Réveillée de bon matin aujourd’hui 24 février 2022, j’ai pris très vite en pleine figure les frappes russes en Ukraine et le début d’invasion du territoire qui s’en est suivi. Je suivais avec angoisse les événements depuis plusieurs jours, mais je ne m’attendais pas à une action aussi brutale et sans nuances du dirigeant russe qui manie le mensonge et la manipulation de son peuple à outrance. Je serai donc sans nuances moi aussi quant à mon sentiment : toutes mes pensées vont ce matin vers l’Ukraine, ses habitants et ressortissants parmi lesquels je compte des amis et bien plus.
En effet, j’ai eu un beau-père ukrainien : le grand-père de mes trois enfants, décédé il y a quelques années, un homme qui avait immigré en France à seize ans pendant la seconde guerre mondiale, laissant derrière lui toute sa famille, à Lviv. Il était parti avec seulement un compagnon d’aventure un peu plus âgé que lui, qui fut plus tard le parrain du père de mes enfants. Cet homme était une force de la nature, mineur de fond en Lorraine, c’est là qu’il a connu une très jolie Alsacienne qui allait devenir son épouse. De ce mariage étaient nés quatre fils, dont j’eus la joie d’épouser le second. Et pendant une vingtaine d’années, j’ai porté fièrement le nom ukrainien de ce beau-père que j’affectionnais, ce nom qui est aussi celui de mes trois enfants. Alors personnellement, je n’ai pas à proprement parler d’origines ukrainiennes, moi qui suis de descendance lorraine immémoriale, mais portant en mon sein trois enfants dont une partie du sang était ukrainien, j’ai aussi abrité ce sang-là en moi-même pendant mes grossesses, et aujourd’hui le désarroi et l’angoisse m’envahissent.
Quand mon fils aîné est né, le guerre du Golfe a été déclenchée. Avec son père, nous regardions effarés à la télévision les bombes de la coalition tomber sur l’Irak puis les Scuds de Saddam Hussein atteindre Israël. L’angoisse nous étreignait : jusqu’où irait cette escalade de la violence ?
Aujourd’hui, la même angoisse m’étreint, à la différence près que l’envahisseur russe est encore plus puissant que l’Irak naguère, imprévisible, et que son alliance avec la Chine fait craindre le pire sur le plan économique pour l’Europe et au-delà. Une guerre commence ce matin, une guerre avec la Russie qui hantait mes craintes à l’adolescence, quand je nourrissais des amitiés en RDA, au-delà du rideau de fer. Une étincelle, à l’époque, déjà, aurait pu suffire pour déclencher un vaste conflit Est-Ouest.
Et maintenant, nous être réjouis de la fin du communisme pour en arriver là ? La Russie contre les valeurs d’union et de paix de l’Europe ? Vers quoi allons-nous dans les jours qui viennent ? A quels supplices la chère nation ukrainienne doit-elle s’attendre ?
Je n’ai pas qu’une préoccupation géopolitique ce matin, mais aussi une angoisse pour les petits-cousins de mes enfants, avec lesquels nous avons eu quelques relations après la chute du mur de Berlin, quand ils ont pu venir visiter mon beau-père – leur oncle – en France. On se réjouissait alors de ce lien rétabli, mon beau-père, avancé en âge, a pu aussi faire un voyage dans son pays d’origine et pleurer dans les bras de proches, ému des retrouvailles après quelque cinquante années de séparation. Certaines jeunes cousines ukrainiennes se sont mariées en France pour y rester, mais d’autres demeurent encore dans les environs de Lviv, où les sirènes retentissent ce matin, alors que la ville se situe près de la frontière polonaise, tout à l’ouest du pays.
J’ai mal. J’ai mal pour eux, j’ai mal pour l’Ukraine, j’ai mal pour la paix menacée en Europe, ce spectre de la guerre que l’on croyait définitivement loin de nous.
Prier, oui, il le faut, mais sera-ce suffisant face à la détermination d’un homme avide de pouvoir territorial et d’un peuple manipulé ?
Jour funeste pour l’Ukraine aimée, jour funeste pour la paix.
3 commentaires
C’est vrai que nous vivons tous dans l’incertitude et une profonde tristesse pour ce qui se passe aujourd’hui dans un pays qui aspirait à une paix durable et qu’un dictateur vient perturber par une violence sans pareille et une suffisance qui effraie. Pour lui, pas besoin d’union et d’entente !
Une question peut se poser : Où est Dieu ? Que fait-il ? Ma foi me dit de ne pas désespérer et de prier unie à tant de voix qui s’élèvent vers Lui. Que son bras puissant et fort dompte l’ange de la mort !
Ensemble tenons ferme dans la confiance !
Totalement d accord avec toi et de tout cœur avec eux – Marie-Chantal
Merci chère Marie-Chantal, une lutte internationale bien difficile qui commence ! 🙁