Il y a un an, je me suis dit : “Ça lui passera.” Elle qui, petite fille, adorait la viande, décidait soudain de ne plus en manger. Quelques écarts, plus par politesse que par envie, mais j’ai dû constater qu’elle tenait bon. J’en ai un peu perdu le goût de cuisiner, surtout pendant nos tête-à-tête.
Elle grandit, elle mûrit. Pas encore en terminale, mais déjà le goût de philosopher. De la sagesse et des arguments. De la cohérence et de la volonté. Je la charrie souvent, mais je respecte aussi ses idées qui se construisent. Elle n’est pas dans un caprice mais dans une recherche de vie harmonieuse, sous-tendue par un grand amour du règne animal.
L’autre jour, au téléphone, elle me supplie : on ira faire les courses ensemble et c’est elle qui fera la cuisine tout le week-end. Végétalienne, parce qu’elle a décidé de franchir ce pas.
Alors hier soir, je me retrouve avec un bien étrange caddie : quantité de légumes et de fruits de toutes sortes, flocons et lait d’avoine, farine de sarrasin, pignons de pin, noisettes, sauce soja, tofou, sirop d’agave… J’en demanderais presque pardon pour le fromage que j’y ai glissé au milieu, pour moi, quand même.
Elle s’est acheté un livre de recettes véganes et elle nous a concocté un menu pour tout le week-end. Longue liste d’ingrédients qu’elle cherche avec patience dans un supermarché ordinaire. Et rien d’autre ne la met plus en appétit.
Je les lis, ses recettes. Elle n’a jamais cuisiné et elle sous-estime la tâche ! Alors je l’aide, elle ne sait pas les rudiments, même végane, on a bien besoin d’une maman à ses côtés pour apprendre à préparer légumes et céréales !
Et nous passons ainsi des moments agréables en cuisine ensemble. Elle les a bien choisies, ses recettes. Saveurs nouvelles et plaisantes. Préparées à deux, mangées en tête-à-tête. Je la découvre calme et appliquée. Elle me tempère quand je m’énerve.
Alors voilà. Je ne sais pas si “ça lui passera.” Je ne sais pas comment elle organisera sa vie en famille et en société. Mais j’ai envie de respecter son choix. Et je l’avoue, quand je regarde les barquettes de viande et que je pense aux abattoirs, j’ai une pointe de mauvaise conscience, là, qui va plutôt en grandissant…
3 commentaires
Quelle belle expérience, Véronique, et comme vous savez la décrire avec délicatesse. Il y a le choix de votre fille, à la fois réfléchi et tâtonnant – en quête de saveurs redécouvertes ! – et il y a cette complicité entre vous deux, comme une louange commune à la création. Merci.
Je vous suggère le livre « Théologie animale » par Andrew Linzey, vous pouvez le trouver en français sur le site de One Voice.
Je l’ai lu car je crois en Dieu mais ne comprenais pas le rapport que nous chrétiens avons avec les animaux, crées par Lui avec tant de soin et de beauté, traités comme des objets sans sensibilité par nous.
Pourquoi un Dieu d’amour aurait créé des êtres sensibles pour ensuite accepter qu’on les fasse souffrir comme nous le faisons?
Ce livre est splendide, il ouvre les yeux et le cœur…
Saluez votre fille pour moi, je ne crois pas que ça puisse lui passer, quand on a “vu” on “sait”… C’est comme la foi.
Bien cordialement 🙂
Merci Angelina pour la référence et votre passage ici !