François,
Nous ne nous connaissions pas. Je ne suis pas du même diocèse que vous. Vous à Versailles, moi en Alsace, deux contextes assez différents.
J’apprends ce matin votre suicide en forêt de Rambouillet, à 50 ans. Je lis sur les réseaux sociaux l’affliction de nombre de mes interlocuteurs habituels, des personnes engagées en Eglise mais aussi fort critiques sur son fonctionnement opaque, les abus de pouvoir répétés, les dissimulations organisées d’abus sexuels et spirituels depuis des décennies voire des siècles. Sur ces réseaux, la parole est libre désormais entre laïcs et quelques prêtres courageux désireux que la vérité et la clarté se fassent.
Je ne vous connaissais pas, François, mais je pense que vous étiez de ceux-là. En moins de vingt ans de ministère de prêtre, abîmé déjà par les contraintes arbitraires de l’obéissance ecclésiale. “Sans mission” depuis quelques mois. Pourquoi ? J’ai voulu me rendre sur le site du diocèse des Yvelines pour en savoir un peu plus sur votre carrière. Je tombe sur une page qui me dit : “Page non trouvée ! Cette page n’existe pas ou n’existe plus”.
Déjà ? Vous voilà donc effacé à jamais de votre diocèse au lendemain même de votre tragique décès ?
Pour moi, je ne pense pas que votre ministère ait été vain à ce point et que votre souvenir s’efface aussi vite de la mémoire de vos supérieurs, de vos confrères, de vos paroissiens, et de tous ceux qui, comme moi, apprennent atterrés votre suicide ce matin. Car en décembre 2021, il n’y a pas si longtemps, vous avez laissé une tribune hautement significative dans le journal La Croix. On pourra la lire dans le lien ci-dessous, et en commentaire de cet article.
Tribune dans laquelle vous dénonciez les abus de pouvoir au cœur de l’Eglise, dont vous avez été une victime solidaire de bien d’autres, ordonnés ou laïcs. L’expérience de l’abus d’autorité et de la douleur de la “mise au placard” suinte de votre article.
François, vous vous êtes donné la mort. Geste ultime de l’homme non pas faible ou malade psychiquement, mais avant tout désespéré. Geste courageux et porteur de sens pour nous qui vous survivons. Signez-vous par ce geste l’impossibilité définitive d’être entendu en Eglise, respecté pour vos prises de position et votre liberté de ton ? Vous faites-vous étendard, par-delà votre mort si injuste, de toutes les victimes d’omerta dans l’Eglise catholique romaine ?
Mais combien de vies fracassées faudra-t-il encore pour que la soi-disant Epouse du Christ resplendissante, sans tache, ni ride, ni rien de tel ; (…) sainte et immaculée (Ephésiens 5, 27), se rende enfin compte qu’elle ne ressemble en rien, en sa hiérarchie, au portrait flatteur qu’en dressait l’Apôtre Paul il y a vingt siècles ? Combien de suicides de prêtres malmenés faudra-t-il encore pour qu’elle remette enfin en question son fonctionnement autoritaire et parfois inhumain? Combien de victimes de mépris institutionnel souffriront encore jusqu’au bout de leurs jours sans que l’Eglise, au-delà de quelques paroles onctueuses hypocrites, ne remue le petit doigt pour elles ?
François, dans votre tribune, vous écriviez en décembre 2021 : “La première étape de l’abus de pouvoir dans l’Église consiste à faire peur. On fait passer la victime pour une personne fragile, on l’accuse de troubles psychiques. Ces accusations, par l’émoi qu’elles suscitent, dispensent la hiérarchie de l’Église comme les proches des victimes, de toute évaluation objective de ces fameux troubles.”
Cela résonne très profondément en moi dans sa justesse. François, je n’ai pas eu la chance de vous connaître, mais je suis sûre que vous étiez parfaitement sain d’esprit, et peut-être même plus que la moyenne. D’où votre lucidité sur l’institution qui vous a broyé, et votre franc-parler.
Savez-vous ce qui a été dit de moi il y a plus de vingt ans, quand j’ai commencé, m’approchant au plus près du Christ Jésus, à me poser des questions moi aussi sur le fonctionnement de son Eglise ?
J’ai essuyé un triple mépris : le curé de ma paroisse, pourtant plutôt jeune et avenant, a premièrement préféré s’adresser à mon mari qu’à moi-même : un curé ne s’adresse pas directement, hors sacrement de la réconciliation, à une jeune paroissienne mariée. Si je lui écrivais, la réponse me parvenait, décachetée, par les mains de mon mari. Première humiliation. Quand je suis devenue plus insistante, demandeuse d’accompagnement spirituel, il a joué les curés surbookés, s’apitoyant sur son propre sort : ne pas avoir de temps individuel à consacrer à ses paroissiens, c’était sa propre “croix”. Soit. Et quand, dans mon désarroi de “recommançante” vivant des expériences spirituelles très fortes dans une très grande solitude ecclésiale, j’ai commencé à perdre pied et patience, il a suggéré que je devais être en baby blues – alors que mon dernier enfant avait déjà un an ! Mépris essuyé en tant que femme et mère. Puis il s’est fortement rendu complice de mon mari pour l’encourager à me faire interner, arguant que tout le monde autour de moi se porterait mieux si j’acceptais enfin de me faire soigner en psychiatrie. Voilà.
François, je vous partage cette expérience traumatisante en écho à la vôtre, bien pire, puisque vous étiez malgré vous partie prenante du “système” comme ordonné. J’aurais pu moi aussi, il y a vingt ans, me suicider par désespoir et infinie solitude. Je ne l’ai pas fait car j’avais trois enfants, grâce qui vous a été refusée de facto à vous.
Cette lettre posthume aujourd’hui est un hommage et un cri du cœur pour vous, François. Pour que le sacrifice de votre vie ne demeure pas vain. Pour que quelque chose change. Pour que de là-haut – car je suis sûre que vous êtes reçu dans la cohorte des témoins bien-aimés du Seigneur – vous continuiez encore plus efficacement à intercéder pour vos frères et sœurs qui souffrent mille maux du fait de l’incurie de l’Eglise.
Véronique Belen
La tribune de François de Foucauld dans La Croix en décembre 2021 :
https://www.la-croix.com/Debats/Abus-contrainte-silence-lEglise-passe-plus-2021-12-02-1201188160
27 commentaires
J’ai eu la chance d’écouter quelques uns de ses prêches à Noisy le Roi avant qu’il ne rejoigne Bois d’Arcy. Jamais je n’avais entendu un Prêtre parler comme lui, A chaque fois, ce n’étais pas un simple prêche, il nous racontait une histoire que j’écoutais avidement. Le temps s’arrêtait simplement. Aucun de ceux que j’ai écouté par le passé ne lui ressemblait. – Il etait vraiment différent-
En hommage au père François de Foucauld dont les obsèques vont être célébrées à 15h00 au Vésinet.
Que le Seigneur qu’il a cherché à servir de son mieux l’accueille dans sa paix et sa lumière.
Que ses proches meurtris trouvent consolation et espérance.
Que ce tragique sacrifice d’une vie ne demeure pas vain.
https://www.youtube.com/watch?v=FqJ8LHT4Ork
Père François de Foucauld
Curé de Bois d’Arcy (sept. 2014 – sept. 2021)
Ci-dessous, le témoignage – hommage – de Monsieur Philippe Benassaya, Maire de Bois d’Arcy.
“Le Pere François de Foucauld nous a quittés. C’était l’ancien curé de Bois d’Arcy. C’était un ami. C’était aussi un partenaire dynamique dans la vie de la commune. J’ai beaucoup de tristesse mais aussi beaucoup de colère.
Nous sommes à peu près arrivés en même temps aux responsabilités à Bois d’Arcy en 2014. Très vite nous avons sympathisé et partagé la même conviction, bien que restant chacun à sa place à l’aune d’une stricte laïcité républicaine, qu’il fallait bouger la ville. Il avait coutume de dire : « je m’occupe des âmes, tu t’occupes du reste ! ». Ensemble nous avons échafaudé le projet d’une école privée à Bois d’Arcy à l’instar d’autres communes limitrophes. Je l’ai accompagné autant que faire se peut dans des projets dès lors qu’ils concernaient l’intérêt de Bois d’Arcy et des Arcisiens : repas, fêtes, commémorations,…
Cette réussite et cette entente ne pouvaient bien évidemment pas laisser indifferente l’immense cohorte des petits, des jaloux, des aigris, dont la rumeur est le funeste métier. J’en ai été victime un temps, il l’a été plus que moi, parfois par les mêmes personnes, jusqu’à l’épuisement final. L’heure n’est pas encore à la nécessaire recherche de la vérité et à la défense de son honneur flétri. Respectons le temps du deuil. Mais le temps de la justice et de la vérité viendra, inéluctablement, naturellement, avec force.
Je veux juste que nous méditions sur le poison de la calomnie, dont chacun pense en être exempt. Ce poison n’a cessé de ronger les âmes déjà bien abîmées, de consumer les cyniques faussement dévots. Mais ce poison a fini par tuer.
Le Père François est parti seul. Isolé. Abattu. Anéanti.
Je veux retenir ce soir de lui cette photo qui ne date pas d’hier. Je veux retenir de lui cette forte propension qu’il avait à communiquer du bonheur, à donner de la force aux plus fragiles et à transmettre du courage aux plus faibles. Il débordait d’énergie et se gaussait des immobilismes et autres conservatismes endormis. Forcément ça dérange. Nous en parlions souvent jusqu’à récemment encore il y a quelques semaines. C’était un homme bon, dévoué, parfois incompris, mais tellement utile sur le chemin de nos vies quand vous avez la chance de le rencontrer.”
Philippe Benassaya
Maire de Bois d’Arcy
Bonjour Monsieur le Maire. Merci de votre témoignage sur le père François de Foucauld. Des centaines des jeunes comme moi prions et ferons des moments de silence à 15h.Dites à la famille toute notre peine et union à leurs égard. Ce prêtre donnera la vie et disant haut ce qui se passe. Merci Monsieur le Maire
N.B. concernant la qualité de Monsieur Philippe Benassaya.
M. Philippe Benassaya n’est plus le Maire de Bois d’Arcy ;
il l’aura été du 30 mars 2014 au 7 novembre 2020 (réélu en mars 2020).
A démissionné de son mandat de maire suite à son élection à la députation le 27 septembre 2020 dans le cadre d’une élection partielle.
Un nouvel article au sujet du suicide de ce prêtre rédigé sur son blog par René Poujol, dont je recommande la lecture à chacun.
https://www.renepoujol.fr/apres-le-suicide-dun-ami-pretre/
Merci pour ces témoignages, que l’âme de Francois de Foucauld s’élève dans la plus grand et belle lumière qui soit ! Toute mon empathie et mes condoléances à la famille, aux amis que Dieu leur vienne en aide.
Pour l’auteure désolée que vous ayez traversée tout cela, bravo pour votre courage.
Merci à vous Soraya, je suis touchée par votre message.
Pour celles et ceux qui voudraient mieux comprendre les circonstances qui ont amené le père François de Foucauld au suicide, je copie ici un témoignage d’un de ses amis rendu public sur Facebook aujourd’hui.
Message de Nicolas Jourdier :
·
Père François de Foucauld : plus d’explications pour ceux qui veulent comprendre.
François de Foucauld a été nommé curé de la paroisse de Bois d’Arcy en septembre 2014. L’évêque, Monseigneur Aumonier, lui demande alors d’affermir une paroisse en déshérence pastorale. La paroisse reprend vite des couleurs sous l’impulsion du Père François, la catéchèse repart, de belles cérémonies jalonnent l’année…
Mais un groupe de cinq paroissiens, sans doute vexés de ne plus pouvoir gérer la paroisse à leur guise comme ils le faisaient auparavant, décide d’en découdre avec le Père François. Calmes au début ils se déchaînent à partir de la fin de l’année 2018. Des lettres sont envoyées à l’évêché, des homélies du Père François sont interrompues par des propos humoristiques… Un véritable harcèlement se met en place contre le curé mais aussi contre des membres de l’équipe pastorale qui sont insultés dans la rue. Une paroissienne témoigne : « quand la majorité silencieuse de cette paroisse vivait avec joie ce nouveau souffle, une minorité agissante manifestait bruyamment son désaccord ».
Le Père François demande le soutien de l’évêque. Mais des personnes mal intentionnées à l’évêché soutiennent les harceleurs. Et on accuse même François d’avoir produit un faux sms, comme si le curé avait piraté le système central d’Orange. François demande à lire les lettres de reproches qu’on a adressé à l’évêché. Monseigneur Aumonier refuse an arguant de la confidentialité des lettres. François demande alors une simple retranscription anonyme des lettres, l’évêque persiste dans son refus.
Finalement il est décidé avec l’évêque auxiliaire une rencontre avec les accusateurs du curé pour faire le clair. Ces derniers refusent de participer à la rencontre avec le curé et l’évêque auxiliaire. Ils continuent à propager des idioties comme le fait que la messe dominicale du samedi soir serait célébrée « sans célébration de la parole de Dieu ! »
Alerté par deux responsables du diocèse, François se rend compte qu’un mécanisme de dénigrement est en place au sein de l’évêché contre lui.
Il consulte alors une avocate en septembre 2020, qui lui conseille de proposer dans un premier temps, une médiation professionnelle avec un médiateur extérieur, pour permettre à la hiérarchie de prendre en douceur ses responsabilités face à de tels harcèlements. Le 14 décembre, après 9 heures de médiation, le médiateur décide de la stopper en raison de la persistance des évêques à nier tout problème.
François entame alors une grève de la faim et demande la réalisation d’un audit pour faire le clair sur les disfonctionnements à Bois d’Arcy comme à la curie diocésaine. Un prêtre m’appelle pour me dire que si François n’arrête pas sa grève de la faim on ne fera passer pour fou. Finalement Monseigneur Aumonier accepte l’audit et François met fin à sa grève de la faim après vingt jours.
François n’a informé personne de sa grève de la faim car il ne voulait pas faire de scandale. De la même façon il a fait sa grève dans un autre diocèse pour que ses paroissiens ne soient pas au courant.
L’audit est réalisé en mars et avril 2021 par deux anciens DRH à la retraite. Il présente des accusations graves à l’encontre du curé et de son équipe (dont banqueroute financière, trésorerie exsangue, comptabilité non tenue…) sans apporter aucune preuve.
L’avocate de François demande communication des pièces du dossier le 20 avril. Cela lui est refusé (évidemment car c’est un audit à charge réalisé sans preuves).
L’avocate demande à deux reprises un débat contradictoire avec les auditeurs sur les accusations anonymes et non motivées de l’audit (30 avril et 16 mai). Cela lui est refusé.
Et pour clore l’affaire, Monseigneur Crépy écrit le 16 juin 2021 que « les pièces touchant aux auditions seront détruites ».
François s’insurge contre la destruction des preuves, il veut au contraire que toute la lumière soit faite.
L’évêque estime ne pas être tenu aux principes fondamentaux du droit applicable en France, qui oblige tout accusateur à établir lui-même des éléments de preuve et des explications objectives à toute accusation.
D’autre part, le rapport est basé sur des accusations qui sont toutes anonymes. En prétextant se soucier de la confidentialité des personnes auditionnées, la curie diocésaine pose comme un droit acquis la délation anonyme et officielle dans les audits officiels du diocèse. Les rapporteurs justifient leurs affirmations de simples phrases telle que « on parle de… les bruits vont bon train… ».
Enfin, l’évêché méprise un principe élémentaire du droit français, qui veut qu’on présente à la partie adverse les éléments et les pièces d’une accusation qu’on affirme.
Le 2 décembre François écrit une tribune dans le journal La Croix. Il veut se battre contre les abus de pouvoir dans l’Eglise et les mécanismes mis en place pour décrédibiliser les victimes : « On fait passer la victime pour une personne fragile, on l’accuse de troubles psychiques. Ces accusations par l’émoi qu’elles suscitent, dispensent la hiérarchie de l’Église comme les proches des victimes, de toute évaluation objective de ces fameux troubles. La seconde étape est alors facile : la victime étant sortie hors du cercle de la raison, et son entourage anesthésié ; l’évêque et son conseil peuvent alors procéder sans contrôles à toutes décisions à son sujet. Elle n’est plus une personne aimable ou de droit. Elle devient juste une chose, un dossier à régler. »
François menace de porter l’affaire à Rome. Le 3 mars 2022 Monseigneur Crépy accepte alors une ultime médiation judiciaire avec avocat. Plusieurs rencontres ont lieu pour négocier la rédaction d’une lettre. Finalement le 11 avril l’évêque donne son accord à une lettre où il reconnaît que « les affirmations à l’égard du prêtre ne sont étayées par aucune preuve » et « sont infondées » ; et que «l’audit a suivi une méthodologie particulièrement contestable et contraire à la déontologie ». Il demande un mois à François avant de diffuser la lettre.
François est soulagé, il part marcher sur les chemins de Saint Jacques pour se reposer. Nous, ses amis, sommes aussi soulagés. François réfléchit à son futur, il est heureux.
Mais le 13 mai, Monseigneur Crépy revient sur l’accord. Il exige «qu’aucune forme de procédure contentieuse, devant quelque instance que ce soit, contre qui que ce soit » ne puisse être engagée. Il est étonnant de constater que l’évêque qui a été choisi pour faire la lumière sur les abus dans l’Eglise en France, organise lui-même l’opacité la plus totale sur les abus de pouvoir commis dans son propre diocèse, réclame la destruction des preuves et exige l’impunité judiciaire de ses responsables.
François n’avait pas l’intention de porter l’affaire en justice.
Ce qui a écrasé François, c’est le parjure de l’évêque qui exige, en plus, que la lettre qui devait faire la lumière sur cette affaire et qui avait été si longuement négociée, reste strictement confidentielle.
Je souhaite que la lumière soit faite sur cette histoire car je veux pour mes enfants une Eglise belle et rayonnante. Nos prêtres sont, dans leur immense majorité, des personnes extraordinaires qui ont fait don de leur vie pour l’humanité. Nous ne devons pas laisser des personnes malhonnêtes salir leur sacerdoce.
(Publié ici avec l’aimable autorisation de Nicolas Jourdier, auteur)
Hubert
Merci beaucoup, Madame, d’avoir ainsi transmis le témoignage de Nicolas Jourdier. Il est précis et plus convainquant que les explications données à l’évêché présentant le père François de Foucauld comme un homme devenu obnubilé par l’idée d’être victime d’abus de pouvoirs malgré plusieurs audits contradictoires dans lesquels il ne supportait aucune critique. Le revirement de l’évêque n’est pas évoqué. J’ai de plus en plus mal à mon Eglise quand elle s’éloigne ainsi des merveilles de l’Evangile. Il faut poursuivre sans relâche la quête de la vérité. Prions pour guider et encourager note action.
Merci à vous Hubert de Chergé, oui, n’ayons de cesse de quêter la vérité en toutes choses.
Cordialement,
Merci Nicolas, merci Véronique
Je n’imaginais pas que des prêtres puissent vivre un tel cauchemar qui, pour le coup, peut leur faire perdre leur équilibre mental.
Comment la hiérarchie de l’église peut-elle être défiante à l’égard d’un prêtre dans l’exercice de sa mission, une mission qui est par essence une mission publique ?
Quelle autre porte de sortie de crise, le Père François avait-il ?
Quelle autre porte de sortie de crise, l’Evèque espèrait-il ?
Ne pas donner de mission à un prêtre,
n’est-ce pas lui faire vivre la négation de son sacerdoce ?
N’est-ce pas l’isoler dans sa propre communauté ?
N’est-ce pas le laisser s’envahir par un sentiment d’inutilité ?
N’est-ce pas lui éteindre la lumière, la lumière du chemin, la lumière de l’espérance ?
N’est-ce pas le plonger dans le néant ?
Ce drame a un sens,
celui de l’éveil des consciences.
Le Père François nous fait don de sa vie,
Soyons dignes de la recevoir, c’est-à-dire d’en faire quelque chose.
Toutes mes prières pour le Père François, sa famille et tous ceux qui l’ont connu.
Les funérailles du Père François de Foucault seront célébrées
Vendredi 8 juillet à 15 heures
Eglise Sainte-Marguerite au Vésinet
Elles seront présidée parle Père Étienne Guillet, ami proche de François
L’homélie sera prononcée par Mgr Philippe Brizard, ami de la famille.
Pierre
Merci à vous, Pierre, pour ce commentaire. Nous sommes nombreux à nous poser les mêmes questions que vous.
Nicolas Jourdier a créé hier un groupe public sur Facebook pour nous fédérer, échanger, réfléchir à ce que nous pourrions faire pour que le sacrifice de la vie du père François de Foucauld ne demeure pas vain.
https://www.facebook.com/groups/6087979481218966
Merci Véronique,
J’ai pas de compte Facebook mais pour rejoindre Nicolas dans son initiative, je vais en créer un.
Pierre
Inutile de se suicider pour en finir avec ces agissements d’une gouvernance sans scrupule dans l’Eglise; certaines autorités ne se gênent même pas pour nous « suicider » en nous mettant sur des « voies de garage » pour leur laisser les voies libres où « barrettes et dentelles » peuvent se mouvoir au milieu de l’acclamation! Les églises se sont vidées, à cause du Covid, dit-on! Pas sûr! Les anciens pratiquants en présentiel ne sont pas dupes! Ils continueront en « virtuel »! En attendant une nouvelle Église! Et donc plus un cent de notre vivant et après notre mort pour soutenir ce Vatitanic qui sombre doucement mais sûrement!
Merci pour votre article ! Mes condoléances à la famille du père de Foucauld. Puisse son immolation porter du fruit.
Merci pour cette lettre et le lien vers la tribune du P François de Foucauld.Union de prière
Ancien seminariste, je tenais simplement à dire que je reconnais les pratiques dont j’ai été victime il y a près de trente ans.
Celui ou celle qui remet en question l’exercice de l’autorité dans l’institution est rapidement isolé et traité comme un déficient.
Il faut être très solide pour résister à cette horrible épreuve.
Je partage la peine de la famille et des proches de François de Foucauld.
Merci Benoît pour votre témoignage bien triste mais édifiant. J’ai constaté souvent que les ordonnés étaient muselés par le devoir d’obéissance, finalement porte ouverte à tous les abus et au silence qui les entoure.
Pour ma part, bien que consacrée au Seigneur par le cœur depuis plus de dix ans, je n’ai jamais voulu m’inféoder à un ordre quel qu’il soit, désireuse de conserver ma liberté de pensée et d’expression. Et je m’en réjouis dans le contexte actuel, même si je dois le payer d’une très grande indifférence à ma vocation au cœur de l’Eglise et du fait de n’être jamais vraiment prise au sérieux par la plupart des clercs auxquels j’ai affaire parce que je ne suis pas estampillée oblate de ci ou de ça.
J’ai une foi à déplacer les montagnes, mais je me rends compte finalement que cela intéresse peu mon entourage ecclésial. On attend d’une femme pratiquante toutes sortes de services en paroisse, qu’elle ait la foi très vive et une bonne compréhension des Ecritures ne “fait pas tourner la boutique”, alors finalement tout le monde s’en moque un peu. Et c’est là aussi un vaste gâchis.
François de Foucauld, tu es dans les bras de Jésus, auprès du Père, c’est ma foi basée sur Ta Parole de Messie, toujours avec nous et qui nous parle à travers l’Evangile et avec l’aide du Saint Esprit qui nous rappelle tous ce que tu nous a dit.
je suis content de vous lire Véronique, parce que je partage votre situation donc je vous comprends quand vous dites “expérience” fortes, non accompagnement, bon à interner, etc…
Je me tiens à l’écart si je puis dire des “expériences” de je ne sais quoi qui agissent sur mon ressenti physiques, psychiques (“hallucinations”) car ces trucs finissent par avoir une incidence redoutable sur notre psychologie, notre sensibilité et on finit par en être submergé. Pour moi c’est une forme d’esclavagisme tout le contraire de Dieu Amour. Donc rejet de tout ça, ce n’est pas l’Evangile, ce n’est pas ce que nous ferais le Seigneur ou alors ça ressemble plus à Bartimée qui voudrait être guéri de ça. Je me tiens à l’écart maintenant de l’institution “église catholique”. J’estime qu’elle galvaude l’Evangile en mettant de l’ésotérisme, en nous trompant sur ce que nous sommes venus y faire par rapport à ce que elle va appliquer. Galvaude aussi l’Evangile en y ayant ajouté comme “Parole de Dieu” des textes qui ne sont pas La Parole de Dieu : des récits de rencontres, de conversions, de biographies (Epitres, récits des apôtres, etc…). Aussi intéressant soient-ils, ce n’est plus La Parole de Dieu et quand on a un temps soit peu de lucidité, on s’aperçoit vite des différences d’enseignement, de charité, entre l’Evangile et ce qui a été ajouté et qui souvent contredisent la Parole du Christ. Cette démarche de revenir à l’essentiel, l’Evangile, m’a fait beaucoup de bien. Avec Jésus de Nazareth, Le Christ, je n’ai pas peur. L’Evangile n’est que bonne nouvelle, Si on y médite un passage et qu’on ait peur, qu’on se sente mal à l’aise, qu’on y voit des ténèbres pour les hommes, alors ce n’est pas le Saint Esprit qui guide les pensées. Enfin je ne n’adhère pas à l’interprétation déformée de La Parole de Jésus à Pierre pour des fins de pouvoirs nauséabonds, cachés sous un pseudo “service” du prochain qui même pavé de bonnes intentions terminent souvent en eau de boudin. Pour moi, Jésus nous dit simplement que même une personne qui aurait promis de le suivre, l’aurait renié, abandonné pour sauvé sa peau, même cette lâcheté ne tient pas devant l’Amour de Dieu pour les hommes et que ça ne l’empêche pas de continuer à bâtir son Eglise avec cette personne. C’est une parole pour chacun. Je pourrais continuer, mais je préfère redire : revenir à l’essentiel qui est l’Evangile, La Bonne Nouvelle c’est le top ! Courage Véronique, je te souhaite de continuer avec Jésus de Nazareth, Le Christ, ce qu’il nous a appris sur Lui qui est Dieu et avec le Saint Esprit qui te garde des mauvaises interprétations. L’Evangile est fait pour l’homme, pas l’homme pour l’Evangile.
Bonjour ,
Après l’annonce du suicide du père François , j’ai eu la proposition de lire votre lettre posthume à ce frère prêtre . Mille mercis d’ouvrir le débat sur cette réalité du management dans l’Eglise et du dictat de la peur .
Prêtre moi même et en colère devant tout cela … j’ai décidé d’aller de l’avant …
P. Franck Legros .
Merci à vous père Franck. Il faut du courage à tous les prêtres en ces temps difficiles où nombre d’entre eux sont injustement dénigrés, portant le poids des errements d’une institution dont eux-mêmes ne sont pas responsables. Sur les réseaux sociaux, nous sommes désormais un certain nombre, laïcs ou ordonnés en colère comme vous, à nous soutenir les uns les autres dans nos combats pour dénoncer l’injustice. Vous y seriez le bienvenu.
En union de prière et de lutte, bien à vous,
Véronique
Merci à vous madame pour cette lettre j espère qu elle portera ses fruits
Oui, nous sommes en colère, et je pense que nous avons tous un rôle à jouer et une parole à dire pour que cesse ce grand silence sur les souffrances des prêtres liées au management catastrophique dont certains (curieusement les meilleurs) sont victimes. Il faut le dire et le répéter , sur les réseaux sociaux et ailleurs, dans les paroisses où l’ on gémit sur le manque de prêtres.
Oui, il faut aller de l’ avant.
Une laïque
Quelle est cette façon de classer les prêtres?
Ce qualificatif “les meilleurs” me paraît tristement loin de l’Evangile.
Qui êtes-vous pour juger? Pour mettre les prêtres sur une balance ?
Un tel esprit me fait frémir
Bonjour Cécile,
Et le calvaire qu’a vécu le père François de Foucauld jusqu’à ce geste ultime ne vous fait pas frémir ?
L’article complet :
TRIBUNE.
François de Foucauld, un prêtre du diocèse de Versailles qui estime avoir été victime d’abus de pouvoir, montre dans cette tribune les mécanismes à l’œuvre dans l’institution quand des victimes témoignent. Essentielle, la libération de la parole permettra d’édicter des « règles objectives de gouvernance », espère-t-il.
Je suis prêtre depuis 17 ans dans le diocèse de Versailles. Depuis le séminaire, j’entends parler d’abus. Pédophilie, abus de pouvoir, gouvernances troubles… Ces sujets ne sont pas niés explicitement, mais la parole est enfermée. C’est trop souvent un petit cercle de clercs et laïcs autour de l’évêque qui s’arroge le dernier mot.
Cette contrainte au silence imposée par quelques-uns ne passe plus ; et ainsi ne peut plus être consentie. Nous ne sommes qu’à l’aube d’un nouveau débat sur les abus de pouvoir dans l’Église et les questions qu’il soulève. À la suite des premiers témoins qui ont osé courageusement prendre la parole et que je salue ; des hommes et des femmes, prêtres et fidèles, se sont mis alors à échanger, questionner, formuler une parole plus libre.
Une même mécanique abusive se répète
La première étape de l’abus de pouvoir dans l’Église consiste à faire peur. On fait passer la victime pour une personne fragile, on l’accuse de troubles psychiques. Ces accusations par l’émoi qu’elles suscitent, dispensent la hiérarchie de l’Église comme les proches des victimes, de toute évaluation objective de ces fameux troubles. La seconde étape est alors facile : la victime étant sortie hors du cercle de la raison, et son entourage anesthésié ; l’évêque et son conseil peuvent alors procéder sans contrôles à toutes décisions à son sujet. Elle n’est plus une personne aimable ou de droit. Elle devient juste une chose, un dossier à régler.
Je me rappellerai toujours ces propos de Mgr Boyer, ancien président du tribunal ecclésiastique de Versailles et canoniste réputé, évoquant au sujet des abus de pouvoir dans les diocèses, des pratiques rappelant les « lettres de cachet ». Je comprendrai par la suite cette image qu’il avait choisie : la lettre de cachet retirait également à la victime tout droit à se défendre devant une cour de justice. Il devenait ainsi soumis au bon vouloir d’une seule personne.
Qui fait l’ange fait la bête
Si l’Église demande une obéissance dans l’exercice d’un ministère, elle doit laisser en contrepartie aux clercs et aux laïcs une part d’initiative dans l’exercice de cette obéissance. À commencer par le respect de sa conscience, le souci du débat contradictoire et les droits élémentaires de la défense dans le cadre d’un conflit. À défaut, ce service vécu strictement dans l’obéissance risque de nier les abus potentiels de pouvoir. Qui fait l’ange fait la bête, dit le proverbe.
Aussi, on ne peut pas spiritualiser à l’infini le pouvoir afin de l’apprivoiser. Est-il juste par exemple, de demander d’entrer dans un chemin de pardon alors que les abus de pouvoir sont encore niés dans une affaire ? À ce jeu-là, on risque d’entraîner des hommes et des femmes dans la violence ou un repli amer et résolu.
Le modèle des études de pénibilité
Quel est ce chantier qui s’ouvre à nous ? Il s’agit de clarifier et baliser dans l’Église les étapes de l’exercice du pouvoir, comme on peut diagnostiquer dans un lieu professionnel les gestes entraînant des douleurs au travail. Ainsi, dans ces études de pénibilité, on écoute d’abord les personnes qui subissent ces douleurs. Alors on expertise et on apporte les premières réponses en kinésiologie, afin de compenser telle pénibilité.
Il nous faut faire de même en écoutant d’abord le témoignage des victimes d’abus de pouvoir dans l’Église. Alors nous pourrons apporter les règles de gouvernance adéquates afin de compenser tout abus. C’est un hôpital de campagne, nous dirait le pape François, qu’il faut ouvrir dans chaque diocèse pour nous mettre à l’écoute des personnes ayant subi ces abus.
Laurence Devillairs, doyenne de la faculté de philosophie de l’Institut catholique de Paris, le signalait à juste titre dans une récente tribune : « La participation de laïcs ou de femmes, parce qu’ils auraient telles qualités, ne modifieraient en rien une institution qui n’aurait pas d’abord modifié son mode de gouvernement. S’il y a abus sexuels, c’est parce qu’il y a aussi, et peut-être d’abord, abus de pouvoir, parce qu’il y a une institution qui l’autorise, le légitime, et le “blanchit”».
Préférer la confiance à la réputation
Il est donc pressant de libérer la parole. Beaucoup de victimes ont encore peur de témoigner des abus vécus, craignant à la fois d’attaquer l’Église et de ne pas être cru, ni même écouté. Comment se fait-il que l’Église oblige ces témoins à un tel parcours du combattant pour exprimer librement ce qu’ils ont vécu en son sein?
Il y a aussi parmi nous les clercs, une peur du repentir, afin de sauver notre réputation ou celle de l’Église. On remarque pourtant le respect naturel qu’insuffle une personne capable de reconnaître simplement ses fautes. On voit alors s’installer un malaise dans l’Église, où une hiérarchie n’ose pas reconnaître ses abus, sinon quand elle est mise au pied du mur. C’est pourtant un repentir sincère qui fera regagner la confiance.
C’est après avoir médité les abus et dérives racontés par les moines des premiers siècles, que « le patriarche des moines » a écrit la fameuse Règle de saint Benoit. Il a alors fixé des règles objectives de gouvernance pour le père abbé et son conseil, sans que son autorité en soit affaiblie.
Ainsi, il est urgent à notre tour, que les pasteurs et les fidèles entrent dans une véritable considération des témoins des abus de pouvoir aujourd’hui dans l’Église. Alors nous pourrons discerner progressivement ensemble, les règles claires et paisibles de gouvernance au sein de l’Église. C’est bien le débat contradictoire que l’on doit inscrire dans le marbre de nos responsabilités pastorales, que l’on soit évêque, prêtre ou responsable laïc.
François de Foucauld