Je lis ce matin, sur les réseaux sociaux, des statuts, des billets et des poèmes enthousiastes sur l’entrée en Avent. Les non-croyants publient des photos de leur ville illuminée pour les fêtes de fin d’année. Les chrétiens rivalisent de superlatifs pour évoquer leur attente tout ecclésiale de la venue du Messie. Il va prendre chair de la Vierge Marie, il va venir, il va ranimer notre foi endormie… Il va nous donner la paix, la concorde, nous ouvrir le Royaume du Père… etc, etc.
Tout cela est convenable et correspond à la liturgie de ce premier dimanche de l’Avent. Je n’ai pas boudé l’Eglise, la messe tombait hier soir chez moi, j’y suis allée, j’ai apprécié qu’il y ait du monde et la belle homélie de notre prêtre. Oui mais…
Mes lecteurs vont finir par le savoir, l’Avent et Noël, ce n’est pas “mon truc”. Je viens de lire une méditation d’un père jésuite proposée sur Vatican.News pour l’occasion, et j’y relève :
Et la péricope de l’Evangile de Saint Matthieu du vingt-quatrième chapitre, que nous lisons en ce premier dimanche de l’Avent, nous rappelle que ce combat pour la lumière devrait mobiliser tout notre être dans l’attente du Messie, nous appelant à sortir de nos assurances, de nos certitudes humaines sans limites, pour mettre notre foi dans le Seigneur. Sortir de notre sommeil signifie donc pour nous, nous dessaisir d’une foi superficielle, qui s’enlise dans la routine d’une vie chrétienne faite d’accoutumance, pour entrer dans une foi opérante qui veille et s’active dans l’espérante attente du Christ. Que Dieu rende donc vigilants, en ce début du temps de l’Avent, ceux qui attendent et espèrent le Seigneur.
Voilà, je comprends mieux mon malaise. Il me semble que l’Avent est destiné, dans l’Eglise catholique, à ceux qui ont une foi tiède. Si tiède qu’il leur arrive d’oublier que le Christ Jésus est venu dans la chair il y a 2000 ans et qu’il nous a laissé sa Parole qui est à méditer chaque jour de l’année liturgique commençante.
Je vais encore passer pour une incorrigible orgueilleuse. Un temps liturgique pour chrétien tiède ne saurait me motiver. Je suis une chrétienne ardente, qui vit avec le Christ dans son cœur, dans son âme, dans sa prière, dans sa chair par l’eucharistie plus d’une fois par semaine, oui, je vis dans le compagnonnage du Christ en permanence, et ce pratiquement depuis toujours. Le Christ Fils de Dieu adulte et qui nous parle, qui me parle. Alors comment pourrais-je manifester de l’impatience à installer un santon de plâtre muet dans une crèche plus folklorique que fidèle à la réalité de sa naissance ? Et que m’importe encore sa naissance quand je le vis en permanence frère adulte et Epoux ? Une épouse peut s’émouvoir un moment devant l’image de son époux bébé, mais très vite, elle passe à autre chose. Je n’ai pas ce fantasme “d’enfanter le Christ” comme on va nous le prêcher à Noël. C’est déjà fait, et par sa mère ! Inutile de se prendre pour elle…
Ce qui m’importe au-delà de tout, à moi, c’est d’attendre mon Epoux Roi de gloire à son second avènement qui aura vraiment lieu, je le souligne quand l’Eglise catholique l’occulte de plus en plus parce qu’elle ne veut pas effrayer ses fidèles – et encore plus ses infidèles – quant aux temps eschatologiques.
Ce qui m’importe, c’est de partager la Parole vivante du Christ, celle qui est déjà écrite et celle qu’il me partage jour après jour dans mon oraison. Mais là, grosse suspicion de l’Eglise : l’autre jour encore, un dévot m’a insultée, conseillé la pénitence et la méditation du catéchisme, parce qu’il ne pouvait supporter l’idée que mes propos puissent être inspirés, justement, par le Christ lui-même. Trop de distance avec sa foi toute institutionnelle..
Alors voilà, je commencerai peut-être à supporter l’Avent et Noël en Eglise catholique le jour où elle acceptera de s’ouvrir à l’Esprit qui ne s’exprime pas que par les prédicateurs ordonnés. Le jour où elle acceptera d’accorder quelque attention à une âme que le Seigneur s’est choisie pour redire quelques vérités essentielles, pour préparer les peuples à sa seconde venue, pour témoigner qu’on peut être, au XXe et XXIe siècle, une baptisée méprisée depuis sa naissance encore bien plus que l’enfant de la crèche ne le fut, et qui pourtant n’en est pas moins enfant du Père que lui. Avec des choses d’importance à dire !