Bien-aimé, je suis déjà offert en sacrifice, le moment de mon départ est venu.
J’ai mené le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi.
Je n’ai plus qu’à recevoir la couronne de la justice : le Seigneur, le juste juge, me la remettra en ce jour-là, et non seulement à moi, mais aussi à tous ceux qui auront désiré avec amour sa Manifestation glorieuse.
Le Seigneur, lui, m’a assisté. Il m’a rempli de force pour que, par moi, la proclamation de l’Évangile s’accomplisse jusqu’au bout et que toutes les nations l’entendent. J’ai été arraché à la gueule du lion ;
le Seigneur m’arrachera encore à tout ce qu’on fait pour me nuire. Il me sauvera et me fera entrer dans son Royaume céleste. À lui la gloire pour les siècles des siècles. Amen.
Deuxième lettre de saint Paul Apôtre à Timothée 4,6-8.17-18
D’aucuns pourraient juger ces lignes de Paul fort orgueilleuses, surtout s’ils ne croient pas en la grâce toujours possible et agissante.
Paul pouvait-il seulement prévoir à quel point l’Evangile allait encore se répandre après lui ? Il a jeté les bases de l’évangélisation, l’Eglise a poursuivi son œuvre. Nous voici, vingt siècles plus tard, dans une Europe qui se déchristianise et certaines contrées où l’Evangile est interdit. Il n’empêche qu’il suffit de le chercher en quelques clics sur internet pour le trouver en de multiples traductions et dans toutes les langues de la terre. Un esprit curieux et libre aura toujours accès à la Parole du Christ s’il le veut bien. Encore faut-il le vouloir, certes. C’est ce qui manque le plus à nos contemporains. Beaucoup croient le connaître parce qu’ils ont une vague image de Jésus et ont entendu quelques-unes de ses paroles. Mais qui fait vraiment l’effort d’ouvrir ce livre de vie et de vérité pour s’en nourrir et le méditer ? Il faudrait être honnête et connaître vraiment les paroles et les actes de Jésus-Christ avant que de les juger obsolètes, ou mensongers, et de les rejeter.
Parfois, je me dis que le monde est en train de se saborder, à mépriser ainsi l’Evangile que Paul a annoncé en son temps avec tant de peine. Car l’histoire de l’Eglise et de la Révélation n’est pas statique et close. Tout n’est pas accompli dans les Ecritures, et nous sommes en marche de façon certaine vers leur réalisation eschatologique.
A force de mégoter sur l’existence ou non du Christ Jésus, sur sa messianité et sur chacune de ses paroles, on se retrouvera fort surpris et en mauvaise posture quand il paraîtra rayonnant de sa Gloire que nul ne pourra plus tenter de lui ravir. Ce sera pourtant l’heure du Jugement, mot honni de nos contemporains s’il en est.