C’était il y a quarante-cinq ans aujourd’hui, un dimanche de la saint Jean Baptiste aussi. Pour la première fois, je recevais le Corps du Christ. Avec une très grande foi.
J’ai raconté dans mon récit téléchargeable sur ce site quelques détails de cette journée, aussi ne vais-je pas y revenir.
Ce que je voudrais souligner, c’est que je pense, depuis, ne jamais avoir communié sans foi en la Présence Réelle du Seigneur dans l’Eucharistie. C’est un mystère auquel je crois très profondément. Et quand le doute m’a saisie à l’entrée dans l’âge adulte, j’ai cessé de communier tout le temps où cela a duré, même quand j’allais à la messe pour des raisons de fêtes familiales. Je crois pouvoir dire que je m’en suis tenue aux prescriptions de l’Apôtre Paul :
Et celui qui aura mangé le pain ou bu la coupe du Seigneur d’une manière indigne devra répondre du corps et du sang du Seigneur.
On doit donc s’examiner soi-même avant de manger de ce pain et de boire à cette coupe.
Celui qui mange et qui boit mange et boit son propre jugement s’il ne discerne pas le corps du Seigneur. ( 1 Corinthiens 11, 27-29 – Textes liturgiques©AELF )
Cela fait une bonne vingtaine d’années que je suis redevenue pratiquante régulière, et le sacrement de l’Eucharistie me nourrit toujours autant et même de plus en plus.
Viendra-t-on donc un jour me reprocher de ne pas en être digne parce que depuis longtemps, je ne crois pas que Jésus “venu dans la chair” ait traversé magiquement à sa naissance la paroi abdominale de sa mère ? Dieu a toujours haï la magie, et il en aurait mis là, dans cette naissance de son propre Fils – conçu sans l’intervention d’un géniteur masculin, certes, cela est ma foi profonde – mais Dieu serait-il allé jusqu’à donner à Jésus une chair qui ne soit pas vraiment une chair et qui puisse se dématérialiser au moment de quitter le sein maternel pour traverser les voies naturelles de la naissance sans laisser aucune trace de son passage ?
J’ose évoquer ce sujet, car le malentendu n’a que trop duré dans l’Eglise catholique. Une doctrine a été élaborée par des hommes – et rien que des hommes mâles – peut-être prudes, peut-être naïfs, peut-être ignorants de ce qu’est le corps d’une femme, une doctrine a été montée de toutes pièces sur le Protévangile de Jacques, absolument pas canonique, les combats ont été féroces autour des différents conciles pour perpétuer cette doctrine de “Marie toujours Vierge” mais je ne parviens absolument pas à en comprendre l’intérêt, sinon une intention un peu à la limite de la malice d’humilier toutes les autres mères qui, depuis la nuit des temps, savent qu’enfanter, c’est aussi ne plus être vierge.
Mais il faut bien justifier, par des doctrines qui s’enchevêtrent, celles du péché originel et de l’indignité d’une femme ordinaire à enfanter le Messie, il faut bien justifier le Magistère et l’Infaillibilité pontificale, il faut bien justifier les sermons exaltés de Saint Bernard, qui sont traités comme paroles d’évangile, de même que les “visions” de telle ou telle mystique contrôlées de près par un “directeur spirituel” – clerc homme bien sûr.
Alors voilà, il y a quarante-cinq ans aujourd’hui, j’ai communié pour la première fois avec ferveur au Corps du Seigneur à qui j’ai désormais voué toute ma vie, je crois sans faillir en sa Présence Réelle dans l’Eucharistie, mais il se pourrait bien qu’à force que je dise et répète que l’hymen de Marie n’est qu’une membrane sans intérêt théologique, on m’en veuille jusqu’à m’exclure de cette Eglise à laquelle je demeure pourtant fidèle, par amour vrai de Dieu, de sa Parole et des sacrements.
Image : Le Christ en prison Jean-Jacques Henner XIXe Musée Unterlinden de Colmar
3 commentaires
Mais, autant que je sache, cette idée de virginité pendant l’accouchement (qui en effet est absurde, et de plus irrespectueuse de l’intimité de Marie) n’est pas un article de foi. La virginité perpétuelle de Marie à laquelle nous croyons, ce n’est pas ça : c’est de croire que Marie a toujours vécu avec Joseph dans la continence, et n’a donc pas eu d’autres enfants. Parce que, comme disait ma mère, si elle en avait eu d’autres, elle n’aurait pas pu les aimer autant qu’elle aimait Jésus…
Bonjour Dominique, et merci pour ton commentaire ! ,
Je cite l’article 499 du catéchisme de l’Eglise catholique :
“L’approfondissement de sa foi en la maternité virginale a conduit l’Église à confesser la virginité réelle et perpétuelle de Marie (cf. DS 427) même dans l’enfantement du Fils de Dieu fait homme (cf. DS 291 ; 294 ; 442 ; 503 ; 571 ; 1880). En effet la naissance du Christ ” n’a pas diminué, mais consacré l’intégrité virginale ” de sa mère (LG 57). La liturgie de l’Église célèbre Marie comme la Aeiparthenos, ” toujours vierge ” (cf. LG 52).”
Cela me semble clair, certains théologiens ont beau dire de nos jours “Mais on ne parle pas de virginité gynécologique !” , cette croyance est inscrite dans le catéchisme et beaucoup s ‘y cramponnent quand on la remet en cause.
J’aimerais avoir le ressenti d’autres catholiques que moi sur cette question qui remet quand même sacrément l’infaillibilité du Magistère en cause si même les théologiens ne croient plus en cette idée de la virginité “pendant l’accouchement.”
C’est parce que j’aime profondément Marie et que, proche d’elle dans ma prière, je ne veux aucunement lui manquer de respect, que je me bats sur cette question. Les clercs seront toujours trop prudes pour en parler explicitement, nous qui sommes femmes et mères de famille, nous ne sommes pas obligées de cautionner une doctrine qui humilie toute mère forcément non vierge du moment qu’elle donne la vie – encore que de nos jours, une vierge puisse se faire inséminer et demeurer vierge en accouchant par césarienne. Cela ne fera pas de son enfant un saint !
Pour ce qui est des frères et sœurs de Jésus, même si je respecte ce que t’a enseigné ta maman, Dominique, je ne suis pas du même avis, j’ai déjà développé mes arguments ici :
https://www.histoiredunefoi.fr/meditations-bibliques/7701-nest-charpentier-fils-de-marie-frere-de-jacques-de-jose-de-jude-de-simon-marc-6-3
Bien amicalement,
Jésus serait né par voie naturelle: je le crois aussi Véronique, et beaucoup de catholiques, et des prêtres aussi! C’ est important théologiquement car on ne voit pas pourquoi Jésus aurait fait parenthèse, dans son humanité, de ce passage de la naissance. Bonne semaine å toi