Aimez la justice, vous qui gouvernez la terre, ayez sur le Seigneur des pensées droites, cherchez-le avec un cœur simple,
car il se laisse trouver par ceux qui ne le mettent pas à l’épreuve, il se manifeste à ceux qui ne refusent pas de croire en lui.
Les pensées tortueuses éloignent de Dieu, et sa puissance confond les insensés qui la provoquent.
Car la Sagesse ne peut entrer dans une âme qui veut le mal, ni habiter dans un corps asservi au péché.
L’Esprit saint, éducateur des hommes, fuit l’hypocrisie, il se détourne des projets sans intelligence, quand survient l’injustice, il la confond.
La Sagesse est un esprit ami des hommes, mais elle ne laissera pas le blasphémateur impuni pour ses paroles ; car Dieu scrute ses reins, avec clairvoyance il observe son cœur, il écoute les propos de sa bouche.
L’esprit du Seigneur remplit l’univers : lui qui tient ensemble tous les êtres, il entend toutes les voix.
Sagesse 1,1-7
Textes liturgiques©AELF
J’ai déjà eu l’occasion de dire ici à quel point j’aime le Livre de la Sagesse. Son début, donné à notre méditation dans la liturgie d’aujourd’hui, est d’une richesse insondable.
Il est à la fois plein d’espérance pour l’âme qui cherche Dieu, et confondant pour celle qui le rejette a priori. Car il est facile de dire “Je crois en Dieu”, ou “Je ne crois pas en Dieu”, mais je trouve que personne ne devrait faire l’économie, sa vie durant, de la recherche de la vérité. Et comme le disait si bien Edith Stein : “Qui cherche la vérité cherche Dieu, qu’il en soit conscient ou non.” Cette phrase m’a beaucoup portée dans ma vie spirituelle. Vraiment, je suis tout à fait sûre qu’aucun quêteur honnête de vérité ne pourra rester toute sa vie sans bénéficier de signes personnels, oh certes discrets, mais néanmoins parlants, de la part de Dieu pour l’amener vers Lui. Une recherche honnête trouve toujours grâce à ses yeux. Ce que le Très-Haut aime, c’est précisément qu’on le recherche ! Mais il faut le faire en se dépouillant de l’orgueil qui nous pousse à nous croire auto-suffisants, et du choix de la facilité qui consiste à penser comme la majorité pense, comme il est de bon ton de penser. Autour de moi, je vois beaucoup de gens qui paraissent de bonne foi et “tolérants” – c’est le mot à la mode – qui se prétendent amis des minorités stigmatisées, qui ont des tas de maximes et de pensées nobles à la bouche, mais qui cultivent au fond d’eux-mêmes une indifférence totale, voire une vraie haine à l’égard de l’Evangile. Je me dis souvent que nier l’existence de Dieu ou s’indigner de son silence face au malheur de nos proches, c’est faire preuve d’une certaine malhonnêteté intellectuelle, surtout à l’âge de la maturité, quand on a tout de même eu le temps d’explorer de près certaines questions. Parfois, le doute devient une posture un peu snob, qu’on choisit pour être apprécié en société, pour ne pas paraître faible et crédule, et, il faut bien le dire, pour se débarrasser à peu de frais des questions morales.
Ayant longtemps douté moi-même, je ne suis pas intolérante au doute et à l’incroyance. Mais j’aurais tendance à dire : un temps pour tout, et s’installer toute sa vie dans le rejet de l’idée même de Dieu, c’est avoir davantage confiance en soi-même qu’en des millénaires de témoignage de croyance.
Là réside souvent la difficulté : les incroyants refusent de faire confiance à l’expérience de Dieu d’autrui. On réduit cette expérience à un choix personnel. Pire, on ne s’intéresse pas aux raisons de croire de l’autre, on n’accepte pas de cheminer un temps avec le témoin pourtant authentique.
Cette posture est cependant fort risquée : confronté au deuil, à l’épreuve, à l’approche de la mort, on se trouve bien démuni, privé d’espérance et de perspectives. Et comme le disait l’extrait d’évangile d’hier en Matthieu 25, 1-13, on court le risque énorme, au jour du face-à-face inéluctable avec Dieu, de l’entendre nous dire :
‘Amen, je vous le dis :
je ne vous connais pas.’