La pédagogie de Dieu, c’est d’être parcimonieux à révéler d’emblée ce qu’on aura à souffrir pour son Nom et surtout pour cet autre nom de son Fils qu’est la Vérité.
“Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie.” (Jean 14, 6)
En 1999, dans un retour vibrant à Dieu, encore troublée par tous les contre-témoignages accablants dont j’avais été témoin ou même victime pendant tant d’années, j’avais une soif éperdue de vérité et je ne désirais qu’une chose : savoir enfin de manière indubitable si Jésus était la vraie voie et le Fils de Dieu, ce Dieu que j’avais tant aimé en sa Personne jusqu’à mes dix-huit ans. Ce Dieu qui m’avait été enseigné par le meilleur des curés que l’on puisse trouver sur son chemin, et ce pendant toute mon enfance et mon adolescence. Ce Dieu qui s’était évanoui de ma certitude au contact de la philosophie et quand le garçon que j’aimais avait décidé d’entrer dans les ordres.
J’avais déjà reçu, depuis mes trente-trois ans, des signes très forts du grand désir du Seigneur de me voir revenir en confiance vers Lui. J’étais dans la joie d’une “recommençante”, animée de la volonté de ne pas laisser mes enfants grandir sans repères religieux et sans sacrements. J’avais, à la veille de la Toussaint, pris la décision d’aller me confesser, geste que je n’avais plus posé depuis très longtemps, et d’autant plus que dans la paroisse de mon enfance se pratiquait l’absolution collective. C’était d’ailleurs, très exactement dix-huit ans auparavant, que j’avais brutalement perdu la foi au cours de la célébration pénitentielle de la Toussaint. Aller me confesser seule à seul devant un prêtre représentait donc pour moi une démarche très forte à ce moment-là, où la foi me revenait à grands flots revigorants.
Nous étions donc fin octobre 1999, j’avais trente-cinq ans et déjà trois enfants. J’allais me confesser avec ce sentiment de pesanteur que l’on ressent toujours juste avant. Je m’y préparais dans la prière, pratique avec laquelle j’avais renoué depuis deux ans. Je priais sans cesse pour être prête à confesser tant d’années de vie loin des commandements de l’Eglise – ne pas perdre de vue que c’était dans les années Jean-Paul II où le discours ecclésial était si radicalement inobservable par une jeune femme en quête d’authenticité et de prise en charge personnelle de sa vie.
Je priais donc, intensément. Pour me préparer, dans le scrupule, à ma confession. Je me souviens même que je me trouvais dans ma salle de bain, devant le miroir. C’est alors qu’est survenu l’inattendu, l’inexplicable. Une parole imprimée au plus profond de mon cœur, venue d’ailleurs que de ma prière pleine de scrupules, une parole qui n’avait rien à voir avec les pensées qui traversaient à ce moment précis mon esprit.
“Je suis la Vérité”.
Rien que ces quatre mots, imprimés, gravés au plus profond de moi-même comme sur une immuable table de pierre.
“Je suis la Vérité”.
Le doute et le scrupule se sont envolés aussitôt, et pour toujours. Je savais ! Je savais désormais de manière intangible que oui, le Christ Jésus était bien Chemin, Vérité et Vie qui me mèneraient de manière sûre vers le Père ! Je savais que le Dieu de Jésus Christ était le Dieu véridique et fiable !
Jamais plus, depuis cet instant, je n’ai douté de la pertinence de ma foi. Autant dire que je suis allée me confesser ensuite confiante et même pleine de joie et de sincérité. Et ce fut un débordement de grâce quand le prêtre m’imposa les mains pour l’absolution.
Cet instant d’éternité, jamais je ne pourrai l’oublier, ni en minimiser les fruits. Car je suis devenue par la suite, oh pas tout de suite mais après des années de très âpres combats, réceptacle de la Vérité du Père et du Fils, par l’Esprit. Réceptacle de toutes ces choses que Jésus n’avait pas pu dire à ses disciples qui n’étaient pas prêts à les porter il y a 2000 ans (Jean 16, 12). Réceptacle de l’entre-les-lignes de l’Evangile, réceptacle des faces cachées de la vie du Fils de l’Homme et de sa famille. Réceptacle du mystère de la très grande cohérence entre foi juive et foi chrétienne. Réceptacle de la vérité tout entière, celle qui ne se laisse enfermer ni dans une seule Eglise, ni dans des doctrines variables selon les confessions chrétiennes ou les grandes traditions religieuses.
Et depuis, je mène l’âpre combat de la Vérité. Celui qui vous met en porte-à-faux avec les gardiens du dogme et du catéchisme de votre propre Eglise. Celui qui vous met en porte-à-faux avec votre propre entourage qui préfère vous taxer de malade mentale que de se remettre en question. Celui qui vous fait goûter à la béatitude de la persécution des authentiques disciples du Seigneur.
“Je suis la Vérité”.
Il me l’a fait connaître ce jour-là, et rien ni personne ne me fera plus dévier de l’unique Vérité qui sourd du cœur du Père et de Fils par le canal infiniment libre et souverain de l’Esprit Saint.
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