Jésus disait à ses disciples : « Vous le savez bien : si le maître de maison connaissait l’heure où le voleur doit venir, il ne laisserait pas percer le mur de sa maison. Vous aussi, tenez-vous prêts : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. »
Pierre dit alors : « Seigneur, cette parabole s’adresse-t-elle à nous, ou à tout le monde ? »
Le Seigneur répond : « Quel est donc l’intendant fidèle et sensé à qui le maître confiera la charge de ses domestiques pour leur donner, en temps voulu, leur part de blé ? Heureux serviteur, que son maître, en arrivant, trouvera à son travail. Vraiment, je vous le déclare : il lui confiera la charge de tous ses biens. Mais si le même serviteur se dit : ‘Mon maître tarde à venir’, et s’il se met à frapper serviteurs et servantes, à manger, à boire et à s’enivrer, son maître viendra le jour où il ne l’attend pas et à l’heure qu’il n’a pas prévue ; il se séparera de lui et le mettra parmi les infidèles. Le serviteur qui, connaissant la volonté de son maître, n’a pourtant rien préparé, ni accompli cette volonté, recevra un grand nombre de coups. Mais celui qui ne la connaissait pas, et qui a mérité des coups pour sa conduite, n’en recevra qu’un petit nombre. À qui l’on a beaucoup donné, on demandera beaucoup ; à qui l’on a beaucoup confié, on réclamera davantage. »
Luc 12, 39-48
©AELF
A l’occasion de la lecture de cet évangile, je voudrais rendre hommage à tous les “intendants fidèles et sensés” que j’ai eu la chance, la joie, la grâce de rencontrer au cours de ma vie, qui m’ont donné les sacrements, une parole, un conseil, un encouragement ou même leur amitié. Des visages, des noms, des prénoms se bousculent dans ma tête et dans mon cœur. Il y en a tant !
Prêtres ou moines, j’ai recherché depuis toujours leur contact, comme on est attiré par qui aime la personne la plus importante de sa vie, le Christ. J’en ai rencontré tant qui lui sont tellement configurés qu’en leur compagnie, je me suis sentie presque aussi bien que dans la douceur de l’oraison !
Redevable à jamais au curé de mon enfance qui m’a introduite dans la foi et m’a donné la première communion comme on entre pour toujours au banquet de Dieu. Redevable à sa vision du monde et de l’Eglise qui m’ont toujours gardée d’accorder plus d’importance à la lettre qu’à l’amour du prochain. Redevable à son large sourire qui m’a donné du Christ le plus beau visage qui soit.
A son contact pendant presque dix-huit ans, j’ai appris que l’Eglise et l’Evangile pouvaient se confondre en certaines personnes. Entrer dans la vie avec un tel bagage était précieux mais aussi redoutable, car j’en ai gardé un sens aigu de l’authentique et de son opposé détestable, l’hypocrisie.
Dans la nuit de la foi, j’ai recherché ensuite pendant de longues années des témoins lumineux de l’Evangile, et grâce à Dieu j’en ai croisé un certain nombre, qui m’ont gardée de renier Jésus en qui je ne suis jamais parvenue à trouver aucun défaut.
Hommage à un ami moine pendant plusieurs années, qui m’a réconciliée avec la pertinence de la foi judéo-chrétienne. Hommage à un autre moine âgé, figure même du serviteur fidèle et sensé, qui m’a soutenue par une ardente prière quand je partais à la dérive. Hommage à tous les prêtres qui m’ont accueillie avec respect pour un sacrement de Réconciliation. Je pense en particulier à un prêtre très âgé auquel j’ai confié mon âme pendant des années, qui ne se souvenait presque jamais de mon prénom ni de ma confession précédente, comme Dieu oublie nos péchés une fois que nous les avons humblement reconnus devant Lui, mais qui m’a prise dans ses bras le jour où j’ai pu prononcer le vœu que le Seigneur attendait de moi.
Hommage à mes curés de paroisse, qui me nourrissent de leurs homélies et du Corps du Christ.
Hommage aux amis prêtres que la vie et les réseaux sociaux m’ont donné de connaître. Leur engagement, leur fidélité ecclésiale sont un encouragement permanent à demeurer nous-mêmes dans la fidélité et l’obéissance.
Hommage aux humbles et aux érudits, qui m’édifient autant par leur vie que par leurs connaissances.
Hommage à ceux qui sont chargés de discerner.
Hommage à mes amis en bure de cisterciens, à leur écoute, à leur fidélité, à leurs rires et à leurs bons conseils. Hommage à leurs voix chaudes qui s’unissent dans le chœur de l’abbaye quand ils revêtent leurs coules blanches. Au milieu d’eux, je ressource ma foi et mon quotidien pour de longs mois.
Hommage enfin aux responsables de mon diocèse à qui je dois tant pour de multiples raisons.
Et hommage à celui qui est responsable d’eux tous, à notre cher Pape François qui ne cesse de nous surprendre et de nous édifier.
“Heureux serviteur, que son maître, en arrivant, trouvera à son travail. Vraiment, je vous le déclare : il lui confiera la charge de tous ses biens.”
Image : L’institution de l’Eucharistie Fra Angelico