On pourrait distinguer trois façons de vivre la foi chrétienne :
– la voie ecclésiale
– la voie humanitaire
– la voie mystique
La voie ecclésiale est certes belle et nécessaire, mais peut-elle être suffisante ? Ainsi, certains chrétiens sont fidèles à leur église d’appartenance et en respectent la doctrine et les enseignements. Ils font preuve souvent de la précieuse vertu d’obéissance. Ils pratiquent leur foi avec constance et fidélité. Ils rendent mille services à leur paroisse et sont précieux pour tous les cultes et tous les fidèles, d’autant plus qu’ils font souvent preuve de beaucoup d’abnégation.
L’écueil qui peut les guetter, c’est de faire passer le Christ et les Evangiles au second plan. Ils risquent de se durcir face à des contestations de la doctrine venues de la base. L’œcuménisme leur est souvent aussi une voie difficile et indésirable. S’ils écoutent volontiers le chargé de leur paroisse et sa hiérarchie, ces chrétiens courent parfois le risque de devenir sourds à l’Esprit Saint, lui qui est et rend souverainement libre.
La voie humanitaire est pleine de générosité et d’attention au prochain. Le chrétien qui la vit se veut le bon samaritain, et il pratique avec un grand désintéressement les œuvres de charité dont il puise l’exemple dans la propre vie de Jésus Christ et des grands bienfaiteurs de l’humanité. Le chrétien qui poursuit la voie humanitaire est grâce pour le monde et son prochain. Sans lui, la planète aurait été, serait devenue invivable.
L’écueil qui peut le guetter, c’est de perdre le sens du sacré, de perdre le goût de rendre un culte à Dieu en paroisse, en église. Sa foi très incarnée peut devenir sèche et ne pas porter de fruit spirituel. Le chrétien qui suit cette voie en se détachant d’une église finit parfois par ne plus se différencier d’un bienfaiteur aux valeurs laïques. Il donne le témoignage de l’évangile vécu, ce qui est très bon, mais n’est pas toujours source de foi pour ses proches qui doutent de Dieu.
La voie mystique est la plus rare et sans doute la plus ardue. Le chrétien mystique recherche l’union profonde et intime avec les trois personnes de la Sainte Trinité. C’est la quête de toute sa vie et sans doute la réponse à un appel. Dieu précède sa créature et la veut contre son cœur.
Le chrétien mystique est le plus attaqué par le démon sous toutes ses formes et son entourage qui ne le comprend pas. De son vivant, en général, il suscite méfiance voire moqueries et outrages. Des années après sa mort, son témoignage est parfois pris en compte et même admiré et proposé aux fidèles car il est un fort vecteur de foi. La voie mystique révèle à celui qui la suit des vérités cachées depuis toujours dans le sein de Dieu. Le mystique est souvent chargé par une ou plusieurs personnes de la Trinité de dévoiler la volonté de Dieu pour l’Eglise et le monde dans son aujourd’hui. D’où un très grand décalage, car l’Eglise lui fait très rarement confiance de son vivant et ne tient compte de ses avertissements que longtemps après les avoir reçus.
L’écueil qui guette le chrétien mystique est multiple : souffrance, toujours. Peur de la tentation et de l’illusion, toujours aussi. Grand risque de s’éloigner de son église qui à coup sûr ne le comprend pas. Risque aussi de se perdre dans la contemplation sans produire d’œuvres de charité. Le mystique a besoin de témoigner : souvent, il écrit. C’est d’ailleurs sa seule chance d’être compris un jour. Son principal ennemi n’est pas du tout le non-croyant, qui souvent l’apprécie pour ses valeurs, et réciproquement. Non, l’ennemi juré du mystique, c’est le faux prophète ou le faux voyant, lui qui attire les foules à soi pour les faire sombrer dans l’erreur, tandis que le mystique authentique est très souvent un grand solitaire, discret et silencieux oralement.
Evidemment, l’idéal du chrétien et l’idéal de Dieu, c’est que le croyant allie en lui ces trois voies. Ce n’est pas facile. Mais il faut toujours éviter de penser que parce qu’on est pleinement lancé dans l’une des trois, on peut se permettre de négliger les deux autres.
1 commentaire
Merci Véronique pour ce message très clairvoyant. Les trois façons de vivre sont difficiles, ont leurs eccueils et chacun, en tout cas pour ceux des deux premières sensibilités, peut avoir l’impression d’ être plus dans la vérité que son frère qui vit sa foi différemment. Il peut arriver aussi que l’on change, et tout en gardant la foi, modifie sa façon de la vivre. Bonne semaine à toi