Habituellement, je m’exprime peu ici sur les grands sujets sociétaux qui agitent les débats publics ou privés. Mais j’avoue être heurtée ces jours-ci par la perspective d’une loi autorisant la procréation médicalement assistée pour les femmes célibataires ou les couples de femmes homosexuelles.
D’autres que moi ont des arguments très posés et réfléchis sur la question, et je vous encourage par exemple à lire ce billet de blog de René Poujol, journaliste :
http://www.renepoujol.fr/pma-osons-les-questions-qui-fachent/
Je ne voudrais pour ma part qu’avancer quelques points de réflexion et des constats. Institutrice et en outre maman, je vis au quotidien avec des enfants depuis près de 35 ans, et je pense de ce fait avoir une petite légitimité à m’exprimer.
J’ai eu tout au long de ma carrière des élèves qui n’avaient pas de papa connu ou présent : orphelins de père, enfants de père “démissionnaire” après une séparation, enfants de père connu seulement de la maman. Ils pouvaient être d’excellents élèves, là n’est pas la question, mais je constatais néanmoins à un moment ou à un autre une fêlure : quand les copains et copines racontaient leurs sorties et activités avec leur papa généralement différentes, voire plus ludiques qu’avec leur maman, au moment de la fête des pères où on réalisait une petite carte voire un cadeau pour papa – je sais que le courant de pensée pédagogique actuel proscrit ces pratiques pour coller aux nouvelles règles sociétales – quand ils n’avaient pas de repères masculins autour d’eux pour se projeter dans une ambition professionnelle ou personnelle… Il y avait chez tous ces enfants une souffrance latente plus ou moins apparente mais néanmoins présente.
Je peux même parler de ma situation personnelle d’épouse quittée quand ma dernière fille avait six ans, et de tous ses maux de ventre les années suivantes pendant lesquels elle “voulait papa” qui était sa référence en matière de soins – alors qu’il assumait malgré tout son rôle auprès de nos enfants régulièrement.
Je témoigne simplement de mon constat d’enseignante au plus près des enfants : les plus perturbés psychologiquement et scolairement sont ceux qui ne vivent plus du tout avec leurs parents (enfants placés en foyer ou famille d’accueil) et ceux dont un parent – voire les deux – est notoirement défaillant ou complètement absent. La sagesse populaire a toujours su que l’enfant orphelin ou de “fille mère” comme on disait autrefois affrontait la vie avec plus de difficultés que l’enfant entouré de ses deux parents pour l’éduquer.
J’ai donc du mal à comprendre que l’on veuille de nos jours concevoir artificiellement des enfants en leur imposant d’emblée et pour toute leur vie cette situation. Sans compter le fait d’avoir à comprendre puis à justifier un couple parental homosexuel dès qu’on est tout petit, et de n’avoir aucun accès autorisé plus tard à ses origines génétiques. Toute mère le sait : dès qu’elle est enceinte, on l’interroge sur tous ses antécédents familiaux. La difficulté d’assumer une ignorance à ce niveau-là est déjà sans doute grande pour les enfants adoptés. A plus forte raison pour ceux qui ont été conçus en éprouvette dans le secret de leurs origines paternelles.
Ceux qui m’ont lue jusqu’ici doivent se dire que mon titre n’a rien à voir avec mon billet. Et pourtant…
Qu’est-ce qui motive ainsi le législateur et le médecin à jouer les apprentis sorciers ? Qui a donné un Fils à une femme encore célibataire et vierge ? Et cependant, même dans ce projet fou, Dieu a prévu en Joseph un père pour son enfant. Et si tout son entourage a pensé qu’il était bien le fils de Joseph, c’est tant mieux pour l’enfant Jésus.
Cette pensée me traverse : si cette loi est votée, une vierge pourrait bien de nos jours enfanter.
A l’attention de l’Eglise cette fois, je souligne que l’enfant n’en sera pas plus saint qu’un autre pour autant, preuve s’il en fallait que la sainteté de Jésus n’est pas liée à la virginité de sa mère, mais à l’absence de géniteur masculin dans son histoire. Jésus est Fils de Marie et de Dieu, et tenter de plagier sa conception immaculée ne ferait que souligner que la naissance du Christ n’a rien de commun avec celle d’un enfant conçu par manipulation scientifique sur un projet purement humain.