J’ai passé quatre jours à Taizé. Avec ma sœur. Au milieu de 3800 jeunes.
Ne sachant pas vraiment ce que c’est, au début, j’y vais sans grande conviction et un peu par curiosité. Nous prenons le bus avec d’autres jeunes jusque dans ce village du sud de la Bourgogne. Une fois sortis des grandes routes, le chemin est encore long jusqu’à Taizé, et nous traversons des hameaux tous plus petits les uns que les autres, nous demandant comment un rassemblement international de jeunes est possible au milieu de ces paysages solitaires.
La communauté est située un peu plus haut que le village de Taizé. Nous arrivons sous un soleil radieux, et nous voyons des gens de notre âge lézarder sur un muret de pierre. Puis d’autres, plus nombreux, qui descendent vers le village. Puis d’autres, toujours plus nombreux, assis à l’ombre sous de grands préaux en bois. Puis d’autres, en rond, qui chantent en tapant dans leurs mains. Des jeunes partout, des dizaines, des centaines, des milliers de jeunes. C’est impressionnant. Je n’ai jamais vu un tel rassemblement, surtout dans un endroit un peu rustique comme celui-ci.
Il faut un certain temps d’observation, d’information, pour comprendre le fonctionnement des lieux. On nous explique le déroulement des journées, on nous donne un plan, on pose nos questions à ceux qui connaissent déjà. Et on regarde ce qui se passe autour de nous.
A Taizé, pas de code vestimentaire, chacun s’habille selon son envie. Les musiciens se promènent avec leurs guitares, et entonnent des chants à leur guise. Des rondes se font et se défont, sources de jeux et de danses.
A Taizé, chacun met la main à la pâte. Ce sont les jeunes qui distribuent les repas, font la vaisselle, nettoient les sanitaires, accueillent les nouveaux arrivants.
A Taizé, on met en pratique le partage et la simplicité. « Ne prenez que ce que vous êtes capables de manger ». Pas de gaspillage, juste le nécessaire. Un bol pour l’eau, une cuillère à soupe, une assiette, un plateau. On mange sur des bancs ou à même le sol.
Les journées sont rythmées par les temps de prière. Trois fois par jour, tout le monde se rassemble dans l’église, grande bâtisse en bois où l’on est assis au sol sur de la moquette. Les frères s’agenouillent parmi nous, le long d’une allée qui relie le chœur au milieu de l’église. On y chante, en français, latin, allemand, italien, anglais, espagnol, suédois, des phrases mélodieuses que l’on répète en boucle. A chaque temps de prière il y a une lecture de l’Evangile. Ainsi que dix minutes de silence.
Des groupes de parole sont organisés pour permettre aux jeunes de différents pays d’échanger et de réfléchir ensemble à des questions autour de l’Evangile, de ses implications dans nos propres vies. Le nécessaire est fait pour que chacun comprenne ce qui est dit. Ceux qui parlent plusieurs langues s’improvisent interprètes.
A Taizé, j’ai découvert la force d’appartenir à la communauté chrétienne. J’ai pu parler en anglais de mon quotidien et de Dieu avec des Italiens, des Suisses et une Polonaise. J’ai appris des chants qui m’accompagnent maintenant tous les jours. J’ai retrouvé une utilité aux cuillères à soupe. Et j’ai partagé avec ma sœur des moments de complicité et de joie.
1 commentaire
Merci ma grande pour ce partage qui me comble de joie !