Le départ de l’histoire, il y a une quinzaine d’années, eut lieu sur un forum d’amateurs de chanson française, et d’un artiste en particulier. Avec les affinités communes, des amitiés se nouèrent sans tenir compte des distances géographiques. A force d’échanger sur des intérêts communs, les liens se nouent puis se renforcent au gré des rencontres provoquées dans “la vraie vie”. Le virtuel cède la place aux contacts réels à l’occasion d’un concert, d’une soirée d’anniversaire, d’un déplacement de vacances, d’un vrai désir de se voir. On connaissait le mari, voici son épouse, et de nouveaux liens se tissent encore.
Brigitte était de ces amies rencontrées ainsi. Partager en outre la même profession nous a donné l’occasion de dialoguer au gré de nos engagements et évolutions professionnels. Elle ne passait pas beaucoup de temps sur les réseaux sociaux, mais avait pris la peine de me réconforter quand tout s’était considérablement compliqué pour moi. Et de ce genre de soutien précieux, je suis reconnaissante pour longtemps.
Une amie de toujours avait déjà rencontré ce couple plus souvent que moi. Elle m’avait fait part, il y a quelques mois, de cette maladie insidieuse au sombre pronostic qui s’était mise à coloniser le corps de Brigitte l’hiver dernier, injuste coup du sort pour une personne à l’hygiène de vie irréprochable. On a toujours de l’espoir, malgré les aveux pessimistes du corps médical…
C’est par son mari, sur les réseaux sociaux, que j’ai appris avec une infinie tristesse que Brigitte ne s’était pas réveillée au matin du 12 décembre, après un samedi de communion d’amour partagé avec les siens. Son bien-aimé passait le cap d’une nouvelle année, et elle, à bout de lutte contre la maladie, rendait le souffle qui lui avait tant manqué dans les dernières semaines. Brigitte n’était plus.
“Si tu veux aller à ses obsèques, je t’y accompagne.”
Simple promesse à mon amie si ébranlée elle aussi.
Ma voiture avale les kilomètres, mon amie à mes côtés. Campagne, autoroute, soleil puis brouillard, deux frontières passées, la nuit qui tombe, nous finissons par arriver à notre hôtel. Internet m’ayant offert d’autres belles amitiés, nous passons une agréable soirée avec une amie qui demeure dans notre ville-étape choisie.
Le lendemain, l’humeur est à la gravité. Nous arrivons bien en avance dans l’église campagnarde, nous avons l’occasion de saluer notre ami courbé dans son immense chagrin.
Je dois dire que je n’avais jamais vécu des obsèques aussi poignantes et impressionnantes. Brigitte n’avait que 61 ans, et beaucoup d’engagements professionnels, associatifs, civiques. Elle était mère de trois enfants adultes et deux fois grand-mère. Toute la cérémonie, tous les nombreux hommages soulignent avec justesse sa personnalité si riche et généreuse. Là, nous vivons tous, et nous sommes très nombreux, un moment de communion, de partage, de mémoire, d’action de grâce pour cette vie si cohérente, donnée, exigeante avec elle-même, généreuse. Une vie bien trop courte, mais ô combien féconde ! Et l’émotion ne peut que saisir tout un chacun en contemplant avec quel respect et amour ce sont ses propres enfants et beaux-enfants qui portent son corps vers son dernier voyage. Sous les applaudissements.
Brigitte, j’ai appris au cours de cette cérémonie si forte que la flamme de la foi brûlait en ton cœur de bien des manières, et surtout que tu as su, au cours de ta vie si lumineuse, la mettre en œuvre avec la plus parfaite des cohérences. Icône d’évangile pleinement vécu, discrètement mais efficacement, je te dédie ces lignes, je te souhaite une entrée triomphante dans l’éternité bienheureuse qui doit tant ressembler au monde renouvelé auquel tu aspirais par tous tes engagements.
Veille sur les tiens désormais avec encore plus de bienveillance, et laisse-nous apprendre de toi qu’il fait bon vivre sur cette terre en mettant en pratique ses valeurs les plus profondes.
Pour ton exemple Brigitte, merci pour toujours.
2 commentaires
Merci pour ce message. Une grande dame, pour toujours.
Merci de m’avoir transmis le lien vers ce billet si émouvant. C’est si vrai, si bien écrit. Bises.