Je reviens du cinéma, moi qui y vais très rarement. C’est dire si j’étais motivée pour voir ce film-là, et je suis encore en état de choc tant il est fort, bien joué, prenant, implacable quant au mécanisme d’emprise subtilement décrit dans ces un peu plus de 90 minutes de réalisme, car on sent bien tout au long du film que ce n’est pas vraiment une fiction mais que le scénario est tristement possible dans une de ces “communautés nouvelles” qui ont fleuri ces dernières décennies.
Je ne vais pas révéler l’intrigue, seulement encourager vivement les internautes de passage sur ce blog à aller voir ce film, pour mieux comprendre les enjeux des dérives sectaires de certaines communautés catholiques dont la médiatisation est finalement plutôt récente. Et je voudrais recommander ce film quel que soit son “bord” religieux : indifférent ou allergique au Renouveau charismatique – on y trouvera quelques arguments de poids – ou sympathisant de ce courant dans l’Eglise catholique romaine – le film donne matière à réfléchir et à interroger certaines paroles ou attitudes courantes dans ce mouvement.
Je voudrais dire que je n’ai pas le sentiment que ce film fasse du tort à la foi chrétienne : la croyance ardente y côtoie le doute sans vraiment de parti pris. Le propos n’est pas de donner la charge contre la foi catholique, mais de dénoncer les rouages d’une communauté sectaire. Que l’on ne vienne donc pas avec les arguments de rejet habituels contre un film qui ferait “du mal à l’Eglise”. Ce n’est pas le cas. C’est l’enjeu de la liberté de conscience, et de la liberté tout court, qui est interrogé dans cette œuvre courageuse et réussie.
Puissions-nous ne plus fermer les yeux, que nous soyons catholiques ou non, sur ce danger rampant de l’emprise spirituelle qui a déjà détruit trop de consciences et même de vies.