J’étais en pleine tourmente, persécutée de partout, on me calomniait, on me bousculait pour m’abattre… Des ragots, des jugements péremptoires sur ma pédagogie, sur mes capacités à faire progresser mes élèves, chacun dans son niveau.
J’étais complètement découragée, prête à jeter l’éponge, à mettre un terme à ma carrière professionnelle. Tenir deux jours avant de solliciter un arrêt de travail définitif.
Pas seule, cependant, car mes enfants chéris, mes meilleurs amis et des priants veillaient sur moi, pour moi.
La nuit, j’ai fait un rêve dont je ne me souviens plus vraiment, sinon qu’un ange était présent, là, très beau, le visage et les yeux clairs, une présence dense et apaisante.
Au matin, je jouais ma dernière carte. Mon supérieur hiérarchique m’envoyait une conseillère pédagogique pour observer mon fonctionnement et intervenir auprès d’un groupe d’élèves afin de pouvoir évaluer leur niveau réel.
Elle a passé avec eux un moment tellement agréable qu’elle reviendra. Ils ne sont pas en retard. Ma pédagogie n’est pas à remettre en cause, sinon quelques ajustements de fonctionnement dont j’ai pris note avec intérêt et reconnaissance. Retour positif. Je suis réhabilitée.
Au soir, la messe dans ma paroisse. J’ai lu à l’ambon le martyre de saint Etienne, sous le vitrail qui l’illustre. J’ai aimé la foi et la vision de saint Etienne. J’ai rendu grâce pour le rêve de l’ange, et la main secourable qui m’avait été tendue dans cette journée redoutée, au cœur même de la persécution la plus injuste.
Image : Annonciation El Greco (détail) XVIe Musée des arts catalans, Barcelone