J’ai eu cette chance, petite fille et adolescente, d’être élevée dans la foi par des parents très simples mais profondément chrétiens. Et notre guide dans cette foi, c’était un curé de village qui vivait l’Evangile dans chaque aspect de sa vie. Il ne nous donnait jamais de leçons de morale, n’interrogeait pas sur le catéchisme, ne nous apprenait pas les longues génuflexions, incitait au dialogue vrai d’égal à égal même dans la confession. Il s’appelait Jean, et a été vraiment grâce de Dieu dans nos vies. Il nous a appris à vivre en cohérence avec l’Evangile, à nous soucier du prochain tout autant que de la messe dominicale, à discerner dans nos vies ce qui relevait de l’injustice et qu’il convenait, avec la foi au Christ, de chercher à combattre. Quand je repense à lui, c’est toujours avec gratitude pour la vérité de sa personne, et son très grand sourire est resté gravé en mon cœur pour toujours.
Je lui avais écrit, au soir de sa vie, longtemps après son départ de notre village pour une retraite en d’autres contrées. Il m’avait répondu très chaleureusement : “C’est rare, tant de fidélité !” Mais je comprends mieux aujourd’hui, dans cette tempête que l’Eglise catholique traverse, que c’est lui aussi qui était une personne rare et précieuse. Quand l’Evangile a pris pour vous, dès l’enfance, le goût de la rectitude et de la vérité, vous pouvez sans aucun mal faire du Christ Jésus un compagnon de route quotidien qui vous éclaire à chaque instant dans tous vos choix personnels.
Jean a été grâce dans ma foi naissante, et le Seigneur a bien voulu doubler cette grâce en me donnant à vivre une vie ressemblant à celle de son Fils, dans une certaine symétrie. Je pourrais n’en plus finir d’évoquer nos existences en miroir. Jésus a eu un papa charpentier, et moi un papa menuisier. Et tous deux, la maman la plus fidèle possible à la foi de ses ancêtres, vivant sa vie de mère de famille dans une très grande humilité.
Nous sommes l’un et l’autre des enfants de foyers modestes. Et nous en avons gardé le goût de la simplicité et l’aversion pour les richesses.
Le même Père, aussi. Jésus est son Engendré, et moi j’ai le droit de me dire Sa fille par le baptême que j’ai reçu à deux semaines de vie.
Une fratrie nombreuse : Jésus a des frères, et moi des sœurs.
Une enfance dans la foi, comme je l’ai dit plus haut. Ce n’est qu’à dix-huit ans que j’ai commencé à douter, pour les raisons que j’ai évoquées dans “Histoire d’une foi”.
De la vie de Jésus, nous ne savons pratiquement rien jusqu’à ses trente ans. C’est alors qu’il entre dans son ministère de prédication de la parole de son Père.
En parallèle, je reprends à la trentaine ma quête ardente de la foi, pour retrouver une joie de croire et une intimité plus forte que jamais avec le Père et le Fils, dans le feu brûlant de l’Esprit. Tout en me gardant des marges de l’Eglise, que ce soit l’exubérance suspecte des charismatiques ou le légalisme sclérosant des traditionalistes. Je reviens vers l’Eglise dans sa plus simple expression : une paroisse rurale sur mon nouveau lieu de vie. Et je m’y intègre.
Jésus a été un prédicateur itinérant ne possédant rien à lui.
Je suis femme, mère de famille, et la providence et mon travail m’ont accordé un toit sous lequel je suis heureuse et en sécurité. Je ne pense pas que Dieu attende des hommes et des femmes la même attitude en matière de mission : une femme a davantage besoin d’un foyer, de sécurité, de stabilité au quotidien. Je discerne bien ma propre mission, mais pas sur les chemins et dans les faubourgs : d’abord, j’ai donné moi-même la vie, ce qui nécessite que je conserve un “nid” pour pouvoir accueillir de temps en temps mes enfants déjà grands. Et j’ai aussi choisi un métier qui me met quotidiennement au service du plus petit : j’aime ce métier d’enseigner à des enfants à lire, écrire, compter, raconter, comprendre le monde dans lequel ils vivent. Telle est ma mission vis-à-vis du frère et de la sœur. Et Jésus n’a-t-il pas été le meilleur pédagogue de tous les temps ?
Alors bien sûr, j’ai à enseigner aussi l’Evangile, en tant que chrétienne baptisée, mais cela, je ne peux pas le faire auprès de mes élèves dans l’école laïque française. Et me voici donc, amis lecteurs, sur ce site dont la seule ambition est de rendre actuel l’Evangile du Christ. J’ai eu la chance de comprendre cet Evangile dès mon plus jeune âge, parce que tous mes aïeux étaient agriculteurs, et que mes parents cultivaient des champs et nourrissaient des élevages pour subvenir à nos besoins. Les paraboles agricoles de Jésus m’ont toujours parlé. Je suis consciente cependant qu’elles peuvent paraître obscures à des esprits citadins. C’est la raison pour laquelle je reprends souvent les Ecritures en tentant de les traduire dans notre quotidien du XXIe siècle.
Et enfin, Jésus était homme, et moi je suis femme. Il s’est entouré de disciples hommes comme il convenait en son temps. Mais il faut discerner dans le meilleur de ses actes et de ses paroles toute sa sollicitude et sa bienveillance vis-à-vis de chaque femme rencontrée. Jamais Jésus ne s’est aigri contre une femme, et je n’aurai de cesse de le souligner. Et comme il nous révèle le Père, il est aisé de comprendre que nous ses filles tenions une place de choix dans ce grand Cœur aussi maternel que paternel. Toutes les brimades que les femmes endurent de par le monde au soi-disant nom de Dieu sont des préceptes masculins dont certaines femmes par trop soumises aux hommes ou complaisantes avec eux se rendent complices.
Je finirai par la Croix du Christ, qui est au terme de sa vie terrestre. Proche de Lui, j’y ai goûté, ô combien ! Mais pour moi, et j’en ai été instruite dans ma prière, elle ne se profile plus au terme de ma vie, car je l’ai déjà presque entièrement assumée. Jésus fut crucifié par son peuple et l’occupant romain pour blasphème, Lui que l’on accusait de se dire Fils de Dieu.
Que l’on me pardonne ce parallèle, mais j’ai tout de même vécu les souffrances insignes d’un internement et même d’une sorte de répudiation pour m’être dite fille de Dieu… ce que par mon baptême, je suis pourtant.
Mort et résurrection…
Jésus a une postérité infinie.
Et moi, je n’aurai de cesse de témoigner ici de ma parfaite résilience et de la vérité de chaque verset de l’Evangile de mon Bien-Aimé.
Pour la gloire de Dieu et le salut du monde.