Qui faut-il être, dis-le moi Bien-Aimé, pour avoir un peu de poids dans les débats ecclésiaux ? Qui faut-il être pour être lu sur les réseaux sociaux ? Qui sont ces autres qui récoltent des commentaires élogieux – ou pas – à tout propos, mais qui au moins sont pris en considération ? Qui sont ces autres dont on sollicite l’avis, le conseil, l’expertise en matière de marche de l’Eglise ?
Je les vois s’exprimer sur l’espace public, ces gens qui ont 1600 “amis” et plus, qui donnent le la en matière de débat sociétal et ecclésial, qui sont d’emblée pris au sérieux parce qu’ils ont un diplôme de journalisme ou de théologie, qui savent débattre et briller dans les échanges à couteaux tirés…
C’est étrange. J’ai – un peu – échangé avec quelques-uns d’entre eux, des gens qui ont un nom, une renommée, une influence, des choses à dire, souvent – presque toujours – sur tous les sujets brûlants… Certains m’ont gratifiée d’une petite réponse à un message, comme une obole à la pauvre fille que je suis. Poliment, toujours, furtivement, toujours aussi. Comme s’il n’était pas question de perdre du temps avec une personne presque anonyme, une internaute sans nom qui ne résonne sur la place publique, une chrétienne sans cursus en théologie, une paroissienne sans mandat, une femme donnée à son Seigneur sans même qu’aucun évêque ne soit au courant…
Je ne suis pas une cérébrale, ni une mondaine, ni une internaute à “followers”. Je ne suis pas en vue dans l’Eglise à laquelle j’appartiens. Ce n’est pas faute d’avoir cherché à être entendue, ou du moins, lue. Mais il y a là comme un plafond de verre. On balaie souvent ma petite contribution, sur les réseaux sociaux, d’un revers de la main un peu gêné. Le commentaire suivant se superpose au mien sans qu’il ait été pris en compte…
Qui faut-il être, dis-le moi Bien-Aimé, pour parvenir à faire entendre le souffle fragile de l’Esprit que tu infuses au creux de l’oraison ? Qui faut-il être ?
Mais au fait, tous ceux-là, ont-ils finalement vraiment envie d’entendre le témoignage sincère et éclairé de l’Esprit, ou se contentent-ils tout simplement de recueillir l’écho de leur propre voix ?
Image : Cantique des cantiques Marc Chagall