Un parquet ancien, des plafonds hauts, une table ronde avec une nappe en dentelle blanche… Se poser là, déposer, écouter, accueillir, confier, approfondir, rechercher le sens, tracer une direction, mettre en parallèle avec l’Evangile qui nous nourrit toutes les deux.
J’en oublie pourquoi je m’étais privée quelque temps de ce partage si précieux. Les scrupules sont balayés. La relation est toujours là, vive, réciproque, pleine à la fois de respect mutuel et d’amour vrai. Nous avons tant en commun, elle et moi ! Un métier-passion, la foi vivante jusqu’à la consécration de nos vies, l’amour brûlant plus que tout pour le Christ.
J’avais peur de la pousser trop loin dans ses retranchements de loyauté vis-à-vis de l’Eglise, mais non, elle accepte ma parole et ce que j’écris, elle y voit le vrai, elle m’éclaire de son expérience de la vie religieuse, de sa si longue fidélité à ses engagements de jeunesse. Elle dit que je ne suis pas hérétique, malgré le manque d’orthodoxie assumé de ma foi. Elle comprend, elle, que j’ai aussi une foi mariale, même si elle n’est pas conventionnelle, même si je pousse à l’extrême mes questionnements. Elle accepte même que je puisse avoir certains éclaircissements, dans ma prière, que l’Eglise institutionnelle n’a pas forcément.
Alors oui, j’ai bien fait de retourner la voir, de renouer avec le doux rendez-vous de l’accompagnement spirituel. Savoir que je ne chemine pas complètement seule sur les sentiers exigeants de ma foi. Avoir une interlocutrice de choix dans cette Eglise où j’ai parfois été si mal accueillie. Elle, elle comprend beaucoup et ne juge jamais. Précieux regard sur ma vie intérieure, solide main tendue à ma fidélité à mon baptême et à mes vœux personnels.
Nous avons parlé aussi des bruits du monde, des églises profanées, de la lutte pour demeurer authentiques et fidèles aux sacrements malgré tout le mal qui sourd du cœur même de l’Eglise et qui se dit présentement d’elle.
Toute une vie de fidélité à une vocation religieuse, contre vents et marées, en exemple devant moi. Et la suprême liberté qu’elle prend de m’écouter sans se scandaliser.
Ce soir, j’ai envie de rendre grâce. Pour tous ceux qui demeurent, humbles et discrets, dans une grande fidélité à l’appel reçu un jour du Seigneur, Lui notre unique phare et notre ultime amour.