Pitié, mon Dieu ! Des hommes s’acharnent contre moi ;
tout le jour, ils me combattent, ils me harcèlent.
Ils s’acharnent, ils me guettent tout le jour ;
mais là-haut, une armée combat pour moi.
Toi qui comptes mes pas vagabonds,
recueille en tes outres mes larmes.
Le jour où j’appellerai, mes ennemis reculeront ;
je le sais, Dieu est pour moi.
Sur Dieu dont j’exalte la parole,
sur Dieu, je prends appui :
plus rien ne me fait peur !
Que peuvent sur moi des humains ?
Mon Dieu, je tiendrai ma promesse,
je t’offrirai des sacrifices d’action de grâce ;
car tu m’as délivré de la mort
et tu préserves mes pieds de la chute.
Psaume 55 (56), 2-3, 9ab-10, 11a.12, 13-14ab
Textes liturgiques©AELF
S’il y a le harcèlement guerrier que le psalmiste affronte ici, il existe aussi le harcèlement moral, très développé de nos jours, que ce soit dans le couple ou au travail. Dieu m’est témoin que je l’ai supplié bien des fois, par le passé, de “recueillir en ses outres mes larmes.”
On parle beaucoup du martyre chrétien jusqu’au sang, qui malheureusement, comme nous le répète souvent le Pape François, est plus courant de nos jours qu’aux premiers temps de l’Eglise. Par contre, je trouve que l’on parle peu du martyre jusqu’aux larmes, qui touche peut-être davantage de femmes que d’hommes. En guerre ou dans les sociétés dites “en paix”, nous sommes peut-être moins agressées jusqu’au sang que nos vis-à-vis masculins. Il ne faudrait pas en déduire que le martyre des larmes et de la souffrance morale n’est rien. Une souffrance due au harcèlement moral continu peut être véritablement crucifiante. Le conjoint violent psychologiquement, les collègues qui médisent, manigancent et ne voient pas la générosité de votre investissement entier et sincère sont autant de sources de blessures psychiques intenses qui peuvent conduire certaines personnes à la dépression sévère, voire à l’ultime du suicide. J’aimerais parfois, qu’en Eglise, cela soit davantage reconnu et débattu. Il y a justement une manière faussement angélique d’intimer à une personne en souffrance de “tout pardonner”, ce qui fait finalement le triomphe du harceleur. De victime de harcèlement, on se retrouve piètre chrétien qui ne sait pas pardonner “comme Jésus à ses bourreaux.” Faisons attention à ce que nous disons ! Personne n’est obligé de mourir sous les coups du harcèlement moral par souci d’être un bon chrétien. Et le confesseur ou confident qui conseille de pardonner 70 fois 7 fois est peut-être coupable dans ces cas-là de non-assistance à personne en danger.
“Recueille en tes outres mes larmes.”
Parfois, il n’y a véritablement plus que Dieu pour recueillir pareille prière.
Grâce lui en soit rendue !
2 commentaires
Je te rejoins complètement ! Et ce psaume est très beau ! Sur le pardon dans ce type de cas, je te conseille un livre admirable de Lytta Basset, Aimer sans dévorer, qui est très libérateur sur cette idée de pardonner à tout prix. Elle en a aussi écrit d’autres sur le pardon que je n’ai pas lus. Courage ! Je sais à quel point c’est dur ! Je vais prier pour toi, et dis toi que Dieu finit toujours par avoir pitié et renverser la vapeur.
Merci à toi Grenouillette ! Par confiance en Dieu, je sais heureusement que le pire est déjà loin derrière moi. Sur le plan professionnel, je cherche maintenant à m’affirmer un peu pour être mieux respectée.
J’ai un livre de Lytta Basset sur mon étagère depuis longtemps, j’attends des vacances vraiment reposantes pour m’y plonger !
En union de prière avec toi, amitiés,