Je rebondis sur un échange que je viens de lire sur les réseaux sociaux. Une internaute se plaignait du “silence de Dieu” face au mal, qu’elle ne comprend pas et attribue, faute de mieux, à Son désir de laisser l’homme libre. L’hypothèse n’est pas fausse, c’est même l’histoire de l’humanité depuis ses débuts. Oui, la créature humaine est libre de répondre au mal par le mal, ou par le bien. La créature est libre, au-delà de tant de propositions humaines de gestion de sa vie, d’aller quêter, ou non, la Volonté de Dieu.
Mais quand on se plaint du “silence de Dieu”, il faudrait préciser sa pensée. De quel silence parle-t-on ? Qu’attend-on de Dieu ? Qu’une voix de tonnerre s’élève dans le ciel et écrase les méchants, qu’une arme céleste détruise les terroristes, que la main même de Dieu descende d’un nuage et empêche les séismes et les tsunamis, que Dieu manipule les véhicules comme des petites voitures en leur évitant les accidents ?
Je pose des questions simplistes sur une préoccupation qui ne l’est pas, je le sais bien, mais j’ai volontairement forcé le trait.
Or Dieu, nous avons les moyens de le connaître, et donc de savoir quel est son mode d’expression habituel. Il a donné des Prophètes dont les paroles sont toutes consignées dans le Premier Testament. Qu’on les lise ! Elles ne sont pas périmées, loin de là.
Puis il a envoyé le Verbe : Jésus le Christ. Et dans les Evangiles, nous avons en perfection, de ce Fils, l’agir, la Parole et l’Etre. Rien – absolument rien – n’y est périmé. Voulons-nous savoir comment il convient d’agir dans le bonheur comme dans l’adversité, dans l’opulence comme dans la pauvreté, dans la santé comme dans la maladie : approchons-nous des quatre Evangiles et méditons-les, mettons-les en application dans tous les pans de notre vie !
On pourra encore me rétorquer que la Parole de Jésus n’est plus très explicite pour les générations présentes : paraboles agricoles, inscription dans une époque révolue depuis 2000 ans… Cet argument est recevable.
Ce qu’il faut alors, c’est interroger sa compréhension du mot “Dieu”. Du silence de qui se plaint-on ? Le silence du Père ? Certes, on n’entend plus sa voix depuis les nuées comme ont pu l’entendre, devant témoins, Moïse ou Jésus.
Le silence du Fils ? Il a dit l’essentiel dans les quatre Evangiles, mais pour des paroles plus récentes, il faudrait faire confiance à quelques mystiques authentiques dont l’Eglise a été gratifiée au fil des siècles. Je n’en citerai qu’une ici : sainte Thérèse d’Avila. Que l’on parcoure ses œuvres écrites, et l’on y découvrira ici ou là quelques courtes paroles du Seigneur Jésus, incisives et fort intéressantes. Cette mystique-là est absolument fiable.
Enfin, dans la Sainte Trinité que nous avons fêtée dimanche, il y a aussi l’Esprit Saint. Et quant à lui, pour sûr, il n’est pas silencieux. Oh, certes, il est discret, il ne se fait pas entendre sur les places publiques et pas même dans les salles de conférence que d’aucuns remplissent en prétendant qu’il va y souffler et y faire des miracles. Non, celui-ci n’est pas l’Esprit de Vérité, qui procède du Père et du Fils. Voici un critère de discernement simplissime : si on vous demande quelque argent pour entendre l’Esprit Saint – droit d’entrée dans une salle, livre ou DVD / CD contemporains à acheter… – à coup sûr, ce n’est pas de l’Esprit du Père et du Fils qu’il s’agit.
Dieu est totale, absolue gratuité. Dieu se donne toujours et ne se vend jamais. Que l’on s’en souvienne au moment de la décision “d’y aller” ou pas, d’acheter ou pas…
Et enfin, un dernier critère de discernement : l’Esprit, dans ce qu’il a à dire et à exprimer de la part du Père et du Fils, leur ressemble à tous les deux. Il est discret et non tonitruant, il est persécuté sur terre davantage qu’honoré, il est moqué par l’ennemi davantage que pris en considération. Comme le Père, il dit des vérités qui dérangent profondément l’humain et les institutions. Comme le Fils, il est en délicatesse avec les autorités religieuses de son temps, qu’il conteste tandis qu’elles le méprisent. Et comme les Prophètes de l’Ancienne Alliance, il est authentique et véridique tandis que se multiplient autour de lui les faux prophètes à faux oracles et les faux voyants, eux qui se prétendent plus saints et mieux mandatés que lui. Ces imposteurs font-ils allégeance à la nébuleuse Medjugorje, vous pourrez être sûrs qu’il ne faut en aucun cas les suivre.
A chacun de choisir s’il persévère à penser que Dieu est silencieux en ce XXIe siècle, ou de se mettre humblement à son écoute dans l’Esprit de Vérité qui amène à se souvenir de tout ce que le Christ Jésus avait dit en son incarnation, il y a 2000 ans.