Tard je t’ai aimée,
ô beauté si ancienne et si neuve,
tard je t’ai aimée !
Et voici que tu étais au-dedans,
et moi au-dehors !
Et c’est là que je te cherchais !
Et moi, hideux,
je me ruais sur l’harmonie de ces choses
que tu as faites.
Tu étais avec moi
et je n’étais pas avec toi :
elles me retenaient loin de toi,
ces choses qui pourtant n’existeraient pas
si elles n’étaient pas en toi !
Tu as appelé, tu as crié, tu as ouvert mes oreilles,
tu as brillé, tu as resplendi, tu as ouvert mes yeux,
tu as embaumé, j’ai respiré et j’aspire à toi,
j’ai goûté et j’ai eu faim, j’ai eu soif.
Tu m’as touché et je me suis enflammé
pour ta paix.
D’après Confessions X, 27, 38
© Editions du Signe 2002
Image : Saint Augustin lisant l’épître de saint Paul, détail, Benozzo Gozzoli (XVe), fresques de l’abside de la Chapelle de Saint Agustin, San Gimignano, Italie