En ce temps-là, Jésus revint à la maison, où de nouveau la foule se rassembla, si bien qu’il n’était même pas possible de manger.
Les gens de chez lui, l’apprenant, vinrent pour se saisir de lui, car ils affirmaient : « Il a perdu la tête. »
Marc 3,20-21
Textes liturgiques©AELF
Jésus, mon frère, comme je te comprends ! Il faut avoir vécu cet étau de la famille unie contre soi pour pénétrer quelque peu ton cœur dans de pareils moments. Avec ta passion, je suis sûre que cela fut l’un de tes moments les plus difficiles. Il faut imaginer cette mère si tendre et si aimante, ces frères qui l’étaient certainement bien moins, pétris peut-être de jalousie spirituelle, prêts à te discréditer jusqu’au bout et à te soupçonner publiquement d’avoir perdu la tête !
Tu as su résister, détourner l’insulte, continuer à évangéliser. Jusqu’au jour où ton propre peuple et ceux qui étaient jaloux de leur pouvoir t’ont fait mettre en croix.
Me reviennent en mémoire des visites impromptues de ma famille pour voir si j’étais encore capable de tenir ma maison. Des conciliabules au téléphone pour décréter qu’il était temps de me faire interner. L’impossibilité de me défendre en raison des connivences entre celui qui allait signer les papiers et ceux qui étaient censés mettre un terme à ces désordres. Je me sentais cernée de partout et dans l’impossibilité définitive de me faire comprendre et de trouver le moindre secours. Quelqu’un, un prêtre, et aussi toute une abbaye, avaient décidé de s’en laver les mains. J’étais condamnée à la descente aux enfers dans un pavillon clos de psychiatrie.
Tu sais Jésus, quand on est femme, c’est bien plus difficile encore de ne pas être regardée comme folle. C’est si courant, de faire passer pour délirante une femme qui dérange ! Quelle façon efficace de s’en débarrasser !
Tu m’as donné de renaître de mes cendres. De discerner, avec toi, ce qui avait été tentation configurant au délire, et vérité de ma prière. Tu m’as demandé de me présenter dans mon témoignage comme malade, pour mieux raboter mon orgueil que j’avais si persistant. Pour laisser à chacun le choix de sa décision personnelle.
Beaucoup se rassurent et se satisfont de barrer mon âme d’un diagnostic psychiatrique.
D’autres demeureront avec cette question lancinante en eux : et si au final, nous avions voulu éteindre l’Esprit à coups d’injections ?
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