Je suis parfois fatiguée de cette nation qui a pour religion la République et la laïcité. Fatiguée des donneurs de leçons athées ou areligieux – puisqu’ils préfèrent maintenant se définir ainsi – qui crachent sur le Christ et donnent la dernière estocade à l’Eglise avec jubilation. Ceux qui nous serinent que la foi est une affaire privée, mais qui ne se gênent pas d’étaler leur haine du christianisme en mettant tout le monde “dans le même sac” avec mépris et arrogance, du clerc pédophile ou coupable de complaisance avec lui jusqu’à la petite paroissienne fidèle de 97 ans qui a mené une vie exemplaire et n’a jamais nui à personne en presque un siècle. Je suis fatiguée d’être chaque jour méprisée et attaquée pour ce qu’il y a en moi de plus fort et de plus vrai.
Voilà à quoi nous a mené le culte de la personne et des idées dans ce pays qui pourrait être si beau et si paisible, mais qui n’est qu’insatisfaction, contestation a priori de la moindre initiative politique, égoïsme larvé et culte du bien-être personnel au détriment de celui du groupe humain.
Je suis fatiguée aussi d’être muselée dans ma foi depuis trente-cinq ans par la “maison” laïque jusqu’au ridicule qu’est l’Education Nationale. Fatiguée de devoir me dissimuler derrière des propos neutres quand un élève pleure la mort de son grand-père et recherche en l’adulte une parole d’espérance qu’il est rigoureusement interdit de lui proposer. Fatiguée des conférences pédagogiques où on nous enseigne à n’évoquer Noël que comme une résurgence des antiques célébrations païennes du solstice d’hiver. Fatiguée de devoir ranger dans sa boîte le dimanche soir ma croix de Jérusalem portée autour du cou pour éviter absolument – ô scandale ! – que je n’apparaisse avec ce bijou dans l’exercice de mes fonctions. Fatiguée de baisser craintivement le son de l’autoradio qui me régale de cantiques ou de prière monacale quand je traverse le village.
Souvent, le Pape François dit dans ses homélies ou ses catéchèses que les chrétiens n’ont jamais été aussi persécutés que de nos jours dans toute leur histoire. Et il fait alors mention des chrétiens d’Orient ou d’Afrique qui vivent, il est vrai, un véritable martyre. Mais il n’a pas l’air conscient de ce qui s’endure dans ce pauvre pays de France où la foi chrétienne est considérée bien souvent comme une insulte à l’indigence spirituelle ambiante. Nous chrétiens sommes stigmatisés voire pourchassés comme peut-être jamais on ne l’a été depuis les temps de la Terreur il y a un peu plus de deux siècles.
Image : Buste de la République Anonyme XIXe Musée d’Orsay, Paris