Qu’est-ce que c’est que ce titre loufoque ?
Il fait écho à un problème non moins cocasse que je rencontre dans mon jardin : habitant non loin d’une vaste forêt, je constate régulièrement dans mes massifs de fleurs et mon potager des dégâts imputables à des chevreuils qui s’introduisent, la nuit, dans mon terrain. Cela pourrait paraître sympathique s’ils n’engloutissaient sur leur passage quantité de végétaux comme les boutons de roses, les pensées en fleurs, les extrémités des framboisiers, les fleurs de fraisiers, les épinards et les derniers en date : les pousses de haricots. Chaque matin, je me désole en constatant que ces hôtes que je chéris dans leur forêt mais qui sont indésirables chez moi se sont délectés de nuit du fruit de mon patient travail de jardinière passionnée.
Et donc, la semaine dernière, je dus pleurer mes toutes jeunes pousses de haricots à rames, certaines déracinées, d’autres simplement décapitées, les toutes jeunes feuilles de haricots étant apparemment un met de choix pour ces satanés chevreuils.
Je m’empressai donc de ressemer quelques graines à l’emplacement dévasté.
Mais ce matin, j’ai eu la surprise de constater que des feuilles réapparaissaient sur les tiges dévorées il y a quelques jours. J’ai admiré cette résilience de mes haricots, décidés vaille que vaille à donner du fruit cet été.
J’en déduis qu’il ne faut pas se décourager dans l’adversité extrême : on peut bien se faire dévorer, décapiter, réduire quasi à néant par des chevreuils ou des loups voraces, rien ne vaut la ténacité de vouloir porter du fruit ; et donc, chers amis lecteurs, si l’Eglise ou le monde vous ont de toutes les manières imaginables malmenés, muselés, déchiquetés moralement, souvenez-vous de mes haricots : on peut toujours renaître d’un quasi néant quand le bon jardiner nous a plantés avec amour là où il désirait que nous soyons, pour croître et porter à terme un fruit qui demeure.