La voix de mon bien-aimé !
C’est lui, il vient…
Il bondit sur les montagnes,
il court sur les collines,
mon bien-aimé, pareil à la gazelle,
au faon de la biche.
Le voici, c’est lui qui se tient
derrière notre mur :
il regarde aux fenêtres,
guette par le treillage.
Il parle, mon bien-aimé,
il me dit :
Lève-toi, mon amie, ma toute belle,
et viens…
Cantique des cantiques 2, 8-10
Textes liturgiques©AELF
Finalement, le choix de ce texte liturgique quelques jours avant Noël a de quoi surprendre… J’ai déjà lu que le Cantique des cantiques parlait du Christ et de Marie dans certaines interprétations à l’extrême du catholicisme. Je trouve un tel rapprochement très hasardeux voire choquant. Comment plaquer sur une relation mère – fils un aussi beau chant d’amour sponsal ? Cela ne peut être que le fait de vieux garçons en manque de figure féminine dans les Ecritures, la doctrine et leur quotidien, à mon avis. L’interprétation plus convenue, c’est que ce poème concerne le Christ et l’Eglise. Mais que cela est flou ! Qui est l’Eglise, à une époque où le christianisme est si morcelé, où nombre de chrétiens baptisés ne pratiquent plus leur foi nulle part, où le terme même d’Eglise renvoie à des images de parterres de prélats en soutane qui cultivent l’entre-soi, à l’exclusion de toute femme ?
C’est aussi très étrange de faire venir cette lecture liturgique au moment où on célèbre le Christ Jésus bébé. C’est encore hors de propos, toujours à mon humble avis. La jeune fille enceinte de Jésus ne pensait certainement pas à lui comme à un fiancé ! D’ailleurs, en Joseph elle en avait déjà un, sans doute tout à son goût, même s’il n’était pour rien dans cette conception virginale.
Je connais très bien les sentiments qu’on éprouve quand on attend un premier enfant désiré, consenti. C’est une immense vague d’amour qui envahit la future maman, mêlée d’une pointe d’appréhension qui finalement durera toute la vie de l’enfant, à chacune des étapes de son développement. Là non plus, rien à voir avec le Cantique des cantiques qui est un chant d’amour entre fiancés épris l’un de l’autre et déjà travaillés par le désir. Le mettre en parallèle avec l’amour maternel, je trouve cela franchement indécent.
Alors, qui sont-ils, ce bien-aimé et sa bien-aimée ? Dieu et l’humanité, je veux bien. Mais c’est peu dire que cette humanité est bien moins empressée vis-à-vis de son Dieu que la fiancée du Cantique !
Je trouve assez regrettable qu’au moment liturgique même où on célèbre l’incarnation du Rédempteur, on lui dénie en quelque sorte son humanité. Tout est exprimé comme si le Christ n’avait pas vraiment eu de corps humain, masculin. On revient chaque année en arrière pour le célébrer bébé. Pour moi, rien à faire, je n’ai pas de dévotion à Jésus bébé dans des bras. Aimer à l’infini chaque bébé que j’ai pu serrer contre mon cœur, oui. Mais quant à Jésus, je n’ai pas à proprement parler de relation au bébé qu’il a été. Je le pense, l’aime et le prie dans la force de sa maturité d’homme. Je ne suis pas sa mère ! Ni une créature en mal d’enfant.
Bienheureuse Sulamite, qui a chéri son Bien-Aimé comme une femme peut chérir un homme ! Bienheureuse l’âme mystique qui rencontre le Christ accompli, ressuscité, Roi de gloire pour l’Eternité !
Image : Cantique des cantiques 1-4 Le peintre Benn (XXe)
1 commentaire
Et puis là, une prédication protestante qui me plaît bien…
https://www.eretoile.org/Predications/cantique-des-cantiques.html