La délicate et talentueuse théologienne et essayiste Monique Durand-Wood me pardonnera de m’inspirer du titre d’un de ses magnifiques livres pour rédiger ce billet. J’avais parlé de son ouvrage ici :
https://www.histoiredunefoi.fr/blog/3726-ajouter-foi-la-folie
Aujourd’hui, je lance un appel pressant à ceux qui me lisent. J’aimerais que l’on ne considère plus mes écrits comme émanant d’une personne peu équilibrée psychiquement, pour ne pas dire malade mentalement. Je m’en explique.
J’ai fait le choix difficile et coûteux, dans mon récit “Histoire d’une foi”, de ne rien occulter de mon parcours spirituel de la toute petite enfance à l’année 2011. J’avais rédigé ce témoignage de façon chronologique, et je dois dire que la chapitre “La maladie” a été le plus difficile à écrire, j’ai dû affronter ma propre pudeur et mes résistances intérieures pour accepter de l’inclure et de le diffuser. Mais bien évidemment, sans ce chapitre-là, mon témoignage de vie et de foi perdrait beaucoup de son sens. Et cependant, c’est bien de ma foi que j’ai voulu de bout en bout témoigner, de même que je n’ai pas fait depuis 2012 de ce site internet un lieu de débat sur la maladie mentale.
Alors je dois dire aujourd’hui que quand on me réduit encore à une pathologie mentale qui a traversé ma vie, j’en suis blessée et je ressens de l’injustice. Je me souviens très bien de la réaction du premier prêtre qui a lu mon manuscrit : “Vous êtes d’une grande lucidité.” Oui, j’étais en voie de résilience à l’époque, et aujourd’hui, huit ans plus tard, je considère, et j’aimerais qu’on le sache, le trouble mental comme un épisode qui est très loin derrière moi. Je demeure sous traitement médical, oui, je ne m’en cache pas, mais justement, vais-je dire, une personne efficacement soignée pour des variations chroniques de l’humeur est bien plus équilibrée, quand le traitement est parfaitement adapté sur le long terme, que n’importe quel individu en proie à ses propres névroses non résolues. J’ai suivi aussi une très longue psychothérapie qui m’a permis de me connaître moi-même bien mieux que la moyenne, j’en suis certaine, et de résoudre en moi des blessures nombreuses et diverses qui n’affectent plus aujourd’hui ma sérénité quotidienne. Il y a, dans ma vie bien assumée, peu de questions béantes que je n’aie affrontées courageusement, très peu de dilemmes intérieurs non résolus, et pratiquement aucune histoire d’amour ou d’amitié qui n’ait été interrogée et résolue jusqu’à son terme apaisant. De même qu’en famille, j’ai des relations affectueuses et chaleureuses avec absolument tout le monde.
Alors, amis lecteurs, imaginez ma peine quand je songe à l’Eglise catholique qui a dans son arsenal de “discernement spirituel” des clauses qui excluent de toute attention les personnes ayant présenté un jour des “troubles psychiques”.
Imaginez ma révolte quand, sur le net, des interlocuteurs anticléricaux voire christianophobes me considèrent avec condescendance, me jettent à la figure des soupçons de “névrose chrétienne”, se gaussent de ma consécration au Seigneur comme relevant d’un état de vie pathologique et de ma lucidité quant au péché intrinsèque de l’homme comme de la misandrie de pauvre fille ayant des problèmes non résolus avec la gent masculine. Je tairai l’expression française détestable qui leur vient forcément à l’esprit.
Chers lecteurs, je suis une chrétienne ardente et convaincue que jamais rien de plus beau ne fut donné à l’humanité que la vie et la parole du Christ Jésus au milieu des hommes et des femmes de sa génération. Et si je crois comme à la première des évidences à sa résurrection, c’est que sa parole et sa présence vivantes m’habitent tous les jours de ma vie, depuis bien des années et même depuis presque toujours. Alors, enfin, je voudrais que l’on retranche les soupçons de folie de ce qui, en moi, n’est que foi brûlante et besoin irrépressible d’en témoigner.
4 commentaires
Un autre proverbe que j’aime beaucoup : la bave du crapaud n’atteint pas la blanche colombe.
Bah…. les chiens aboient … et la caravane passe ! Soyez bénie !
Merci Claire ! Je me souviens, à l’époque où nous échangions sur un forum auquel je dois beaucoup, d’une modératrice qui avait écrit à mon sujet : “Je trouve * tellement saine d’esprit ! ” Cela m’avait profondément réconfortée dans des moments où je me débattais notamment contre cette étiquette de déséquilibrée dont on cherchait à m’affubler définitivement !
merci pour ce beau témoignage – souvent des moments de maladie mentale permette une évolution “belle” de la personne mais certaines personnes du voisinage restent rivées sur ce temps et ne savent pas évoluer . Essayons aujourd’ hui d’évoluer la personne et de la vivre aujourd-hui. Le Christ ne juge jamais toujours il essaie de faire évoluer la personne – de la guérir – c’est notre travail aussi sur terre.