Quand vient l’envie, l’appel de l’oraison, je me retire de l’agitation du monde – j’ai la chance d’en vivre assez loin de toute façon – et je mets mon téléphone portable en mode silencieux.
Douceur de cet instant où l’on sait que rien ne pourra venir perturber le cœur à cœur avec le Seigneur, tout au plus un chat quémandant un peu de présence tendre…
Je mets le téléphone en mode silencieux, sourde aux bavardages superflus à ce moment-là, aux textos, aux messages qui ont tendance à fuser toute la journée, leurs notifications me sortant du silence dont j’aime m’entourer, et m’encourageant à la distraction. Je ne renie aucunement ce lien social qui m’est précieux, moi qui vis seule et loin de presque toute ma famille, mais quand le Seigneur appelle, quand il est là, à portée d’écoute et d’amour dans la prière, il passe avant toute chose.
Sourde aux sollicitations du monde, je me fais demande et écoute pour me fondre en Lui, contre son cœur aimant.
“Il m’appelle, et moi, je lui réponds” (Psaume 90 ,15), oui, ce verset peut se comprendre dans les deux sens. Il m’appelle, et moi je lui réponds. Je l’appelle, et Lui il me répond. Doux dialogue, tout intérieur, feutré, dans l’immédiate compréhension de la pensée de l’autre, de l’Autre… Tendre échange comme il n’en existe aucun entre deux créatures, car la barrière de l’incompréhension réciproque est abolie, les mots arrivent au cœur presque avant d’avoir été formulés.
Et si, pour ce temps précieux d’oraison, je mets mon téléphone en mode silencieux, ce n’est pas pour exclure le monde de ma prière. Bien au contraire, ils sont tous là, dans mes intercessions, ceux que j’aime, et ceux que je connais à peine, et ceux que je ne connais pas. Ceux qui me font du bien, et ceux qui m’ont fait du mal. Ceux à qui j’ai tenté de faire du bien, et ceux contre lesquels je pèche par omission. Ils sont tous là, et du cocon de ma prière intime jaillissent soudain, dans cet échange incomparable, les dimensions infinies du monde et même de l’univers.