Poser, sur le rebord de la fenêtre, deux bougies.
Voir défiler les hommages qui se multiplient.
Me réjouir que soient en vie tous les amis dont le visage se fond dans un drapeau bleu-blanc-rouge.
Mesurer la chance de n’être pas touchée dans ma chair et mes affections par toute cette horreur.
Ramasser, avec ma fille, douze grands sacs de feuilles mortes.
Réfléchir, chercher et trouver les mots pour en parler à mes jeunes élèves, accueillir surtout leur parole et leurs questions.
Se réconforter mutuellement et se réjouir de se sentir en sécurité dans notre havre de paix niché au creux de la montagne.
Recevoir dans l’émotion, la main sur le cœur, une Marseillaise entonnée dans un stade de foot aux couleurs de notre patrie.
Faire le ménage en écoutant le requiem de Mozart. Se réjouir même de pouvoir faire le ménage.
Ressentir le besoin d’aller voir les miens, de les serrer dans mes bras, promettre de faire une longue route pour prendre la main de ma petite marraine sans famille qui me réclame tandis que la maladie la ronge.
Ne pas nier la mort, ne pas aimer la mort, ne pas se désolidariser de ceux qui meurent.
Prier.
Apprendre une naissance.
Continuer à vivre…