, il renvoyait tout à Jésus, estimant que c’ était Jésus qui était honoré à travers sa personne. Mais ikl ne pouvait pas ne pas se sentir honoré personnellement de se savoir tant aimé et tant idolâtré par les foules.
Et voilà que tout ce qui paraissait naturel jusqu’ à aujourd’hui choque le pape François; C’ est donc le signe qu ‘on peut penser différemment;..Quitte à scandaliser des membres de la Curie et beaucoup de catholiques qui estiment qu ‘il dévalorise le Catholicisme aux yeux du monde.
Il loge à Sainte Marthe, il refuse ses ” chaussons rouges” de “ballérine”, n’ hésitant pas à montrer ses vieilles chaussures trouées ( je les ai vues à la télévision ! ), sa croix pectorale est un crucifix tout ordonnaire ( ! ) qui pendouille au bas de sa chaîne ( c’ est tellement ostensible que, pour paraître devant lui, beaucoup de dignitaires de l’ Eglise rangent dans leur écrin leur chaînette, leur crucifix et leurs épingles et attaches en or et en pierres précieuses ( regardez, à la télévision, les brochettes de Cardinaux aujourd’hui et il y a un an ! )… C’ est à des hommes en prison qu ‘il a lavé les pieds le Jeudi Saint. A Lampedusa, il a pris son repas avec des rescapés des naufrages parqués dans des camps, Il a réduit le faste et la longueur des luxueuses cérémonies religieuses, Aux évêques italiens réunis dans leur riche et luxueuse conférence épiscopale, il n’ a pas hésité à rappeler de très dures vérités sur la place et le rôle des évêques, sur l’ humilité et la pauvreté etc…
Et voilà qu’ à Assisse le 4 octobre, il va dire comment il conçoit le ” dépouillement ” de l’ Eglise…
Je m’ attends à entendre des vérités qui ne vont pas plaire à tout le monde…
UNE EGLISE PAUVRE POUR DES PAUVRES, QUI VA LES CHERCHER JUSQU’ A LA PERIPHERIE DE L’ UNIVERS !
On retrouve le poverello, qui va faire le ménage dans l’ Eglise…
C’ est la conséquence normale du Concile qu’ il faut mener jusqu’ à son achêvement., plour retrouver l’ Eglise des Apôtres d’ après la Pentecôte !
” Et qui sait, une Eglise pauvre pour les pauvres remplira peut-être bien mieux ses filets en avançant au large…”
LMa