Un jour, Jésus entra dans une synagogue ; il y avait là un homme dont la main était paralysée.
On observait Jésus pour voir s’il le guérirait le jour du sabbat ; on pourrait ainsi l’accuser.
Il dit à l’homme qui avait la main paralysée : « Viens te mettre là devant tout le monde. » Et s’adressant aux autres :
« Est-il permis, le jour du sabbat, de faire le bien, ou de faire le mal ? de sauver une vie, ou de tuer?» Mais ils se taisaient.
Alors, promenant sur eux un regard de colère, navré de l’endurcissement de leurs cœurs, il dit à l’homme : « Étends la main. » Il l’étendit, et sa main redevint normale.
Une fois sortis, les pharisiens se réunirent avec les partisans d’Hérode contre Jésus, pour voir comment le faire périr.
Marc 3, 1-6
Cet évangile ne nous dit pas ce que l’homme a pu faire – ou refaire – de sa main guérie par Jésus. Etait-il artisan, vigneron, guerrier ? David aurait-il abattu Goliath avec une main paralysée ? Le Christ a rendu à cet homme sa liberté de travailler, de subvenir à ses besoins, de se réjouir du travail de ses mains. De les joindre ou de les élever dans la prière certainement aussi.
Quand j’étais adolescente, j’écrivais beaucoup. Mon journal, des petits romans que je faisais lire à mes camarades…
Puis j’ai écrit pour les besoins du métier, cahier journal, préparations, me réservant le plaisir de composer toujours moi-même les dictées.
Parallèlement, depuis toujours, une abondante correspondance.
Et dans les trouées d’air pur que furent mes grossesses et les premiers mois de mes trois enfants, un journal que je tenais dans le but de le leur offrir à leur maturité.
Quand je fus brisée psychologiquement, j’écrivais aussi. Exutoire.
Et puis un jour, la source s’est comme tarie. On m’a attribué le titre de malade mentale. Je n’avais plus droit à l’expression de mon ressenti, sinon dans ma psychothérapie orale. J’ai traversé des années de sécheresse dans la prière et dans l’écriture. J’étais toute rentrée en moi-même, dans mes souffrances, mes hontes, mes interrogations.
J’ai eu internet tardivement. Ce fut une renaissance de ma main d’écriture. Je conversais avec des personnes en souffrance psychique, mettant à profit mon mieux-être pour les réconforter, les encourager à se soigner et à ne pas perdre leur espérance, glanant ici ou là moi aussi du réconfort et de bons conseils.
Je me risquai aussi sur les forums chrétiens, où je fus souvent fort mal accueillie. J’avais une parole qui détonnait et qui irritait beaucoup. Je n’avais pas pour habitude de hurler avec les loups. Je revenais encore et toujours à l’Evangile, ce qui n’était pas l’essentiel pour tout le monde. Avant le pape François, le légalisme progressait à grands pas sur ces réseaux, et on se retrouvait souvent confronté à une armée de comptables de la supposée vertu et de la juste observance.
Ma meilleure amie tenait un blog.
“Pourquoi n’écrirais-tu pas à nouveau ?” me disait-elle. Ce qui me semblait alors impossible, comme si l’inspiration était définitivement tarie. Je ne me sentais pas légitime, je n’avais en outre pas les préoccupations du “monde” et je ne voyais pas qui je pourrais intéresser avec ma foi qui remplissait ma vie.
Et puis, à force de ne pas trouver dans le quotidien où témoigner de cette foi débordante, n’étant en outre pas douée pour en parler et évoluant dans un contexte qui lui est hostile, mon témoignage écrit a jailli. Et dès lors, il me fallait le partager. Le Seigneur m’avait fait renaître de mon effondrement psychique, à la sécheresse spirituelle avait succédé un torrent de grâces, et je ne pouvais plus me taire. Ecrire, désormais, était un appel, une ardente obligation. Ecrire pour Lui.
« Étends la main. » Il l’étendit, et sa main redevint normale.
De ma main et de mon esprit guéris par toi Seigneur, je ne cesserai de témoigner de ta vérité et de ta grâce !
Image : Jésus guérit l’homme à la main paralysée Codex Egberti (fin Xe)
3 commentaires
Merci chaleureusement toutes les deux ! 🙂
Gloire à Dieu pour la merveille qu’est votre main…au sens propre, et au figuré par l’écriture aussi..
Ecrire, c’est tellement une évidence pour toi, ça fait tellement partie de toi ! Et tu le fais si bien…
Ce qu’on sent en soi, ce qu’on fait bien, c’est qu’on est fait pour le faire…