Compagnes et compagnons de route sur mes chemins de foi, ils sont nombreux, ces saints que l’Eglise a canonisés et ceux qu’elle a vu grandir en son sein ou à ses côtés sans les reconnaître.
Ils sont nombreux sur mes itinéraires et à la croisée de mes chemins, ces témoins lumineux de l’Evangile qu’un Dieu attentif et bon a postés là, ouverts au dialogue ou à l’intercession et disponibles, pour que je les rencontre un jour et que leur exemple contribue à chasser les ténèbres et le doute de mon âme.
Mes premiers pas dans la foi de l’Eglise furent bénis par un curé d’exception. Dieu m’a fait la grâce du prêtre Jean dont le nom de famille signifiait “Hais le diable”, et dont le large sourire et le témoignage d’une vie profondément ancrée en cohérence et en vérité dans l’Evangile ne pouvaient que faire aimer Jésus, sa Parole, sa vie et les sacrements de l’Eglise. Chance insigne d’avoir appris les rudiments de la foi de mon baptême par cet homme affable et juste, qui s’investissait dans notre édification, depuis l’heure de religion hebdomadaire à l’école primaire du concordat jusqu’à la préparation aux sacrements qu’il assumait lui-même, en passant par le conseil d’intégrer des mouvements de jeunesse catholiques. Cher curé de mon enfance, je te dois tant ! Tu es de ceux que j’aimerais compter au martyrologe romain, par ta cohérence évangélique et ton humilité, avant peut-être les pontifes pour lesquels on a déjà déroulé tous les honneurs durant leur vie terrestre…
Exemple de foi endurante, de fidélité sur tous les plans, d’abnégation dans l’épreuve et de prière incessante, il y eut aussi ma grand-mère paternelle. La vie lui fut bien rude entre travail agricole, deuils cruels, occupation allemande et déplacement de plusieurs mois pendant la seconde guerre mondiale pour revenir dans une maison pillée, modestie de sa condition et caprices d’un époux aimant mais un peu caractériel. Sa foi a résisté à tout, même aux sermons du dimanche les plus culpabilisants. Elle qui redoutait l’enfer, je l’entrevois au plus clair d’une bienheureuse lumière. Et ainsi de sa fille aînée, même foi et même piété à toute épreuve, qui a passé sa vie à regretter une vocation contrariée de carmélite et n’a jamais cessé d’aimer le Christ et la sainte Vierge, qu’elle savait si bien dessiner, même dans les affres de la souffrance mentale. Foi de constance voire d’évidence, c’est à la fois leurs prières et leur exemple qui m’ont hissée hors du doute pour aboutir moi-même à la nécessité ardente du témoignage.
Et puis il y a tant d’autres saints de l’humilité au Ciel de ma reconnaissance ! Un moine bénédictin à l’écriture merveilleuse tant dans la forme que dans le fond, frère Rouin, qui m’a sauvée du pire par sa précieuse intercession, des prêtres avec lesquels j’ai partagé des questionnements et des correspondances si bienfaisantes, Jean-Marie, Charles, Gabriel… Des religieuses qui m’ont amenée à m’interroger sur ma vocation propre et qui m’ont éblouie par leurs cœurs pleins d’amour et de joie, Anne-Berchmans, Marie-Valère, Monique…
Alors oui, au firmament de la Toussaint, je pense aussi aux grands saints qui m’influencent le plus : les trois Thérèse du Carmel (d’Avila, de Lisieux, Edith Stein), les trois Marie de l’Evangile (mère de Jésus, de Magdala, de Béthanie), Elisabeth de la Trinité que j’associe à une tendre amie défunte du même prénom, Jeanne d’Arc, saint Luc l’évangéliste… Vivants pour toujours, ils sont tout écoute quand nous recourons à leur humanité pour nous élever vers la divinité.
Et comment ne pas leur associer dans un même élan les deux personnes qui m’ont donné la vie, et que je ressens par toutes les fibres de mon être entrées elles aussi dans la pleine lumière de la Vie. Maman, Papa, ce n’est pas la tristesse qui m’habite quand je pense à vous, mais l’espérance immense de vous savoir soulagés du poids de l’existence terrestre, et bienheureux pour l’éternité, jusqu’au matin béni où mes yeux contempleront à leur tour le Bien-Aimé dont la Parole a imprégné notre quotidien de toujours grâce à votre fidélité à l’Evangile.
« Heureux les pauvres de cœur,
car le royaume des Cieux est à eux.
Heureux ceux qui pleurent,
car ils seront consolés.
Heureux les doux,
car ils recevront la terre en héritage.
Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice,
car ils seront rassasiés.
Heureux les miséricordieux,
car ils obtiendront miséricorde.
Heureux les cœurs purs,
car ils verront Dieu.
Heureux les artisans de paix,
car ils seront appelés fils de Dieu.
Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice,
car le royaume des Cieux est à eux.
Heureux êtes-vous si l’on vous insulte,
si l’on vous persécute
et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous,
à cause de moi.
Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse,
car votre récompense est grande dans les cieux ! »
Matthieu 5, 3-12
Textes liturgiques©AELF