Comme je n’en suis plus à un risque d’excommunication près – nous verrons bien s’il est plus difficile de rester au cœur de l’Eglise catholique de son baptême quand on en conteste la doctrine que quand on a violé des enfants ou des religieuses – je précise le fond de ma pensée sur le catéchisme de l’Eglise catholique romaine.
Je n’en parle pas par méconnaissance. Un prêtre à qui je m’étais confiée – durant peu de temps heureusement – me conseillait il y a quelques années d’en faire mon livre de chevet pour bien demeurer en phase avec l’Eglise. Je l’ai donc acheté dans une belle édition, et entrepris de le lire. J’avoue que je n’en suis pas venue à bout. L’Evangile me tentait bien plus, et d’ailleurs, quand j’ai confié ma perplexité devant le conseil de cet “accompagnateur spirituel” réputé à un ami moine cistercien aguerri à la vie monastique et qui plus est ancien prêtre diocésain, celui-ci m’a répondu : “Véronique, c’est l’Evangile qu’il faut méditer.” Dont acte.
J’ai gardé ce CEC relié un certain temps sur mon chevet, en en relisant des pages au gré de mes questionnements et de mes bouillonnements intérieurs. Puis, à l’occasion d’un grand rangement, je l’ai remisé sur une étagère, où il est mieux que si près de mon lit.
Mais si je le conteste, ce n’est pas que par convenances personnelles, comme on pourrait me le reprocher. D’où émane-t-il, ce sacro-saint catéchisme ? Wikipédia n’est pas beaucoup plus fiable, mais dans cet extrait d’article, l’information, je pense, n’est pas contestable :
“Jean-Paul II forme en 1986 une commission de douze cardinaux et évêques, présidée par le cardinal Ratzinger (futur pape Benoît XVI), alors préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, et assistée par un comité de rédaction de sept évêques résidents. Le secrétaire de rédaction de cette commission est Christoph Schönborn. Un grand nombre de spécialistes sont consultés. Et pas moins de neuf versions successives sont produites jusqu’au résultat final. Ce travail fut suivi de près par Jean-Paul II.” [Fin de citation]
Nous y voilà. Jean-Paul II, et des hommes d’Eglise. Rien que des hommes, cela va de soi. Ils élaborent tout le code moral et l’interprétation des Ecritures qui sont censés convenir aux catholiques. Et cela devient coercitif. Ce catéchisme-là a plus de trente ans, et il demeure la référence absolue, le contester est une faute contre “la foi”.
Et bien moi, je le conteste. Parce qu’il est un empilement de recommandations morales qui débordent de partout le cadre pourtant suffisant des Ecritures. Parce qu’il est élaboré, pensé, écrit, recommandé par des hommes qui cultivent l’entre-soi masculin et n’y entendent pas grand-chose à l’âme, au corps et à la vie d’une femme. Parce que très peu d’auteures femmes y sont citées, très, très peu, j’en avais fait le bilan dans ce billet-ci en 2015 :
https://www.histoiredunefoi.fr/blog/5609-10
Enfin, parce que je ne suis pas obligée d’être une inconditionnelle de Jean-Paul II. Les récentes révélations sur l’inaction du Vatican pendant toutes les années de scandales de crimes pédophiles, de viols de religieuses, d’affaires d’abus spirituel dans des communautés nouvelles mettent à mal, c’est le moins que l’on puisse dire, l’aura de sainteté dont l’Eglise s’est empressée d’entourer cet homme. Je ne dis pas qu’il ait été coupable de tels agissements. Mais responsable en place de l’incurie généralisée, oui, il l’a été.
Quant au “secrétaire de la rédaction” le cardinal Christoph Schönborn, à mon sens, il prouve très largement sa défaillance en matière de discernement spirituel par sa complaisance non dissimulée pour les phénomènes de Medjugorje, auxquels, comme chacun sait, je suis pour ma part viscéralement hostile.
“La vérité vous rendra libres”.
Le catéchisme de l’Eglise catholique n’est pas, n’a jamais été et ne sera jamais une sorte de vérité révélée à laquelle je me réfèrerais aveuglément pour ma vie dans le Christ.
Advienne que pourra si je l’affirme aujourd’hui.
2 commentaires
“Certains chrétiens proclament cependant « Je n’ai besoin que de la Bible ». Mais cette notion n’est pourtant pas enseignée dans la Bible. En fait, la Bible enseignerait plutôt le contraire (2 Pi 1, 20-21 ; 2 Pi 3, 15-16). La théorie du « seulement la Bible » n’a été retenue par personne dans les premiers temps de l’Eglise.”
https://qe.catholique.org/pourquoi-l-eglise/7120-ecriture-ou-tradition
Franchement Alain, m’opposer ce texte de “Catholique.org” (un site certainement très, très objectif, n’est-ce pas…) en cette période de dévastation pour toutes les valeurs morales prônées par l’Eglise, je trouve cela totalement indécent. J’ai fait l’effort d’aller le lire :
“Le Magistère, guidé et protégé de toute erreur par l’Esprit Saint, nous donne la certitude en matière de doctrine.”
Laisse-moi rire. C’est le même Magistère qui a couvert les scandales pédophiles, fermé les yeux sur les abus subis atrocement par des religieuses consacrées au Seigneur, couvert encore tous les abus spirituels qui ont eu lieu – et ne sont pas finis – dans les communautés nouvelles bénies par Jean-Paul II. Alors laisse-moi le droit de contester aussi un catéchisme supervisé par lui et ses plus fidèles.
Le Magistère n’est protégé de rien du tout par sa soit-disant main-mise sur l’Esprit saint, qui se donne souverainement à qui il veut, et comme il veut. Qu’est-ce qui t’autorise à penser que moi, femme, j’en sois dépourvue, que ce ne soit pas justement au nom de l’Esprit saint que j’ose écrire et sortir du silence que des hommes d’Eglise ont tenté de m’imposer depuis 20 ans et plus ?
Je n’ai jamais milité pour la “sola scriptura”, sinon j’aurais arrêté depuis longtemps de souffrir dans l’Eglise de mon baptême et rejoint une communauté protestante. Ce n’est pas mon but. Je suis encore, tant que l’Eglise ne m’a pas excommuniée au nom de l’infaillibilité de son Magistère, pierre et souffle vivants de cette Eglise. Si je reste, c’est parce que je crois profondément en la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie. Et que la liturgie catholique me tient fidèle à mon baptême depuis bien plus longtemps que toi, soit dit en passant. Je suis fatiguée que l’on me donne des leçons de morale et de catéchisme, comme le sont beaucoup de celles et ceux qui me lisent. Alors pour me contester, il faudra peut-être trouver autre chose que “catholique.org”. Bon dimanche à toi.