Les obsèques du père François de Foucauld vont être célébrées aujourd’hui vendredi 8 juillet à 15h00 au Vésinet (paroisse Sainte Marguerite).
Je serai en pensée et en prière avec la communauté rassemblée.
Que le Seigneur qu’il a cherché à servir de son mieux l’accueille dans sa paix et sa lumière.
Que ses proches meurtris trouvent consolation et espérance.
Que ce tragique sacrifice d’une vie ne demeure pas vain.
6 commentaires
A lire, le nouvel article de blog de René Poujol :
https://www.renepoujol.fr/suicide-de-versailles-en-attente-dune-parole-vraie
Merci Véronique d’avoir publié :
– l’article de « La Croix », que je trouve plutôt fidèle à la réalité,
– le mot d’accueil du Père Etienne Guillet (qui dit représenté Mgr Crepy, évêque de Versailles, alors que la Famille de Foucauld avait exprimé le souhait qu’il ne soit pas présent… et donc pas représenté !… ?)
– l’homélie de Monseigneur Philippe Brizard qui – malheureusement – fait débat, ainsi chacun pourra donc s’y reporter.
Malheureusement, car cette homélie n’aurait pas dû faire débat.
En effet, je suis de ceux, et je pense que nous étions la grande majorité, qui attendaient une homélie plus consensuelle. Pour avoir entendu Mgr Philippe Brizard s’exprimer lors d’une interview, 2 ou 3 jours avant la cérémonie, je n’attendais pas une homélie dans laquelle serait abordée une nécessaire réflexion sur la gouvernance de l’Eglise. Non, bien sûr. D’ailleurs, j’étais angoissé à l’idée d’entendre certains mots qu’il pourrait prononcer ; mais je ne pensais pas qu’il puisse prononcer une telle homélie. J’étais ravagé.
Comment, pour cette cérémonie de funérailles, Monseigneur Ph. Brizard a-t-il pu prononcer une telle homélie, en présence de la famille, des proches et de tous ceux qui sont anéantis, lui, qui plus est, est présenté comme ami de la famille de François de Foucauld ?
Si l’article de « La Croix » mentionne bien que l’homélie a été interrompue par un chant, il ne précise pas qu’une douzaine de personnes, situées dans le premier tiers de la nef, ont quitté leur place durant cette homélie, exprimant ainsi, silencieusement, un très fort mécontentement, une totale désapprobation (désaccord) des mots de Mgr. Philippe Brizard.
Puis ce fut le micro qui a été coupé pendant quelques secondes, interminables.
>> Dans la solennité de funérailles. . . ces instants sont difficiles, violents.
D’après cette homélie, il est clair que si le Père François de Foucauld s’est donné la mort, c’est qu’il :
– « recherchait à être aimé et surtout reconnu »,
– « avait des difficultés avec l’autorité quelle qu’elle soit »,
– « avait à sa décharge une faiblesse psychologique qui pouvait le crisper, le rendre autoritaire, l’éloigner des autres de sorte qu’il supportait très mal les contradictions et de plus en plus mal les difficultés inhérentes à la vie tout simplement »,
et de rajouter : « nous pensons, avec les progrès de la réflexion sur les drames psychologiques sans qu’on sache les soigner, qu’il y a eu quelque chose de compulsif dans le comportement d’un homme de foi comme le P. de Foucauld qui l’a mené à cette horrible extrémité ».
Donc, cette homélie exclut toute cause qui serait exogène.
– Le Père François de Foucauld aurait été victime de troubles psychologiques ! (cela rappelle ce qui avait été confié à son ami d’enfance, Nicolas Jourdier, lors de la grève de la faim du Père François, à savoir, que s’il n’y mettait pas fin, il lui serait attribué des troubles mentaux)
– Pas un mot sur la responsabilité de ceux qui ont calomnié François.
– Pour ce concerne sa hiérarchie, Mgr Philippe Brizard dira et dira seulement :
« Je suis témoin de tout ce qu’a fait pour lui Mgr Éric Aumonier, son évêque jusqu’à une date récente. Et beaucoup d’autres peuvent le dire avec moi. Et quoi qu’on ait dit, Mgr Crépy se trouve être dans les mêmes dispositions ».
REFLEXION VERS UNE NOUVELLE GOUVERNANCE ?
– La tribune du Père François de Foucauld, dans « La Croix », le 2 décembre 2021,
– Le suicide du Père François de Foucauld, le 30 juin dernier,
– La lettre de Mgr Crepy aux Prêtres le 4 juillet,
« Qu’ai-je fait et que n’ai-je pas fait ? Qu’avons-nous fait et que n’avons-nous pas fait ? »
et
– L’homélie de Mgr Brizard, le 8 juillet,
>> nous alertent sur la très difficile prise de conscience de l’Eglise sur une nécessaire évolution de sa gouvernance.
Reprenant les derniers mots de la tribune du Père François de Foucauld (2 déc. 2021) :
« il est urgent ( ), que les pasteurs et les fidèles entrent dans une véritable considération des témoins des abus de pouvoir aujourd’hui dans l’Église. Alors nous pourrons discerner progressivement ensemble, les règles claires et paisibles de gouvernance au sein de l’Église. C’est bien le débat contradictoire que l’on doit inscrire dans le marbre de nos responsabilités pastorales, que l’on soit évêque, prêtre ou responsable laïc ».
>> LES PRÊTRES SONT EN DANGER, ils ont BESOIN DE NOUS.
Ci-dessous, quelques passages de l’homélie qui m’ont quelque peu heurté.
Pierre (de Clichy)
« malgré ses défauts, [François] compte beaucoup d’amis ».
« Moi, qui le connaît, pas comme ses parents mais presque, depuis sa naissance, ne puis m’empêcher de penser qu’il était aimé même si, grand affectif, il recherchait à l’être et surtout à être reconnu ».
« Sa vie porte aussi de beaux fruits »
« Comme se doit de l’être tout prêtre, il était fidèle en amitié et à ceux avec qui il avait tissé des liens à la suite d’une relation pastorale forte ».
« Je dois à la vérité de dire que le Père François-Armand avait des difficultés avec l’autorité quelle qu’elle soit. C’est un trait de sa personnalité. On croyait y trouver quelque chose du P. Charles de Foucauld… Charles s’est poli dans la découverte de l’obéissance qui rend libre. François avait à sa décharge une faiblesse psychologique qui pouvait le crisper, le rendre autoritaire, l’éloigner des autres de sorte qu’il supportait très mal les contradictions et de plus en plus mal les difficultés inhérentes à la vie tout simplement ».
« Il est normal que la foi s’interroge et que nous nous demandions s’il est raisonnable de croire vivants ceux qui, à l’évidence, sont morts ».
« Si nous sortons de l’alliance que Dieu a voulu nouer avec nous, nous nous retrouvons pratiquement dans la situation d’Adam après la chute. Coupé de Dieu, Adam ne peut que mourir ».
Article dans La Croix :
L’église Sainte-Marguerite du Vésinet est pleine à craquer en ce vendredi 8 juillet pour les obsèques du père François de Foucauld, ancien curé de la paroisse de Bois-d’Arcy. Ce prêtre du diocèse de Versailles a été retrouvé mort le 1er juillet en forêt de Rambouillet. Son suicide a suscité une très vive émotion, bien au-delà de l’Ouest parisien.
Si les raisons profondes qui conduisent à se donner la mort sont toujours complexes, il était évident pour tous que le père de Foucauld se débattait depuis plusieurs mois dans d’épuisantes souffrances. Le prêtre, qui n’avait plus de mission depuis septembre dernier, avait accusé le diocèse d’abus de pouvoir à son égard. Ses funérailles ont été célébrées en l’absence de l’évêque de Versailles, Mgr Luc Crepy, à la demande de la famille. Pendant la messe, ce dernier s’est retiré en prière pour le défunt, a-t-il annoncé.
Sur le parvis de l’église, en ce vendredi après-midi, la foule se tasse pour remplir les cahiers de condoléances. Parmi eux, une paroissienne qui avait témoigné pour son ordination : « Je le voyais évêque, c’était quelqu’un d’extraordinaire ! » « Il se mettait au service des jeunes avant même d’être ordonné », a souligné Mgr Philippe Brizard, ami de la famille, dans son homélie. Avec sa « messe pour les curieux », « il cherchait comment rejoindre les plus éloignés », a poursuivi l’ancien directeur général de l’Œuvre d’Orient.
« Un vrai accueil »
Nicolas, un jeune paroissien croisé sur le parvis, abonde : « J’ai reçu un vrai accueil, digne d’un curé ». À Bois-d’Arcy, le père de Foucauld l’avait encouragé et lui avait proposé « de jouer du piano durant les célébrations », explique-t-il. « Il m’a marqué dans ma vie ». Benoît, jeune paroissien de Houilles, où le père de Foucauld avait été vicaire, se souvient d’un repas à sa table. « Il m’avait marqué ce jour-là, et quand j’ai appris son décès j’ai voulu lui rendre hommage. »
« Je dois à la vérité de dire qu’il avait des difficultés avec l’autorité », a relevé Mgr Brizard, évoquant « un trait de sa personnalité » semblable à celui de son ancêtre Charles de Foucauld. « Mais à sa décharge, il avait des détresses psychologiques qui pouvaient le crisper… ». Le prélat n’aura pas le temps de finir sa phrase : son homélie est alors interrompue brièvement par un chant. Il reprendra plus tard : « La foi chrétienne n’évacue rien des réalités. »
« Rallumez le micro ! »
La cérémonie, présidée par le curé de Trappes, le père Étienne Guillet, ami de François de Foucauld, et préparée avec grand soin, a connu une autre interruption. Après la bénédiction du cercueil au son des cors de chasse, un oncle de l’ancien curé de Bois-d’Arcy prend la parole de manière spontanée. « Chère famille, chers paroissiens… Nous nous posons tous la même question : t’es-tu suicidé ou as-tu été suicidé ? »
Et ce proche de poursuivre : « Tu as dénoncé à ton niveau l’abus de pouvoir excessif et la contrainte au silence que t’imposaient tes deux évêques. » Ces paroles sont accueillies par un long moment d’applaudissements. Puis, à nouveau, le micro est coupé, provoquant l’ire d’une partie de l’assemblée. « Rallumez le micro ! », crient certains fidèles, au fond de l’église.
Quelques personnes de l’assistance quittent alors l’église. Mais la plupart se pressent pour accéder au cercueil. Et la célébration, riche de moments très forts, s’achève dans le calme après les perturbations. « L’Église ne comprend pas, elle ne fait rien pour ses prêtres », lâche Florence, paroissienne de Houilles. Son frère, également prêtre, avait lui aussi trouvé le corps sans vie d’un confrère : « Ça ne doit plus arriver. »
HOMELIE
POUR LES OBSEQUES DU PERE FRANCOIS-ARMAND de FOUCAULD
Dies irae, dies illa ! Jour de colère que ce jour-là où nous avons appris la
stupéfiante nouvelle. Elle venait des gendarmes :« On a trouvé la voiture de M.
de Foucauld, abandonnée en pleine forêt » Puis, « on a trouvé son corps,
pendu ». C’était la semaine dernière. C’est immonde, ce n’est pas possible ; c’est
d’une cruauté inouïe. La colère a vite monté parce que le Père, avec ses qualités
et malgré ses défauts, compte beaucoup d’amis. Certes il avait du caractère – et
en avoir aujourd’hui, c’est presque un défaut –, il a fait de belles choses. Moi, qui
le connaît, pas comme ses parents mais presque, depuis sa naissance, ne puis
m’empêcher de penser qu’il était aimé même si, grand affectif, il recherchait à
l’être et surtout à être reconnu. C’est pourquoi je m’incline profondément
devant la douleur de ses parents. Cher Jacques, chère Isabelle, dans mon amitié
pour vous, je souffre pour vous ; je souffre avec vous. Je me tourne tout autant
vers sa sœur, Hélène, et ses frères Bertrand et Dominique et leurs épouses :
votre fratrie est ébréchée mais faites bloc. Aimé des siens, François-Armand est
aussi aimé de Dieu qui l’a appelé à devenir son enfant en portant le prénom d’un
aïeul, prêtre, martyr des Carmes, béatifié, Foucauld tout comme lui et comme le
Père Charles de Foucauld tout juste canonisé. Dans son amour, Dieu l’a appelé
au sacerdoce de son Fils comme François-Armand, comme Charles et, comme
Charles, non sans difficultés. Et l’Eglise, qui a reconnu sa vocation, l’a aimé et
choyé. Je suis témoin de tout ce qu’a fait pour lui Mgr Éric Aumonier, son évêque
jusqu’à une date récente. Et beaucoup d’autres peuvent le dire avec moi. Et quoi
qu’on ait dit, Mgr Crépy se trouve être dans les mêmes dispositions.
Sortons de la noirceur du mal qui l’a emporté, considérons sa vie – il aurait
eu aujourd’hui 50 ans –. Sa vie porte aussi de beaux fruits et tenons-nous dans
la communion de l’Eglise afin que, solidaires dans le deuil, nous le devenions, s’il
plaît à Dieu, davantage dans la paix et l’espérance.
De Houilles à Bois-d’Arcy, Le Père de Foucauld a exercé le ministère que
lui a confié son évêque en diverses paroisses. Il avait l’intelligence exercée,
aiguisée, pour chercher l’action pastorale innovante et missionnaire. Il en est ici
qui se souviennent de sa passion pour le bateau qu’il mettait au service des
jeunes avant même qu’il fût ordonné. Il a aimé et servi les jeunes. Il cherchait
comment rejoindre les plus éloignés. Sa « messe pour les curieux » est un bel
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exemple de sa pédagogie pastorale. Il n’aimait pas ce qui ronronne, d’où ses
innovations dans les préparations au baptême ou au mariage. Il réfléchissait
aussi au renouveau de la catéchèse avec le lancement de la catéchèse du Bon
Pasteur qui emprunte à la méthode Montessori. Cette soif de renouveau l’a fait
songer à partir au Canada, à Halifax, pour voir la pastorale de transformation
initiée par le Père James Mallon. Parmi les tweets et les messages des réseaux
sociaux, il en est qui attestent de son attention aux personnes en difficulté.
Comme se doit de l’être tout prêtre, il était fidèle en amitié et à ceux avec qui il
avait tissé des liens à la suite d’une relation pastorale forte.
Je dois à la vérité de dire que le Père François-Armand avait des difficultés
avec l’autorité quelle qu’elle soit. C’est un trait de sa personnalité. On croyait y
trouver quelque chose du P. Charles de Foucauld qui a eu maille à partir avec
l’autorité militaire quand il était officier, et qui en a fait voir de toutes les
couleurs à l’Abbé Huvelin, son père spirituel. Charles s’est poli dans la
découverte de l’obéissance qui rend libre. François avait à sa décharge une
faiblesse psychologique qui pouvait le crisper, le rendre autoritaire, l’éloigner
des autres de sorte qu’il supportait très mal les contradictions et de plus en plus
mal les difficultés inhérentes à la vie tout simplement.
Bref, la messe que nous célébrons est une aide précieuse pour nous. Elle
est un moment de communion autant que de souvenir. C’est bon, aussi, que la
communion des vivants porte ceux qui sont morts et les confie à la miséricorde
divine. Il s’agit alors de bien autre chose que du souvenir. Certes le souvenir est
un moyen de rester uni à ceux qui ne sont plus ici-bas. Le souvenir est bien vivant,
parfois paisible, parfois douloureux. Il est hélas souvent incommunicable. A qui
confier son chagrin, avec qui évoquer telle chose vécue avec le défunt ? Bien
souvent, et heureux sommes-nous alors si nous trouvons notre consolation dans
le Seigneur. Que le Seigneur vienne donc à notre secours.
Et qu’il vienne au secours de notre foi. Dans le deuil, elle peut vaciller. A
n’en pas douter, la mort – peut-être moins la nôtre que celle de proches – est
une épreuve dans les affections mais aussi pour la foi. Il est normal que la foi
s’interroge et que nous nous demandions s’il est raisonnable de croire vivants
ceux qui, à l’évidence, sont morts.
La foi chrétienne n’évacue rien des réalités. Ce qu’il y a de plus réel la
touche. Jésus lui-même est mort. Il a maintes fois affronté la mort dans sa vie.
Elle provoquait chez lui une grande compassion et même le faisait pleurer. Il faut
s’en souvenir quand, dans un débordement de douleur, on s’en prend à Dieu.
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« Si le bon Dieu existait, il ne permettrait pas cela ». Mais approfondissons
davantage ce que disent l’expérience chrétienne et la foi. Elles disent ceci :
chacun de nous, chacun de ceux que nous pleurons, nous sommes faits pour
Dieu, pour vivre en relation avec Dieu. Comme le dit saint Paul : « aucun ne vit
pour soi-même… nous appartenons au Seigneur ». Si nous sortons de l’alliance
que Dieu a voulu nouer avec nous, nous nous retrouvons pratiquement dans la
situation d’Adam après la chute. Coupé de Dieu, Adam ne peut que mourir. Si,
au contraire, nous tenons la main que Dieu nous tend, alors nous acquérons une
certitude. Cette main, c’est Jésus-Christ, et nous passons avec lui de la mort à la
vie. La mort devient pour nous passage vers Dieu, comme pour Jésus. En un mot
notre vie est pascale. C’est évidemment la solidité de l’amour de Dieu qui nous
donne cette assurance.
Si rien des réalités de cette vie n’est occulté, Jésus invite donc à se lier à
lui par un acte de foi et d’amour : « celui qui croit en moi obtient la vie
éternelle ». La force de l’Alliance va jusque-là, à savoir que le Seigneur s’est lié à
nous de telle façon que l’imperfection de notre foi, l’imperfection de notre vie
ne peuvent faire obstacle à la volonté de salut de Dieu. Certes, comme le dit
encore saint Paul, chacun est responsable de ce qu’il fait. Mais chacun peut lier
sa prière à la puissance d’intercession du Christ pour le salut. Nous ne pouvons
pas, en vérité, juger la vie de ceux qui nous précèdent et certainement pas celle
du Père de Foucauld. Même si nous pensons que leur vie chrétienne est
insuffisante, même si nous regrettons amèrement les atteintes graves ou légères
à la charité, voire à la justice, les disputes et les conflits que nous avons eus, nous
pouvons faire fond sur la solidarité qui nous vient du Christ. C’est donc à bon
droit que nous prions pour le salut éternel de nos défunts et donc pour le Père
de Foucauld.
Autrefois, en raison des circonstances de sa mort, nous n’aurions pas pu
célébrer la messe qui consiste à appliquer les mérites du mystère pascal au Père
de Foucauld. Aujourd’hui nous pensons, avec les progrès de la réflexion sur les
drames psychologiques sans qu’on sache les soigner, qu’il y a eu quelque chose
de compulsif dans le comportement d’un homme de foi comme le P. de Foucauld
qui l’a mené à cette horrible extrémité. Nous ne pouvons que le remettre à Dieu
pour qu’il le prenne en pitié. Que la Bienheureuse Vierge Marie, Mère de Dieu,
nous aide. Elle a assisté son Fils mourant sur la croix. Elle a éprouvé la
compassion d’une mère pour son fils avec toute la tendresse qu’on imagine. Elle
a vécu la compassion au sens fort parce qu’elle a été associée dans la foi à la
Passion. A cette compassion, nous sommes tous appelés pour faire l’offrande de
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nos vies associées à celle du Christ mais aussi pour offrir la vie de notre frère
François-Armand que nous accompagnons jusque dans la mort.
Cependant, rappelons-nous, parce que chacun de nous à cette heure
pense à sa propre mort : quand un homme meurt, il naît à la vie éternelle dans
la logique de son baptême. Au baptême, nous avons déjà renoncé à cette vie qui
ne tient qu’à elle-même pour recevoir toute celle qui vient de Dieu. Et cette vie
éternelle est déjà commencée. Lorsque nous mourrons, nous acquiescerons à
notre baptême. En abandonnant tout, nous recevrons tout de Dieu, tout son
amour, toute sa vie. Saint-Paul ajouterait : « retenez ce que je viens de vous dire
et réconfortez-vous les uns les autres ».
Prions pour que François-Armand de Foucauld et tous les défunts reposent
en paix.
Sainte-Marguerite du Vésinet, le 8 juillet 2022
Monseigneur Philippe BRIZARD, Prot Ad
Mon propre sentiment sur cette homélie dont j’ai pris connaissance hier soir (je n’étais pas présente aux obsèques) :
Personnellement, je dois dire que je n’apprécie guère cette homélie dont je viens de prendre connaissance. Trop dure concernant la personnalité du défunt, trop complaisante pour ses évêques, et un peu anesthésiante sur la vie éternelle qui n’est pas qu’une “logique de notre baptême”. C’est infiniment plus complexe que cela. Et si, par intuition spirituelle très profonde, je considère dans une grande paix le salut comme largement offert à ce défunt, en écho à toutes les paroles du Christ dans les Evangiles, je ne suis pas aussi assurée de la béatitude d’avance acquise par ceux qui ont contribué à le mener jusqu’à une issue aussi dramatique de sa vie terrestre. Méditons Matthieu 25 plutôt que de faire mémoire de vieilles règles canoniques qui ont pu être en leur temps proprement inhumaines. A une âme suppliciée pour des raisons pas forcément intérieures à elle-même mais aussi extérieures et objectives, Dieu a-t-il besoin d’offrir sa pitié et sa miséricorde ? Ne va-t-il pas en premier lieu lui offrir la consolation que cette âme mérite de Sa part quand elle n’a pas pu la trouver chez ceux qui étaient censés prendre soin d’elle ?
Mot d’accueil du P. Etienne Guillet
Frères et sœurs,
Nous voici rassemblés autour de François dont le départ nous laisse tous sidérés et infiniment tristes.
Nous sommes cet après-midi traversés… par tant d’incompréhensions « Pourquoi, François ? »,
par tant de regrets « Que n’ai-je pas fait ? Quelle main n’ai-je pas tendue à temps ? Quel encouragement ne t’ai-je pas donné ? »
par tant de colère aussi, reconnaissons-le…
Nous voici devant toi, Seigneur, avec tout ceci : nos cœurs chavirés, les voici…
Et pourtant, nous sommes là car nous sentons qu’en de telles heures, il est essentiel de nous soutenir, de nous porter les uns les autres, individuellement et en Eglise…
Nous voulons être là à vos côtés, vous les parents de François, Isabelle et Jacques ; vous ses frères et sœurs, Hélène, Bertrand et Dominique et vos épouses ; vous ses neveux et nièces, sa filleule…
Nous voici, prêtres des Yvelines et d’ailleurs, en communion avec Mgr Crepy, évêque de Versailles, que je représente et qui en ce moment prie avec nous depuis le monastère des bénédictines à Blaru.
Nous voici, originaires des paroisses du Vésinet, de Houilles et Carrières-sur-Seine, de Conflant, de Versailles, de Bailly-Noisy, de Bois d’Arcy, où François a grandi et servi…
Nous voici, les amis de François, nombreux amis de Sillages et du Frat, amis des quatre horizons, car François, tu avais le goût de l’amitié. Nous aurions tant aimé que tu continues à vivifier ces amitiés et à servir la vie !
Puisque tous les deux, nous étions amis de séminaire, puis amis de navigation au grès des étés avec Sillages, nos camps « Voiles et prières » ; puisque je t’ai succédé comme vicaire à Houilles et Carrières, il me revient de présider cette célébration et conduire nos prières vers le Seigneur.
Ces dernières heures…
– Les mots des amis de Sillages et de Houilles m’arrivaient : « François nous aura tellement stimulés sur le chemin de la foi ! », « Quelle qualité d’amitié ! », « son ministère de prêtre aura été fécond et stimulant pour nos familles : il nous a marié, a baptisé nos enfants »… Alors merci Seigneur pour François !
– Les mots du Psaume 34 me revenaient aussi « Poursuis la paix, recherche la ! » Seigneur ressuscité, c’est la grâce de cette paix que je te demande pour que nous puissions vivre cette heure…
Devant ce mystère qui nous échappe chez notre frère François, mystère d’un homme, d’un parcours, d’une décision, d’un chemin intérieur, laissons un autre mystère prendre maintenant toute la place.
Un mystère qui a touché profondément François dès sa jeunesse et nous est donné aujourd’hui : mystère de l’amour du Christ, amour infini et miséricordieux…
Christ, dans nos nuits, ta douce lumière, celle signifiée par ce cierge pascal, nous donne le désir d’avancer dans la foi…
P. Étienne Guillet