Actes 2, 1-11
Psaume 103
Romains 8, 8-17
Jean 14, 15-16.23b-26
Un bruit venu du ciel, un violent coup de vent, des langues de feu… voilà les réalités qui orchestrent la venue de l’Esprit Saint en cette fête de la Pentecôte ! On pourrait dire que le Souffle Divin fait une entrée fracassante dans la vie des apôtres.
Pourtant, cette irruption n’est pas un coup de théâtre ! Dès la Résurrection (Luc 24,49) et avant de monter au Ciel, le Christ avait promis à ses apôtres : « Vous recevrez une force, celle de l’Esprit Saint… qui fera de vous des témoins » (Ac 1.7-8).
Au commencement, lorsque Dieu a créé le ciel et la terre (Gn 1,2), il était déjà question de «l’Esprit du Seigneur qui planait sur les eaux », un peu comme un mystérieux personnage cherchant une piste d’atterrissage…
À la Pentecôte, le Souffle Divin trouverait-il enfin – en nous – une terre d’accueil ?
La Résurrection du Christ trouve son plein accomplissement par le don de l’Esprit. Et cet avènement se manifeste de manière éclatante, nous invitant tous à devenir pleinement participants de la nouvelle création inaugurée par le Christ Ressuscité.
Comme un fort coup de vent, le don de l’Esprit vient bousculer nos existences et faire voler en éclat nos habitudes et nos certitudes. Parce qu’il est souffle de vie, souffle qui renouvelle tout l’univers, il a la capacité de traverser les murs de l’habitation même des apôtres. Sa puissance créatrice va bien au-delà des murs : elle désire changer nos cœurs de pierre en cœurs de chair. Un cœur de chair est un cœur qui se laisse entièrement transformer, transfigurer par l’Amour miséricordieux et gratuit de Dieu. Seul un tel Amour peut faire de chacun de nous, des êtres nouveaux, des êtres entièrement renouvelés par le Christ ressuscité.
Comme un bruit venu du ciel, le don de l’Esprit nous réveille de notre sommeil. Il nous fait passer de la peur à l’assurance ; de la timidité à l’ouverture d’esprit et à la solidarité ; du repli sur soi à l’audace de partager notre foi. Il nous donne le courage de prendre la parole et de témoigner, au cœur de ce monde, de l’Espérance qui nous anime. Mais, plus encore, il nous donne l’intelligence pour passer de la mésentente, on peut dire de la cacophonie (héritée de Babel, symbole d’incompréhension et de division) à la connaissance et à l’harmonie ; de la trahison à la bienveillance et à l’écoute mutuelle, dans le respect de nos différences et l’accueil de nos richesses respectives.
Comme une flamme, le don de l’Esprit ravive en nous le désir de proclamer la Parole de Dieu, d’annoncer la Joie de l’Évangile. Les langues de feu, signes venant d’en haut, deviennent paroles claires sur les lèvres des envoyés (telle est la signification du terme APOSTOLOS = apôtre).
Nos contemporains aspirent à une vie spirituelle ; l’Esprit nous invite à ne pas faire écran à leur recherche de sens. La Parole annoncée aujourd’hui, expliquée, commentée… peut devenir une véritable Lumière sur leur route, une flamme d’Amour dans leur cœur, une vraie nouvelle, une bonne nouvelle dans leur vie.
Et, au fond, n’est-ce pas ce que, tous, nous désirons, ce qu’il nous faut ? Une Parole nourrissante et apaisante. Une Parole qui nous recrée et nous apprend à tisser des relations humaines vraies et profondes ; une Parole qui nous donne la force de surmonter les obstacles que nous rencontrons dans nos existences quotidiennes ; une Parole qui nous permet de communiquer sans artifices et de nous positionner clairement ; une Parole qui nous permet de vivre en hommes et femmes sauvé(e)s.
L’Esprit est cette Présence agissante qui peut donner du sens à notre vie parfois complexe et tumultueuse, mais toujours en quête de cap. L’Esprit ne remplace pas Jésus mais Il lui donne sa juste place dans nos vies. L’Esprit, ce Souffle de la Vie en Plénitude, restera toujours, pour nous, le Consolateur, le défenseur, « l’hôte doux de nos âmes » comme nous le chantons. Hôte divin, il est le maître intérieur qui nous enseigne et guide nos pas à la suite de Jésus-Christ, « le Chemin, la Vérité et la Vie ».
Jésus est rendu présent par nous, chez nous, en nous, Chrétiens… Quelle responsabilité, quelle confiance nous est faite !
Dom Ginepro, Père Abbé