J’ai rêvé d’elle cette nuit. C’était assez étrange.
Une classe inconnue et très nombreuse. J’étais à temps partiel, je devais intervenir cette demi-journée-là. Une très jeune collègue était là aussi, qui commençait un cours d’histoire sur “les rois”, en précisant à nos jeunes élèves le domaine de compétences qu’elle allait aborder, ses objectifs… Pédagogie explicite, comme on dit maintenant.
Je lui signifiai que c’était mon tour d’intervenir, qu’un échange de service était prévu pour elle avec une autre classe. Elle en fut fort contrariée, conclut sa séance sur “les rois” et me laissa avec la classe.
Et moi de commencer une séance sur la vie d’Edith Stein. La voilà, dans mon rêve. Elle me donne tout le déroulé de sa vie, pour que je l’enseigne, et je le fais avec gratitude, consciente que son exemple est bien plus formateur pour ces jeunes intelligences que le parcours de n’importe quel roi de France. Je parle avec fougue de cette grande sainte que j’aime tant et de sa vie si exemplaire.
Mais voilà que je suis interrompue.
“Ce n’est pas dans les programmes.”
Il y a beaucoup de courroux dans ce reproche.
“Ce n’est pas dans les programmes.”
Ma séance d’histoire sainte s’interrompt, et mon rêve aussi.
Il y aurait beaucoup à comprendre et à conclure au sujet de ce rêve quant à ma vie personnelle en ce moment.
Mais surtout, je veux garder le goût de cette visite nocturne de sainte Thérèse Bénédicte de la Croix, que nous fêtons aujourd’hui.
Dans sa quête éperdue de vérité, la garder pour modèle. Elle qui a recherché toute sa jeunesse, de son judaïsme à l’évangile en passant par le doute, la philosophie et sainte Thérèse d’Avila, la flamme de vérité qui pourrait la combler dans sa soif d’absolu. Elle qui s’est résolue à contrister sa famille pour demander le baptême catholique, elle qui a répondu à l’appel pressant du Seigneur en prenant le voile du carmel, elle qui n’a jamais renié ses origines juives, mais au contraire, a accepté de mourir pour elles et le peuple élu.
“Komm, wir gehen für unser Volk.” (“Viens, allons pour notre peuple”, parole à sa sœur Rosa lors de leur arrestation au carmel d’Echt le 2 août 1942).
Edith Stein, je la retrouve dans tous les recoins de ma vie. A Speyer, où toutes deux, nous avons enseigné. Dans cette même ville encore où je me trouvais quand Jean-Paul II, venant de la béatifier, y vint en visite pastorale. A Bad Bergzabern où elle avait été baptisée et où je fus initialement nommée pour cette année en Allemagne. Dans notre commune dévotion à sainte Thérèse d’Avila. Dans des vœux confiés à Notre Dame du Mont Carmel. Dans son martyre extrême pendant la Shoah parce qu’elle était née juive, dans mes souffrances insignes en hôpital psychiatrique parce que j’avais un peu trop parlé de ma propre filiation baptismale.
Edith Stein qui me visite en rêve dans la vigile de sa fête.
Sœur aînée dans la foi, amie, modèle, je t’aime infiniment ! Donne-moi de ne jamais renier la Vérité et d’accepter, pour elle, toutes les luttes et toutes les persécutions.
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