Quand j’étais petite, je disais que je voulais être vétérinaire. Nous vivions entourés d’animaux : chien, chats, lapins, poules, moutons… Je n’en finissais plus d’élever des hamsters, des cochons d’Inde et des souris blanches. J’essayais aussi les élevages de tétards, tritons, scarabées… Je soulevais les dalles du jardin pour nourrir les poules de gras vers de terre. Et le soir, quand elles étaient perchées dans leur poulailler pour la nuit, j’allais diriger la chorale des gallinacées…
Enfance dépourvue de vacances mais en symbiose avec la nature.
Adulte, longtemps, je n’ai pas voulu d’animaux, mesurant la contrainte que cela avait été pour mes parents, la privation d’une certaine liberté d’aller et venir. Je concédai néanmoins des poissons rouges à mes enfants. Drame quand ils mouraient, ils avaient leur petit coin de cimetière à l’arrière de la maison.
Et puis un jour, une chatte s’invita dans notre jardin et n’en partit plus jamais. Sa douceur, sa discrétion et son affection firent notre tendre joie pendant dix ans. La vieillesse et la maladie eurent raison d’elle, mais elle demeure présente, et repose près de nous, sous les lilas en ce moment fleuris.
Bien vite, nous avons pris un autre petit compagnon, un chaton d’une portée sauvage qui est son opposé en caractère. Petit, vif, chasseur, vindicatif quand il a faim, il est capable aussi d’offrir de longues séances câlines et je le guette avec anxiété quand il disparaît deux ou trois jours, épris de liberté. Il m’offre au quotidien, depuis deux ans, une présence précieuse. Le dialogue avec lui n’est pas vain, il répond par ses miaulements variés à tout ce qu’on lui dit. J’aime l’indépendance mais aussi la grande fidélité des chats.
Je m’attache aussi aux animaux de mon entourage proche. Ma sœur avait une adorable petite chienne, jolie, affectueuse, toujours gentille. Quelle tristesse de la voir décliner dans ses dernières années ! Hier, il a fallu qu’ils lui fassent leurs adieux. C’est une grande peine pour nous tous, il y aura un vide dans cette maison accueillante, dont elle avait pris l’esprit affable. Je pense à elle avec émotion. Ce n’est qu’un animal, diraient certains, agacés. Oui. Mais quand un animal est traité avec respect et affection, il sait bien nous le rendre, et il prend sa petite place, indélébile, dans une famille…