Je n’ai pas l’intention d’écrire un billet sombre. Non. Seulement quelques lignes sur la mort, alors que l’été s’en est allé et que déjà, les fleuristes préparent la Toussaint.
Je n’aime pas la mort des autres. Elle m’attriste, me blesse, me fait pleurer. Elle me donne la nostalgie de ce que l’on n’a pas fait, pas dit, pas donné en présence et en amour, de leur vivant. La mort des autres est une épreuve, toujours. Je la tolère mieux quand elle vient au bout d’une longue vie bien remplie, ou au terme de souffrances qui sont toujours de trop. La mort jeune ou violente m’accable. Je ne sors du noir du chagrin que par la foi, et cela prend son temps.
La mort m’inquiète aussi pour mon prochain, car je n’ai pas une foi angélique : “Ajoute un couvert, Seigneur, à ta table, tu auras aujourd’hui un convive de plus” disait le cantique. Au fond, nous n’en savons rien. La mort est ce mystère au cours duquel l’âme délivrée des pesanteurs de son incarnation prend soudain une vive conscience de ce qu’a été sa vie : elle la revoit défiler tout entière à travers le prisme de ce qu’elle aurait pu être, et de ce qu’elle n’a pas été. Ce passage rend soudain crûment le verdict de l’authenticité de nos comportements terrestres et de la vérité de nos pensées et de nos engagements. L’instant de la mort nous fait apparaître en pleine lumière ce qui est juste et bon, et ce qui a été faux et pervers dans notre existence. Et il faudrait être dans une sainteté absolue pour ne pas être brisé, dans un premier temps, quant à ce qu’a été sa propre vie. Fulgurante prise de conscience de toutes nos erreurs de conduite et de jugement.
Quand un proche décède, dans les premiers jours, je suis toujours accablée par le deuil et l’inquiétude pour ce passage éprouvant du défunt. Alors je prie pour son âme, beaucoup. Quand l’inquiétude se prolonge, il m’arrive de faire dire des messes. Je crois en l’intercession des âmes de bonne volonté et des célébrants.
La personne a-t-elle été généreuse, humble, dévouée, véridique, je ne suis pas inquiète longtemps, et ce, quelle qu’ait été sa foi. Je crois pour elle au moins au repos paisible, voire à la lumière du Ciel, celui de la première résurrection, où l’on va avec foi pour, comme le disait si bien sainte Thérèse de Lisieux “passer son ciel à faire du bien sur la terre”.
Ma propre mort, je ne la crains même pas, dussé-je encore heurter. Je n’arrive pas à y penser, car le désir du retour du Christ en Gloire m’habite intensément. Vraiment, profondément, je le crois pour cette génération. C’est donc une vie bien plus belle, et non la mort, que j’attends de sa part. Je crois très sincèrement à l’avènement prochain de la “terre nouvelle sous les cieux nouveaux.”
Alors pour ceux qui nous ont déjà quittés et ceux qui le feront dans l’intervalle, je prie. J’intercède. J’espère. Je ne suis pas forcément triste car j’ai grande confiance en la Parole du Seigneur Jésus. Oui, la vie éternelle est en Lui. Par-delà la mort.
Ici, un très beau Pie Jesu de L.L. Webber que j’ai mis en images ce matin :